C'est en traversant les plaines de Beauce jusqu'aux terres rouges d'Andalousie que j'ai entraperçu le grand désert d'Europe, quand ma mémoire me lançait les souvenirs cruels d'une nature éradiquée en seulement cinquante ans. C'était le printemps et le faucon n'était plus qu'une virgule suspendue dans un ciel irrespirable, les taureaux se croyaient encore invincibles avait d'être crucifiés sur la place publique. Je pleurais toutes les rivières éconduites de France et d'Espagne comme autant d’égouts et tous les marais asséchés pour en faire des autoroutes et les pistes de nos aéroports. Heureusement et malheureusement, aucune trace de vie sauvage sous nos phares et sous nos roues, en ce printemps 2016. La Monsanto Company, sous l'égide du Tafta d'Angela Merkel et de Barack Obama, avait encore une fois gagné le droit de nous asperger de pesticides au nom de la sainte agriculture mondialisée et les terres stérilisées pour au moins trois cents ans par les dernières retombées radioactives de Russie et du Japon annonçaient la fin horrible des espèces originelles, remplacées par des inventions génétiques improbables.
Internet et la TV ouvraient leurs mondes intérieurs comme autant de cercueils et je délaissai ces tristes paysages pour le petit écran : on fêtait ce jour là les 400 ans depuis le décès de Cervantès et surtout la naissance de Don Quichotte, le poète-martyr. Je voyais les éoliennes plantées au bord des routes comme les bras des géants d'avant l'industrialisation, qui annonçaient la mort programmée des baleines harponnées du haut des baleiniers, après les derniers dinosaures transpercés de pics comme le dragon de Saint Georges. Oh, comme j'avais honte pour moi et pour ma « civilisation » assassine ! Non, aucune noblesse autre que celle de la bête quand le taureau s'agenouille devant son bourreau, aucune vertu recommandable devant les ailerons arrachés des requins dans le bouillonnement ensanglanté de la mer de Chine.
Pourtant, tout était prêt pour la beauté du monde à venir, le mécanisme parfait du vivant œuvrait quand les dauphins bondissaient en cabrioles pour s'extraire des océans et les raies manta de plus d'une tonne apprenaient à voler en battant des ailes par dessus les eaux : c'étaient eux nos dignes successeurs mais nous les exterminions pour les manger. Par quel mécanisme, par quel défaut de notre entendement ? La pensée humaine est misérablement défaillante. Don Quichotte n'était-il pas un lanceur d'alerte dans ce monde « inanimal », jeté à terre et battu comme plâtre par les rustres et les sots, le vulgaire et la ventraille ?
Qui je rêve d'être ? Et surtout, pour quel monde à venir ? Mais attention, je prédis que l'homme « hors sol », le cowboy de l'espace, ne durera pas. Hélas, la Terre mettra autant de millions d'années à se remettre de nous que de temps passé à accoucher de notre espèce. C'est la loi de la nature, qui n'a rien à voir avec l'eugénisme et ses officines savantes.
Internet et la TV ouvraient leurs mondes intérieurs comme autant de cercueils et je délaissai ces tristes paysages pour le petit écran : on fêtait ce jour là les 400 ans depuis le décès de Cervantès et surtout la naissance de Don Quichotte, le poète-martyr. Je voyais les éoliennes plantées au bord des routes comme les bras des géants d'avant l'industrialisation, qui annonçaient la mort programmée des baleines harponnées du haut des baleiniers, après les derniers dinosaures transpercés de pics comme le dragon de Saint Georges. Oh, comme j'avais honte pour moi et pour ma « civilisation » assassine ! Non, aucune noblesse autre que celle de la bête quand le taureau s'agenouille devant son bourreau, aucune vertu recommandable devant les ailerons arrachés des requins dans le bouillonnement ensanglanté de la mer de Chine.
Pourtant, tout était prêt pour la beauté du monde à venir, le mécanisme parfait du vivant œuvrait quand les dauphins bondissaient en cabrioles pour s'extraire des océans et les raies manta de plus d'une tonne apprenaient à voler en battant des ailes par dessus les eaux : c'étaient eux nos dignes successeurs mais nous les exterminions pour les manger. Par quel mécanisme, par quel défaut de notre entendement ? La pensée humaine est misérablement défaillante. Don Quichotte n'était-il pas un lanceur d'alerte dans ce monde « inanimal », jeté à terre et battu comme plâtre par les rustres et les sots, le vulgaire et la ventraille ?
Qui je rêve d'être ? Et surtout, pour quel monde à venir ? Mais attention, je prédis que l'homme « hors sol », le cowboy de l'espace, ne durera pas. Hélas, la Terre mettra autant de millions d'années à se remettre de nous que de temps passé à accoucher de notre espèce. C'est la loi de la nature, qui n'a rien à voir avec l'eugénisme et ses officines savantes.