Françaises, Français,
Mes chers compatriotes,
Depuis quelques jours, le monde a basculé dans une nouvelle ère. Le 27 juillet dernier, Donald Trump a imposé à l’Europe un accord dont le seul but était de renflouer une dette américaine devenue vertigineuse — plus de trente trillions de dollars. Le 15 août, il a offert à Vladimir Poutine, malgré une Russie exsangue et détruite par son propre effort de guerre, une victoire anticipée, la levée de toutes les sanctions et les moyens d’un enrichissement rapide par des fonds d'investissement communs dans les secteurs clés. Deux "accords" successifs. Deux capitulations de l’Europe. Une double soumission : à l’Amérique d’abord, à la Russie ensuite.
Ne nous y trompons pas : ces accords ne sont pas des compromis, ce sont pour nous des ordres de transferts. Transferts de nos richesses pour sauver une Amérique qui s’effondre sous ses dettes. Transferts de nos libertés pour permettre à une Russie de reconstituer son arsenal militaire épuisé au mépris des millions de vies qu’elle a déjà sacrifiées. Transferts de notre souveraineté, enfin, car l’Europe et l’Ukraine ont été volontairement exclues de ces dernières discussions.
Dans un monde où les équilibres se redessinent, cette manœuvre n’est pas un accident. Elle s’inscrit dans une logique globale. L’Amérique de Trump cherche à transformer ses faiblesses en force en utilisant l’Europe comme tremplin pour s'enrichir facilement et affirmer sa domination. La Russie de Poutine, quant à elle, camoufle ses ruines derrière le spectacle d’une « grandeur retrouvée instantanément » avec l'accueil chaleureux de Vladimir Poutine par Donald Trump sur le sol des États-Unis d'Amérique, en Alaska, le 15 août 2025. Mais derrière ces illusions, il n’y a qu’une seule réalité : deux puissances défaillantes qui s’associent pour transformer notre Europe communautaire en vassal économique et militaire.
Regardons la vérité en face. La Russie aujourd’hui, c’est un million de morts et de blessés; des territoires conquis au prix de la destruction systématique sous les bombes, jour après jour, de l'Ukraine pendant bientôt quatre ans, sans un seul jour de relâche; une économie réduite à l’effort de guerre; une société entière asservie à la violence et au mépris. Et pourtant, voilà que son régime obtient soudain, par la grâce d’un prétendu accord américain, les moyens de se reconstituer complètement. L’Amérique de Trump, elle, se sauve de ses propres dettes en transformant l’Europe en tiroir-caisse de secours. Ce n’est pas une alliance. C’est un cambriolage.
Et ce piège n’est pas seulement militaire. Il est aussi technologique, financier, climatique. Car, que nous imposent ces accords successifs surgis du néant ? Qu’il faut abandonner toute régulation environnementale. Qu’il faut relancer le pétrole, le gaz, le plastique, au détriment de notre environnement. Qu’il faut renoncer à une politique numérique souveraine pour dépendre des plateformes américaines. Qu'il faut transférer nos industries aux États-Unis qui commerceront en grand avec la Russie pour s'approvisionner de ses richesses minières inépuisables.
Ce que nous voyons ici, c’est une tentative d’organiser une économie mondiale de la domination par la prédation, une économie qui refuse notre avenir européen pour prolonger l’illusion de deux super-puissances défaillantes, une économie qui passe par la manipulation de la conscience des peuples.
L'enfer commence par la soumission. Payer des rançons entre états et céder nos territoires est inadmissible pour l'Ukraine comme pour la France, et surtout c'est contraire à notre histoire, à notre constitution et aux lois du commerce international.
Le philosophe Paul Valéry écrivait déjà il y a un siècle que « nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles ». Ce qui s’est joué le 27 juillet et le 15 août, ce n’est pas la paix. C’est un marché de dupes : la survie de deux régimes, payée par l’effacement de l’Europe. Et ce marché, nous le refusons. Ce qui se joue aujourd’hui, c’est la mort annoncée de la civilisation européenne d'origine grecque et latine. Allons-nous devenir les comptables dociles de la dette américaine ? Allons-nous financer, malgré nous, la reconstitution accélérée de l’appareil militaire russe ? Allons-nous regarder, impuissants, l’Ukraine sacrifiée disparaître dans un silence qui couvrirait notre propre abdication ?
