vendredi 26 septembre 2014

Billet d'humour : « Extension de la lutte des classes à la cause animale », l'actu revisitée dans le blogiblag du 27/09/2014 (LJ ©2014)


Lettre ouverte à Brigitte Bardot : « Extension de la lutte des classes à la cause animale » :
Ma très chère B. B.,

J'ai eu de tes nouvelles par les médias : j'apprends que tu gardes bon pied, bon œil et je m'en réjouis.

Bien sûr, je n'oublie pas les bébés phoques que tu as sauvés, ni les chiens abandonnés, ni les chevaux blessés qui parfois ont échappé à l'abattoir, et puis les vaches épuisées transformées en biftecks, les rares éléphants malades en France abattus par précaution pour ne pas contaminer le cheptel voisin, sans parler des bouquetins, l'élevage ignoble des volailles en batteries et tous les élevages intensifs en général, jusqu'au lisier qui se déverse dans nos ruisseaux croupis,
se dilue lors des marées et se fixe dans le sable pour tapisser nos plages d'algues vertes etc. Tout ça fait le déshonneur de notre agriculture productiviste, et je plains les centaines d'animaux sacrifiés chaque seconde sur l'hôtel de notre appétit... Bernard Kouchner vous expliquera que c'est un moindre mal, quand 800 millions d'humains se meurent de faim sur la Terre ! Oui, l'horrible, c'est ailleurs, et seulement à quelques heures d'avion. Alors, pourquoi se remettre en question à propos de cette méga-boucherie intercontinentale ?

À ma naissance en 1959, Brigitte, tu étais déjà la plus belle, la plus désirable. Et tes fesses ? Non, il n'y avait rien de sulfureux à cet endroit, à part un peu de méthane pour entretenir la flamme du désir. Aujourd'hui, beaucoup de gamines jouent les starlettes avec les cuisses à l'air, les fesses moulées et les cheveux au vent. Alors merci pour ce charmant spectacle qui nous est encore offert 50 ans après « Et Dieu... créa la femme ». Mais, ainsi dénudées, comment supporter la comparaison avec toi ? C'est un peu comme si les femmes devaient lever la jambe à la barre des écoles de danse  pour mieux te ressembler et présenter aux hommes ce corps fantasmé.

Plus tard, quand tu entama la lutte au nom des animaux, je t'ai pardonné l'abandon de ton fils, parce que là, sur la banquise avec ton bébé phoque dans les bras, ta photo entre celle de Marilyn Monroe faisant gonfler ses jupes sur une grille d'aération et Dian Fossey perdue dans les brumes du Rwanda avec ses bébés gorilles, tu avais toute ta place.

Mais aujourd'hui, je n'en suis plus si sûr. Car à l'âge de 80 ans, hélas, tu n'es plus que l'ombre de ta jeunesse, même si tes fesses n'ont pas pris une ride. Quand je t'ai vue devant ce journaliste à la mèche blonde pour ta dernière interview, ce bellâtre des plateaux télé, j'ai pensé que tu perdais ton temps à remuer le passé en échange de quelques flatteries.

J'aurais préféré ton retour plus tôt, en 2009 à Copenhague par exemple, telle une « Pasionaria » bottée aux côtés de Hugo Chavez. Là , tu aurais su défendre la cause animale contre les ogres du capitalisme, tant il est odieux de prétendre au progrès humain quand des milliards d'animaux sont sacrifiés chaque jour sur la Terre, tout en niant leur souffrance. Égérie de cette noble cause et grande prêtresse végétarienne, ton slogan aurait pu être : « Étendons la lutte des classes à la protection des animaux ! ».

De nos jours, on pense que la création d'emplois et l'exploitation des richesses justifient la destruction de la planète : on ramène à la surface des sols éventrés, dans les eaux et dans les airs, des métaux lourds, des poisons violents comme l'arsenic, du mercure, du plomb, des éléments radioactifs, du gaz carbonique etc., tout ça pour extraire quelques kilos d'or,
des terres rares, et toujours plus de métaux, de charbon, de gaz ou de pétrole.

Les centaines d'églises et d'hôpitaux en attente de démolition feront place à des logements sociaux, nous dit-on. Les barrages qui doivent inonder les vallées et les forêts serviront de réserves d'eau pour les agriculteurs. Ainsi, plus personne ne peut s'opposer aux plans d'occupation des sols, pas plus qu'au remembrement des années 60, aux autoroutes à péage et aux aéroports.

