samedi 23 février 2019

Notre président se réinvente: «Macron l'ouvre... à la ferme!», dans le blogiblag du 24/02/2019 (LJ ©2019).

Ah, quoi de plus jouissif qu'un beau penseur, capable des meilleures synthèses... Bien sûr, je ne parle pas de Michel Onfray, le faux-losophe français le plus lu au monde avec son interprétation libre de la philosophie en cent ouvrages... mais pas une idée nouvelle!

Non, notre président Macron est pour moi d'un autre calibre! Bon, tout avait mal commencé: 2017, «anus horribilis» comme dirait Onfray. C'est vrai qu'Emmanuel Macron-de-Rothschild a commencé comme un bon banquier à taxer les petits travailleurs, les retraités, à réduire les intérêts de leurs livrets d'épargne sous la barre de l'inflation et à dégrever la fortune des ultra-riches. Même que les Gafas seront imposées au strict minimum, si jamais elles le sont un peu en France: une fiscalité forfaitaire de quelques millions rachète des dettes passées de plusieurs milliards d'euros d'évasion fiscale! Merci Bercy. Leurs profits réalisés seront bien plus taxés chez l'Oncle Sam (soit le père Trump ou un autre à venir) suivant la «théorie du ruissellement des gros profits» depuis les petits pays victimes de cette optimisation-délocalisation confiscatoire vers les grands pays opportunistes qui font la loi.

Bien sûr, qu'Emmanuel soit affilié à une famille de banquiers célèbres n'induit aucun racisme nauséabond dans mon esprit. Dans sa jeunesse, il fut un élève brillant avec «tout bien en place dans sa tête» selon sa professeure qui a dégagé onctueusement ce diamant de sa gangue avant de le polir sous toutes les facettes. Parfaitement dégauchi, il ne pouvait que séduire les Rothschild! Et maintenant, 2019 se présente pour lui sous les meilleures hospices, sous réserve de l'apaisement du mouvement violent et xénophobe-raciste-nazi des vilains «Gilets jaunes» associés. Faut dire pour sa défense que Macron n'a jamais fait partie du club des méchants. Et en se posant une kippa sur la tête le temps de se recueillir sur une tombe vandalisée, il a montré clairement son camps.

Après la guerre, les grandes puissances et tous les requins ont pris le pouvoir en se partageant le monde et plus précisément pendant la conférence de Yalta organisée entre la Russie (plus de dix millions de combattants morts face aux nazis) et les Anglo-saxons. Malgré tout, Charles de Gaulle a su tirer sa carte du jeu pour le meilleur et pour le pire: naissance des lobbys nationaux du nucléaire, de la pétrochimie et de l'agrochimie, industrialisation forcenée (avec par exemple des millions de victimes sur les routes en 70 ans au nom de l'industrie automobile et les rejets toxiques des hauts fourneaux qui empoisonnent l'atmosphère), destruction des campagnes et remembrement au service des grands céréaliers, constructions envahissantes et bétonisation, épuisement des sols etc. In fine, 200 essais nucléaires viendront couronner le pouvoir de destruction et de contamination* de la France! Après, même pendant le passage du nuage radioactif de Tchernobyl en 1986 sous la présidence de Jacques Chirac (avec Sarkozy délégué interministériel pour le nucléaire), le lobby international du nucléaire va museler facilement les gouvernements des pays arrosés, les politiciens, les scientifiques et la presse en général: «Dormez bonnes gens! Tout va bien» comme disaient les veilleurs de nuit jadis. Quoi? La conspiration mondialiste a de très bons côtés quand, d'abord, elle est rassurante.

Hélas... En 2019,
les pesticides et les ondes électromagnétiques additionnés à la radioactivité résiduelle et à la contamination du vivant après Tchernobyl et Fukushima sont déjà responsables en 30 ans de la disparition de 80% des espèces sauvages, et d'abord les insectes et les oiseaux. Ce qui signifie qu'en 2050, 30 ans plus tard, 95% de la biodiversité  auront disparu définitivement et que les 5% restant seront les espèces nuisibles qu'il faudra éradiquer avec des pesticides encore plus puissants. Aujourd'hui, les paysans qui ont déclaré la guerre à la nature léguée par leurs parents, moins ceux qui se suicident quotidiennement, commencent à stériliser les sols avec des courants haute tension pour brûler les adventices et la biomasse autour avec l'espoir d'assurer les meilleurs rendements et de rembourser leurs emprunts faramineux. Mauvais calcul! La terre qui restera deviendra de la poussière et de la brique qui n'absorbera plus l'eau, comme sur la lune, sur Mars et dans les plaines de Beauce, s'érodant rapidement et composant avec la pluie et les vents des dunes, des nuages de poussière à l'égal des déserts et des torrents de boue. Tout semble écrit! Amen.

