C'est un pavé de 672 pages qui vient d'atterrir sur la table, intitulé insidieusement : « Un président ne devrait pas dire ça... ». Ah, mais quelle scandale aurait encore commis François Hollande ? Même les journaux russes, au service de Poutine, l'on conspué outrageusement suite à cette lecture médiocre. Non, je n'ai pas lu ce bouquin bien sûr, mais quelle bande de cons ces journalistes : n'ont-ils vraiment rien compris à notre François national ?
Voyons, comment Hollande, un homme si fin pour être parvenu au poste de Président de la République française sans coup férir contre le patibulaire Sarkozy, a-t-il pu autoriser les « Dupond et Dupont du journalisme » à retranscrire ses propos et le mettre ainsi en si mauvaise posture en seulement quelques phrases sibyllines à propos de tout et de rien, « la lâcheté des juges » et les « sans-dents » ? Il y a eu des mots bien plus forts dernièrement comme d'accuser Poutine de « crime de guerre ». Vous me direz : Poutine s'en tape ! Comme quoi un grand chef d'état doit savoir prendre de la distance.
Et je me demande encore comment ces prétendus journalistes d'investigation, qui n'ont jamais fait que « leur travail » (assurent-ils bêtement), ont-ils pu extraire et sortir de leur contexte autant de bouts de phrases prononcées innocemment par le Premier sieur de France, en toute intimité devant un verre de vin ? Ou bien ont-ils confondu François Hollande avec Luc Ferry et Michel Onfray ? Après, ils accouchent de cette grosse compilation des « meilleurs moments », sans relecture aucune de l'auteur lui-même, au débotté... Non, plus couillons que ces Dupont et Dupond, tu meurs. Sont-ils payés à la ligne, quoi ? Mais 250 pages n'auraient-elles pas suffi pour cet exercice ? Ou alors, est-ce François Hollande l'incompétent ? C'est ce que crie la Droite, et même la Gauche, sans parler des extrémistes. On voudrait étouffer le poussin dans l’œuf... Viendra ou viendra pas se représenter aux élections de 2017 ?
F. Hollande garde le sourire et conseil tout simplement de lire le livre à fond, plus que dans la forme : il y aurait un message caché dans la grande tradition du panégyrique. Car le vrai problème pour ces deux journalistes aura été de dresser un inventaire globalement positif sur ce quinquennat sans se monter « favorables » au Président en fonction. En ces temps de haine affichée, pleins de sombres héros, n'apprécie-t-on pas les personnages épouvantables de « Game of Thrones »? Et « Merci pour ce moment » de Valérie Trierweiler, paru un 4 septembre 2014 mais déjà oublié, fut un hommage en somme.
Mieux, derrière cette insouciance toute présidentielle, je sens un esprit libre qui s'affiche et qui nous confirme en arrivant au terme de son petit quinquennat :
- Je marche à l'ordinaire, hein hein, je ne suis pas un arriviste comme vous le savez. Sinon, pourquoi j'aurai pris la pluie sur le caillou dès les premiers jours de mon mandat ? Je suis le petit notaire et l'apothicaire de la république Françoise. Non, rien de grand ni de précieux, rien de trafiqué. Ça vous change du grand Charles et du petit Sarkozy, non ? Pour la grande littérature, c'est pas demain que Valoche ou Carla Bruni recevront le prix Nobel... Moi, je suis un défit aux journalistes, hein hein... Moi, je teste au quotidien leur connerie... celle proportionnelle à mon impopularité. Tiens, en ce moment, elle est à son apogée, on ira pas plus haut. Voulez vous plus de détails pour en faire un recueil ?:
- Ma connerie, hum ? Que dis-je, c'est un cap ? C'est une péninsule ! Mais je ne permets pas qu'un autre me la serve... Hein ? Oui, je crois que j'ai réinventé la tirade de Cyrano... Bon, t'as tout pris en sténo, Dupond ? Non, t'as pas besoin... T'as installé trois magnétos sur la table pour si le deuxième tombe en panne... (Ouais, j'ai choisi deux grands journalistes et moi je me sens l'intrépidité d'un ethnographe, comme un BHL dans la jungle de Calais ou un Jean Malaurie chez les Inuits... Ils m'étudient et moi j'étudie les journalistes avec leur air un peu con... Et puis ces deux là me sortent de ma fonction, pour une soirée entre copains parce que je les fais bien marrer, alors je ne vais pas bouder mon plaisir, non ? Hein hein... Oui, je sais, je fais le même effet sur les femmes ).
C'est que F. Hollande est à la phrasounette in pipetto des fins de soirées ce qu'est son ami Fabrice Luchini à la littérature classique : un vieux garçon coiffeur qui vous épile la culotte en vous mettant un doigt dedans par erreur et qui vous refait une teinture présidentielle en dégoisant amoureusement à votre oreille ! Oui, ils y vont tous les deux franco de porc, pas comme ce faux sphinx de Mitterrand.