« Notre équilibre écologique ancestral s’est brisé et nous ne savons pas encore quelle sera la limite de ces destructions irréversibles » », Paul Matagrin / Wikipédia. 

Aujourd'hui, l'ex-président Sarkozy appelle de ses souhaits les foreuses, les pelleteuses géantes et une noria de camions d'outre-atlantique pour extraire le gaz de schiste de nos sous-sols : c' est la preuve de la collusion du politique avec l'affairisme international. Et pour embaucher combien de Français ?

Car, peut-on accroître indéfiniment la consommation d'énergie ? Ne faut-il pas commencer par l'économiser ? Par exemple, la voiture qui consomme un litre aux cent kilomètres reste dans les cartons, d'autant qu'elle ne permettra pas d'engranger plus de taxes. Je me dis qu'à chaque nouvelle voiture électrique vendue devrait correspondre une éolienne et des panneaux solaires dans un jardin, et non pas un puits de pétrole au moyen-orient. De même pour l'habitat qui demeure antique et énergivore.

« Les trente glorieuses » furent les années les plus désastreuses pour la planète, avec un gouffre derrière ce pic inversement bénéfique, de quarante ans et plus. Comme quoi la productivité des usines et l'espoir en l'avenir ne vont pas de pair, l'une anéantissant l'autre pour aboutir aux suicides en masse. Mais pour Nicolas Sarkozy président, Il était tellement plus facile d'incriminer la révolution de Mai 68 : bande de fainéants ! Hollande aboutira à la même conclusion par des chemins différents.

Les pêcheurs avec leurs chalutiers, ceux qui vident les océans de toute vie avec leurs filets, prétendent que les poissons ne souffrent pas et n'ont pas de mémoire. Maintenant, des îles s'étendent sur des tas d'ordures fumants, cernées par des mers d'huile. Les oiseaux mazoutés meurent avec des bouts de plastique plein l'estomac. Mauvaise pêche !

Sur la terre ferme, des exploitations agricoles cultivent de vastes étendues contaminées près d'usines chimiques abandonnées. On bâti des écoles sur des remblais de déchets toxiques et toutes les cultures intensives ruinent les terres en profondeur, bouleversant l'équilibre des biotopes et des micro-climats, propageant l'uniformité désertique.

Quand il faut défendre la nature, les industriels, les patrons et les politiciens à leurs ordres nous contrent immédiatement en chiffrant les pertes d'emplois directs et indirects, et tous les chômeurs à venir par notre faute : l'argument est irrécusable dans cette logique du « toujours plus », la formule consacrée du capitalisme et de l'ultralibéralisme. Jadis, les ateliers des artisans et les fermes faisaient vivre simplement quelques familles autour. Cette économie auto-suffisante était-elle condamnable pour qu'on l'éradique au nom de la " mondialisation " ?


Et quel est ce mensonge du "bio" de récupération, "vrai et familial", par des industries robotisées qui vendent à l'international ? Pour quel geste, pour quel amour du métier ? Pourtant, quand un produit est simple, sain et naturel, durable autant que faire ce peu, il est apprécié partout dans le monde sans autre stratégie.
 
Pire, à l'heure du « Big Data », nous perdons la guerre de l'éducation et du respect du vivant contre les lobbies de l'industrie, de la chimie et de l'alimentation. Celui du divertissement préfère promouvoir le vice : ultra-violence, pouvoir, argent facile et luxe, domination, abus en tous genres dans des mauvais scénarios. La protection de la nature est la moindre de leurs préoccupations.

Alors, Brigitte, oublie ton code d'honneur et descend dans les livres de classe et sur les tablettes informatiques des écoliers pour remettre la France à la pointe de notre combat. Comme Uma Thurman dans « Kill Bill », je t'encourage à sortir de ton cercueil et de tes méditations pour défendre la vie sous toutes ses formes. Je sais bien que chaque tentative d'affronter ces fourbes pourrait écorner davantage ton image de marque, voire briser la Marianne en toi. Oui, Il t'en faudra encore, des couilles !