Aujourd’hui, je vous le dis : notre mémoire historique nous oblige à voir lucidement ce que nous sommes devenus — une Europe trop souvent spectatrice. Mais notre promesse est d’être autre chose. D’être une puissance capable de se protéger, d’investir dans l’intelligence artificielle, dans les énergies propres, dans une France naturelle et vivante, dans l’économie de demain et de le faire non pas sous la tutelle méprisante d’autres puissances, mais par nous-mêmes.
J’entends déjà les sceptiques dire que c’est impossible. Mais l’Europe n’est pas née de la facilité : elle est née du courage. Ce qui se joue aujourd’hui, c’est notre souveraineté, notre liberté, notre capacité à décider par nous-mêmes de notre destin.
Nous ne devons pas céder à la peur. Nous devons, au contraire, retrouver l’esprit de ceux qui ont toujours su défendre la culture, la pensée, la création, ce qui fait l’Europe. Albert Camus écrivait que « la vraie générosité envers l’avenir consiste à tout donner au présent ». Alors donnons tout aujourd’hui : pour l’Ukraine, pour l’Europe, pour notre avenir commun.
C’est pourquoi je vous le dis avec gravité : nous ne pouvons pas accepter cette capitulation organisée. Nous ne pouvons pas accepter que l’Ukraine soit sacrifiée. Nous ne pouvons pas accepter que l’Europe devienne la variable d’ajustement des dettes américaines et de l’effort de guerre russe.
Françaises, Français, il existe une autre voie. Elle n’est pas facile, mais elle est nécessaire. L’'Ukraine est devenue la première ligne de défense du monde libre. Et l’Europe doit donc protéger l’Ukraine, non par des discours creux mais par des actes.
Cela signifie être prêts, si nécessaire, à entrer en Ukraine avec ou sans l'OTAN, à la défendre comme notre maison commune, l'Ukraine avec ses hommes si courageux, son territoire et son ciel.
Cela signifie, en même temps, bâtir une économie de souveraineté — dans l’énergie, dans le numérique, dans la défense.
Cela signifie assumer que l’avenir du monde se joue dans l’équilibre entre les nations, et non dans leur soumission.
Cela signifie enfin de refuser que l’avenir de notre continent soit décidé par deux mégalomanes associés, au mépris de notre dignité collective.
Mes chers compatriotes,
L’Histoire nous regarde. Elle ne nous demande pas d’être parfaits. Elle nous demande d’être courageux. De refuser l’abdication. D’assumer que l’Europe soit à la hauteur de ce qu’elle prétend être : une puissance économique et philosophique car notre cher et beau pays, la France, doit demeurer une force de liberté et d'inspiration.
Je vous le dis ce soir avec gravité et avec espoir : nous avons encore le choix. Le choix de ne pas subir. Le choix d’agir. Le choix de rester libres. Il est encore temps de relever la tête.
Aucun despote ne peut s'arroger le droit de nous "offrir" sa paix au prix de l'humiliation, de la coercition, de l'invasion et du mensonge. Cette paix là s'appelle dictature.
Contre cela, une seule voie s’ouvre à nous : l’Europe doit prendre ses responsabilités. Cela signifie être prêts à protéger l’Ukraine, à sanctuariser son espace aérien, à sécuriser ses frontières.
C'est la raison pour laquelle nous avons créé la "Coalition des Volontaires": pour prendre toutes nos responsabilités, à tous les niveaux, le moment venu.
Je ne vous propose pas d'entrer en guerre mais de protéger tous vos acquis qui sont : la Liberté, l'Égalité, la Fraternité et la Justice.
C'est la raison pour laquelle je vous demanderai, en même temps, de rester unis au moment de prendre ensemble, au nom de la Nation, toutes nos responsabilités.
Vive la République.
Vive l’Europe.
Vive la France.
LJ©2025 Attention, ceci est une proposition d'allocution présidentielle adressée à M. Macron.