Hollande :
- Qu'est-ce donc qu'on me reproche ? Je préfère recevoir des journalistes plutôt que de passer mes soirées à faire des petits collages à la con sur 1200 lettres d'amour, excusez moi...
En François Hollande, (« Mon François » comme disait la Baronne Roxane de saint Gely à Vidocq et pas « Mon Raymond » par Carla Bruni), vous trouverez un naturel ineffable, celui des siècles révolus quand on assistait au lever et au coucher du Roi ainsi qu'à son caca royal, pour s'informer de la bonne marche de l’État entre deux prouts. Aujourd'hui, des journalistes photographieraient volontiers ses hémorroïdes royales pour nous prouver que ce président est inadapté à sa fonction. Mieux encore, ces journaleux ont appris à lire dans les matières fécales comme dans le marc de café.
- il suffit de se lâcher un peu... Hein hein ! Sans forcer et voilà... T'as mis mon pétrus sur la pellicule, Dupont ? Ah, c'est du numérique... Ouaip, il est tout boutonneux mon pétrus mais l'étron d'un kilo à côté, surtout vous évitez de le montrer, c'est pas classe... Bon, d'accord, vous faites comme vous voulez : c'est vous les journalistes ! Mais au cas ou vous ne le sauriez pas encore les amis, je suis un homme ordinaire. J'aime déconner et je suis aussi un fin observateur... Vous ne me croyez pas ? Relisez mes textos avec Valoche en 160 caractères... Ah, la salope, comment a-t-elle fait pour écrire tout un livre après que je l'ai ramonée pendant deux heures tous les soirs jusqu'à épuisement, y compris la veille des présidentielles de 2012 ? Tiens, j'ai un autre scoop pour toi, dupon...T ou D ? J'ai l'intention de jouer dans le prochain « Camping Paradise » avec mon pote Brice de Nice... si je ne suis pas réélu, ça va de soi !
Allez, ils ont tout avalé au premier degré pour nous pondre une compilation de 670 pages... Oui, et aussi tous les journaleux du Figaro et de France Info, du Nouvel Obs ou de Valeurs actuelles, du Monde comme de l'Immonde... Et ce pauvre Yann Moix à l'intellectuel rétréci qui s'alarme inopportunément d'un mauvais mot avec d'autres branleurs de subjonctif... Et pour finir, tous ces malfrats de la « nouvelle extrême-droite » : de Sarkozy à Juppé, ces crapules qui se voient toutes bientôt « président de la République en 2017 » pour venir presser à loisir mais « sur ordonnance » le peuple de France, tout en protégeant les bourgeois de l'évasion fiscale, leurs banquiers véreux, les patrons du CAC40 ou de Wall Street avec leurs placements juteux et tous les actionnaires derrière, tous ces financiers grassement rémunérés sur les économies des petits épargnants, tous ces profits au dépend d'ouvriers smicards mais condamnés à 45 heures de travail jusqu'à l'âge de 65 ans et plus, contre les fonctionnaires accablés de reproches avant de se faire déposer, les artisans sans avenir sommés de fermer boutique, les petits paysans suicidaires, les chômeurs au RSA incertain, les retraités et les veufs dans la misère.
Hollande est un bon à rien, Juppé va nous sauver ! Vive les multinationales, la finance et le grand patronat, vive surtout l'optimisation ou la délocalisation, et protégeons les 1 % de Français soumis injustement à l'ISF ! Hélas, tous ceux-là ne vont jamais sauver la France du chômage ni réduire sa dette mais ils afficheront allègrement des profits insolents comptabilisés dans des îles lointaines : vous êtes formidables et moi je suis fort minable... Alors, merci en passant à Apple, Google, Amazon, Mac Do, Uber et Walt Disney, BASF et Ikéa en Europe etc. et à leurs PDG qui nous prennent tous pour des « pauv' cons de Français ».
Hollande :
- Et que dire de mes Dupons, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, ces couillons de la lune ? J'avoue que je m'y attendais un peu, vu le niveau... Ils sont au journalisme ce que sont Ribéry et Benzema au foot, des vedettes internationales certes, très forts pour taper dans le ballon mais nous les avons peut-être un peu surestimés intellectuellement, hein hein.... Faudrait qu'ils se musclent le cerveau... Mais chut, n'allez pas citer cette phrase hors de son contexte !
Oui mais trop tard, mon François. En comparaison, Karine Le Marchand eût été bien plus finaude pour révéler par transparence vos rouages intérieurs pendant les longues soirées d'hiver, devant un bol de soupe avant de faire chabrot ensemble, et surtout votre « fabrique de bons mots » :
- Alors François, c'est comme ça que vous emballez la grosse à la sortie du conseil des ministres ? Comme un vulgaire garçon de ferme à la sortie des étables : une petite tape sur les fesses et hop, en voiture Simone !
- Oui, c'est une façon de voir charmante autant que vous, hein hein... Je suis un homme du peuple.