Ainsi, je t'imagine le temps d'une photo à la Madrague, sans craintes face à la mer et les cheveux au vent, entre Nicolas Hulot, Allain Bougrain-Dubourg, Nicolas Vanier, Maud Fontenoy et tous ceux qui ont à cœur en France et dans le monde la « cause planétaire », mais indépendamment de la politique politicienne et de ses promesses, tant il est urgent de faire le lien entre tous les hommes de bonne volonté. Toute seule tu ne pourrais y arriver. Il faut s'inscrire dans un mouvement plus large. Et comme aimait à le répéter Hugo Chavez dans son meilleur rôle, avant de disparaître : « Nous n'avons qu'une seule planète ! ». 


Jeudi 25 septembre 2014 : Marisol Touraine, ministre de la santé, a présenté son programme national de réduction du tabagisme. On pourrait espérer 10 pour cent de fumeurs en moins et cinq mille vies sauvées. Qui dit mieux ?
Sarkozy, en campagne pour l'UMP, a souhaité ce même jour faire profiter la France du gaz de schiste pour imiter les États-Unis et lutter contre le chômage. Eau et gaz à tous les robinets !
vendredi 26 septembre 2014 : l'église Sainte-Rita, qui reçoit chaque année des animaux à la façon de l'Arche de Noé pour les bénir, doit fermer ses portes définitivement. Pourtant, les animaux étaient présents près du berceau de l'enfant Jésus : qui d'autre s'occupera d'intercéder en leur faveur ? Le chapiteau du cirque Gruss pourrait-il accueillir cet office religieux prochainement ?
Dimanche 28 septembre 2014 : jour anniversaire de Brigitte Bardot, qui fait paraître en librairie: « Mes as de cœur ». À Propos du retour de Sarkozy, elle s'agace :  « Je m'en tamponne le coquillard ! ». Coquillages et crustacés à tous les étages. 

dimanche 21 septembre 2014

Billet d'humour : « Sarko chauffe le pas de tir et Carla se rembrunit », l'actu revisitée dans le blogiblag du 22/09/14 (LJ ©2014)



Fallait-il que Sarko pointe le bout de son nez pour que tout le monde crie au loup et au vautour ? Carla n'appréciait guère de lire les chroniques de « Libé » mais elle détestait particulièrement remonter la rue de Miromesnil à pied. Ce jour là, c'était « pour le sport ». En arrivant à destination, elle balança la feuille de choux irrespectueuse dans la première poubelle venue, histoire de ne pas éveiller quelques susceptibilités dans son camp. Enfin, Carla pénétra dans les bureaux de la rue de Miromesnil, telle une avalanche de printemps au cœur de la Suisse italienne :

_ Nico, tu ne vas pas... Quand même... Président, c'est pas sérieux ?

_ Mais si, Carlita ! En plus, le « Canard enchaîné » me supplie de reprendre du service. Rien que par ma seule présence, je vais sauver une dizaine de journaux de la faillite ! Ils me cirent tous les pompes gratos. Et tu te rends compte de ma responsabilité ? Je n'ai plus le choix... J'espère qu'ils seront reconnaissants !

_ Mais mon Raymond, personne n'est obligé ! Et puis il ne faut pas être rancunier. Quand tu vois tous les malheurs à l’Élysée qui détruisent les couples...

_ Tu veux parler de qui, là ? Le Hollandais volant, Nono le maudit ? Ah, ah, ne me fais pas rire, Carla, j'ai les lèvres gercées. Tu te rends compte, je suis largement plus apprécié que lui sans rien faire. À quoi tiennent les choses ? Faut dire qu'il les a enchaînées, les bourdes, mais ça n'a pas l'air de le déstabiliser... Après deux ans à l’Élysée, il continuait de me rendre responsable de ses échecs ! Il aurait mieux fait de se présenter il y a vingt ans pour un septennat ou peut-être à un poste de diplomate en Papouasie. Mais tout un quinquennat pour dire : « J'ai pas le temps » ?

_ Tu a raison, mon Raymond, c'est dommage mais on ne fait plus confiance au président, et cinq ans, c'est vraiment trop juste, tu crois pas ? La France est devenue un champ de course : on parie sur un cheval et puis on l'envoi à l'abattoir parce qu'il n'a pas eu les résultats escomptés. Ça me rend triste !