Mais hier, notre président «innocent comme l'agneau entre ses bras» est venu rectifier le tir s'il est possible, et son «discours d'admission au salon de l'agriculture» fut tout simplement remarquable: si Jacques Chirac venait tâter le cul des vaches et saucissonner d'un air débonnaire, Emmanuel Macron en a fait un exercice digne des hautes écoles. Ses proches ont beau dire qu'il vend du rêve, c'est magnifique et l'Europe toute entière devrait s'enorgueillir d'un esprit libre de cette envergure. Dans son discours, tout est dit: par exemple, la France veut devenir «le premier pays exportateur de vins sans glyphosate au monde» quand «pour la filière, il faut voir là une opportunité d'évoluer»! Mieux encore, le nouveau ministre de l'agriculture Didier Guillaume précisera un peu plus tard en aparté de lapin: il ne s'agit pas de remplacer une molécule dangereuse par une autre mais bien d'agréer des pratiques saines et pérennes. Cependant, on continuera de glyphoser dans au moins 15 % des cas, par exemple les vignes en terrasses et les légumes, sans parler des voies de chemins de fer, des aéroports et des bas-côtés qui échappent bien sûr au domaine de l'agriculture.

Le glyphosate est donc devenu un des marqueurs de la présidence Macron, en même temps que l'indépendance de notre agriculture chère au Général de Gaulle. Au bout de ce projet: l'excellence à la française hors d'atteinte des rouleaux compresseurs, des tribunaux et des droits de douane américains. Mais tout de suite, les journalistes et analystes se sont empressés de rabaisser ses prétentions: allons, l'ancien président Hollande annonçait réduire le chômage significativement et on voit où ça l'a mené, droit dans le mur! Alors, interdire le glyphosate c'est tout ou rien et plutôt rien... Non, surtout ne changeons rien, susurrent-ils, et laissons crever notre agriculture d'épuisement, roulée dans la souillure. Renonçons comme les Anglais avant nous: les journalistes sont très copains avec les lobbys pro-américains, pro-russes, pro-chinois, pro-brésiliens! Le gigantisme est-il la solution pour nourrir 10 milliards d'êtres humains? Non, répond Macron, soyons déjà autosuffisants et enseignons à l'Afrique à faire de même... Bien sûr, on veut décourager notre bon président en si bonne voie d'émancipation, avec une poignée de chausse-trapes. Et les lobbys avancent masqués: notre ministre Didier Guillaume prétend que les lobbys dénoncés par Nicolas Hulot n'existent pas au sein de ce gouvernement ni même en marge ou sinon toute organisation est un lobby, le gouvernement est donc lui-même un lobby ainsi que toutes les associations de défense des consommateurs, y compris les cabinets d'avocats et même Éric Dupond-Moretti à lui tout seul est un lobby. Moi-même suis-je un lobbyiste qui écrit des articles? Stricto sensu non car j'agis suivant ma seule initiative et sans intéressement aucun si ce n'est de servir l'intérêt général...

Face à la révolte des «Gilets jaunes», les grands esprits institutionnels, universitaires et chercheurs deviennent d'un coup beaucoup plus diserts: comme dans diverses tribunes du Figaro de ce jour, les uns nous expliquent que la seule réponse possible au malaise social consiste à réindustrialiser d'urgence la France; les autres affirment que si cette dernière révolte populaire n'aboutit pas à l'essor de l'Intelligence Artificielle, elle aura échoué lamentablement. Mais il me semble que derrière ces prises de position il y a les intérêts des grandes puissances envahissantes, des industriels et des milliardaires comme Trump, Carlos Ghosn, Steve Jobs, Elon Musk et tous ceux pour qui la sauvegarde de la planète est le cadet de leurs soucis, au nom du pragmatisme défendu conjointement en France par une multitude d'intellectuels climatosceptiques de petite vertu: les habituels Onfray, Finkielkraut, Enthoven, Ferry mais aussi Zhumour et Nullos, Moix, Consigny etc., y compris l'allègre "monsieur météo" Laurent Cabrol. Voilà le niveau! Comme disait Nicolas Sarkozy, présent au Salon de l'Agriculture en 2010: «ben les questions d'environnement... là aussi, ça commence à bien faire!». Depuis lui, on a vu toutes les velléités de défendre la planète échouer, quand le «sens pratique» faisait dire à Sarkozy: «...parce que si ça continue, on aura plus d'élevages de porcs! (sic)». Mais en quoi la bientraitance animale serait un obstacle à l'élevage? Et pourquoi désolidariser les hommes de la nature? Sur quel vaisseau spatiale, sur quelle planète alternative, avec quels ordinateurs et quels robots pour remplacer les proches et les animaux familiers, sous quelle «dictature IA», sous quel machinisme ultime?

Contre tous ces professeurs d'économie mortifère, de philosophie décadente et de bon sens aveugle ont défilé ce week-end à Paris la formidable Greta Thunberg et quelques centaines (seulement) de lycéens autour, suivis de près par Yannick Jadot et Anne Hidalgo... en espérant qu'ils soient chaque fois un peu plus nombreux à venir résister au «réalisme ambiant anti-écologique parisien» issu du jacobinisme économique, quand nos villes ne sont plus que des tumeurs malignes. Alors, je vous le dis sans ambages, merde in France!

*Le tir de la bombe H fut le plus puissant des essais nucléaires français enregistrés de 1960 à 1996 entre le Sahara algérien et la Polynésie française, sans qu'on sache au total des tirs le nombre de victimes indirectes à cause des retombées radioactives. Heureusement pour nos finances publiques, beaucoup de ces victimes sont mortes qui ne prétendront jamais plus à une indemnisation mais combien de victimes en France de tous âges sont atteintes à la thyroïde et d'autres cancers suite aux catastrophes nucléaires qui s'enchaînent sans arrêt?