_ Oui, c'est comme une course de luge aux jeux olympiques : tu t'allonges et tu fais profil bas. T'as pas le temps de t'arrêter ni de te mater les gonzesses quand t'es au cœur du système. Je sais pas comment j'ai fais avec toi ? Moi, mon travail aujourd'hui c'est l'expertise capitalistique, je suis « pro-business » mais je dois rester au centre de contrôle quoiqu'il arrive. Tu vois, en m'alignant dans la course à l'UMP me voilà doublement présidentiable et je retrouve la classe internationale. Même en cas d'échec, je pourrai tarifer toutes mes conférences à 150 000 euros pendant les cinq ans à venir... Ça met du baume au cœur, hein, ma boulette !

_ Ça non, je ne veux pas être ta belette ! Je suis déjà ton amie sur Facebook, c'est suffisant ! Et le dernier million, c'est moi qui l'ai rapporté. Alors piano !

_ Piano, guitare... On pourrait faire le prochain placement dans un tableau de maître ? As-tu une idée ?

_ Nico, change pas de conversation !

_ Tu comprends, ma Carlita... Je parlais d'un bon couscous « boulettes » parce que j'ai l'appétit qui revient, mais on ne va pas se fâcher pour ça. Tous les deux, on se bat pour gagner des voix partout sur Facebook et Twitter, et le cœur de ma candidature c'est une campagne par correspondance, c'est comme ça... À quelle heure on va chercher Giulia, au fait ?

_ Quoi, mais qu'est-ce qu'elle a ma voix ? Moi d'abord, je ne triche pas... C'est un rapport direct : je transmets des émotions et je reçois de la joie de la part de mes fans. J'ai peut-être pas de voix, mais j'ai des amis. Mais toi, président, tu seras en cage et tu recevras des cannettes de bière, comme d'habitude.

_ Ah, merde, j'avais oublié... Ça, fallait prévenir l'autre couillon, l'insubmersible ! Suggéra Nicolas. Maintenant il va faire de l'apnée pendant au moins trois mois, en attendant que je reprenne l'UMP. Remarque, s'il est comme moi, il se fout des tomates qu'on lui lance comme de sa première cravate ! Au fait, j'y pense, tu te souviens du titre de ce film... Nanny McPhee, quand la gouvernante perd ses verrues parce que les enfants ont appris leur leçon, et bien notre Nono national, il a perdu ses verrucosités à la téloche. On dirait Mamie Nova maintenant... Non, je n'me moque pas... Mais tu veux pas l'embaucher pour garder notre fille ?

_ Ne sois pas présomptueux, Nico. Pour toi aussi, ça sent un peu le bruni ! Tu risques de jouer un mauvais mix de Bayrou et de Valls à vouloir rassembler tout le monde.

_ J'aime quand tu t'énerves, ma poule. Mais on dit : « le roussi »...

_ Le Russie ? Tu te moques de moi ou tu me prends pour Jane Birkin ? Et pourquoi tu voulais plus te raser avant, et maintenant que t'es candidat, hein ? Ça me brûle partout là encore ! Et elle désigna sa gorge d'une main délicate, parce qu'il avait l'habitude de l'embrasser sur les seins à la place des joues, tous les matins.

_ Ah ma mie, être un petit homme, tu sais, c'est pas si facile ! Mais aujourd'hui, j'incarne ma fonction, voilà madame...

_ Oui, mais pas avec ta petite princesse. C'est ça qu'il faut arranger, non ? Il faut retirer tout ce qui te sert à rien si tu veux changer vraiment !

_ Ma colombe, comment je vais t'embrasser sans les talonnettes ? Et t'ai-je déjà dit que je vais refaire un « Sarkothon » pour lever des fonds ? Ils n'attendent plus que moi pour se remettre à flot avant la fermeture pour dépôt de bilan : une dette de 74 millions à l'UMP, une paille ! Et qui d'autre mieux que bibi pour restructurer le parti ? Fillon, Juppé ? Soyons sérieux, mais j'ai besoin de tout le monde... l'UMP, tu parles d'un nom ? J'avais pensé à PS, le " Parti de Sarkozy "... Après, je compilerai les adhérents avec les « Amis de Nicolas et de Carla » sur notre site... Pif, paf, ça fait la rue Michel. Je dépasserai déjà les 5 millions de sympathisants un an avant la présidentielle, et si le ticket d'entrée reste modéré au parti, je pourrais même tripler le nombre de militants facile ! Ensuite, je parlerai à mes 16,8 millions de votants de 2012, et j'irai chercher les 10 millions de désespérés du socialisme sous le nez de Nono le Maudit. Pour finir, je ferais une compression de toutes les bonnes volontés, en ratissant large. C'est mon côté César ! Tiens, écoute-moi : « J'aime le peuple ! », c'est plus fort que « j'aime l'entreprise » ou « j'aime la finance », non ?

_ Oui, mon chéri, Ave César !

_ Rigole ! J'ai pas fait l'ENA, mais j'ai au moins deux neurones.

Ainsi commençait l'épisode de « Sarko II, le retour », en route vers des nouvelles élections présidentielles, voire pestilentielles, mais toujours dans la bonne humeur. Dans son couple, était-ce un peu d'antiféminisme latent ou simplement la concurrence des sexes ? Mais cela ne nous regarde pas : ni vu, ni connu, bien sûr !

Mercredi 17 septembre 2014, Emmanuel Macron stigmatise involontairement les employées de l'abattoir Gad « pour beaucoup illettrées », et cela en pleine crise des « Sans-dents ».

Vendredi 19 septembre 2014, Sarkozy effectue son retour officiel en annonçant sur Facebook en 700 mots qu'il est candidat à la présidence de sa « famille politique ».

Dimanche 21 septembre 2014, Sarkozy redonne la parole à la droite : « il n'y a pas de réussite seul » et « la perspective d'un isolement total » de la France, « les idéologies ne veulent rien dire », « proposer une alternative collective », « je n'ai jamais vu une telle défiance », « nous, héritiers du génie français », « on doit enlever l'idéologie de ce débat », « ils pensent qu'ils ne peuvent plus réussir en France », « l'Allemagne, c'est un fait », « des millions de personnes qui décrochent... », « on peut pas revenir à l'époque de la bougie », « pour créer la première formation politique du 21e siècle », « nous n'avons pas le droit de nous diviser », « faire trancher par le peuple lui-même ce nœud gordien », « on a humilié la famille », " Est-ce que vous me prêtez deux neurones? ", et toutes les idées de droite.

samedi 13 septembre 2014

Billet d'humour : « Cinquante et une nuances de gris au dessus de l’Élysée », l'actu revisitée dans le blogiblag du 13/09/14 (LJ ©2014)

« Cinquante et une nuances de gris au dessus de l’Élysée », pastiche du livre de Valérie Trierweiler :


« Merci pour ce moment » est un essai autobiographique de Valérie Trierweiler, publié le 4 septembre 2014..., relatant sa vie privée avec le président de la République française, François Hollande. (Wikipédia)

... « plus gros démarrage depuis cinq ans », un démarrage trois fois plus fort que "50 nuances de Grey", le best-seller des cinq dernières années. (La Fnac)



Les aventures de François Noland :

C'était la rentrée, celle des enfants et des nouveaux ministres. L'été avait été profitable pour les français, mais pas pour le gouvernement. Le Président les voyait s'amonceler, les gros nuages noirs au dessus de sa tête. Il affichait un sourire crispé entre ses deux Manuel de classe : Valls et Macron. Et puis Valoche est arrivée pour remettre les montres à l'heure sur le perron de l’Élysée : 

_ Salaud, tu m'as laissée tomber comme une malpropre ! Merci pour ce « moment »...

_ Oui, un grand moment pour nous deux, mais un petit moment pour l'humanité... hein hein... Restons humble ! François espérait sauver la photo avec son humour habituel.

_ Fumier, je vais te pourrir la rentrée, fais moi confiance !

_ Mais Valoche, enfin, excusez-moi messieurs dames, viens dans mon bureau... chut... Je ne sais pas résister à une belle femme ! Tu m'as conquis, j'tadore...

Voilà l'erreur de base : celle de s'acoquiner avec le show-business, ou pire encore, avec une journaliste trop bavarde... Julie G. eut été moins garce et Ségolène moins acide dans cet exercice de la femme répudiée.

_ C'est pas compliqué, fit la mégère, j'arrive, je te siffle et tu rappliques... Alors maintenant, baise-moi !

_ Te baiser... le front ? Hein... Bon d'accord, j'ai cinq minutes avant le conseil des ministres, viens par ici !

Elle ouvrit la porte du bureau présidentiel d'un coup de fesse et la referma d'un coup de talon.

_ Mais c'est qui encore celle-là sur la cheminée ? S'étonna Valérie.

_ C'est le buste de Laetitia Casta, ma Marianne préférée ! J'appréciais de le caresser après ton départ mais j'ai trouvé bien mieux : les soirs de blues je vais traîner au Louvre... Tu vois, c'est ça l'exercice du haut commandement, quand tant de solitude nous pèse... Alors, la Victoire de Samothrace me réconcilie avec les femmes. En plus, comme elle n'a pas de tête, je me fous d'être surpris en flagrant délit... Je suis un hédoniste insomniaque !

_ Quoi ? Tu vas au Louvre en scooter la nuit, c'est nouveau, et tu tripotes la Casta en rêve ? T'es qu'un pauvre jouisseur, un malade. Tu chercherais à baiser au Musée Grévin... Écoute, Il faut que t'arrêtes de m'envoyer des messages d'amour, François ! N'as-tu rien d'autre à faire ?

_ Non, je suis un homme d'ordre et de réserve, classieux et sans autres prétentions que de remplir mon devoir... Comme moi Napoléon avait des petits tiroirs plein la tête qu'il ouvrait et refermait à volonté pour traiter des affaires de la République. Cela permet de ranger, de classer, de hiérarchiser, de gérer les priorités, de relativiser aussi... Sais-tu que Napoléon appelait chacun de ses grognards par son nom sans jamais hésiter ? Moi, j'ai une attention particulière pour chacune de mes maîtresses. Certes, je ne peux pas plaire à tout le monde, mais je ne suis pas un mufle, et je veille à te garder une place dans mon cœur, malgré mes responsabilités qui sont immenses !

_ Que veux-tu me dire François ? Que je ne suis rien pour toi qu'un numéro, une paire de chaussettes dans un tiroir peut-être, ou bien un accident de parcours dans ta vie ? Sais-tu que j'écris un livre sur toi ? Tu commences à t'inquiéter peut-être !

_ Parle et je suis à toi, fit-il en l'acculant sur une bergère. Je suis un homme de bien et j'éprouve de l'empathie pour tous mes concitoyens . J'aime le peuple quoi ! Quand il pleut, je tousse avec lui et quand les Français gagnent au foot, je me réjouis de leur victoire. Maintenant, Valoche, finissons en avec ce gros dossier brûlant entre nous !

_ Tricheur, menteur, tu n'aimes que toi... Non, non, tu n'es qu'un monstre d'orgueil ! Elle le défiait, les yeux dans les yeux et les seins au balcon. Et c'est qui celui là encore, le petit jeune qui t'attends comme un chien de faïence derrière la porte ? Tu ne serais pas en train de virer homo ? Un mignon pour le « Roi de France », ce serait un scoop ! Avoue mon cochon...

_ N'essaie pas de me prendre aux mots, Valoche, c'est mon nouveau ministre de l’Économie, un esprit brillantissime et nous avons besoin de lui pour résoudre la crise... Je le reçois souvent dans mes bureaux : ensemble nous refaisons le monde et nous annulons la dette publique. En plus, c'est un énarque... J'aime sa belle intelligence et il apprécie mon humour... Allez, sois pas jalouse... une femme ne peut pas comprendre ces choses là ! Ah, si seulement tu m'avais donné un héritier... Comment vais-je assurer la descendance dans mon harem maintenant ?

_ Mais tu te prends pour qui... Mitterrand, c'est ça ? Là , je crois que j'ai tiré le gros lot : c'est 500 mille exemplaires garantis ! Je vais t'humilier... Finalement, tu es bien pire que le petit Sarko, un beau parleur et un lâche, monsieur "Moi-je"... Non, je n'oublie rien moi non plus : Ils vont tout connaître de toi ! Fit la maîtresse-femme en lui léchouillant le lobe de l'oreille.

_ Tout quoi ? Je n'ai jamais livré de secrets d' État sur notre couche, il me semble ?

_ Si... Tu n'aimes pas les pauvres !

_ C'est pas vrai ! Je n'ai rien contre eux. Je n'aime pas les pleurnicheries et je n'aime pas l'échec, voilà tout. Mais je ne permettrai pas qu'on mette en doute ma morale et mon honneur, fit-il en ôtant ses lunettes.

_ Ah bon, c'est comme ça ? D'accord, de toutes les façons c'est fini entre nous... Tu l'as annoncé toi-même en 17 mots à l'AFP ! Si tu veux des descendants de tes femmes illégitimes, François, tu peux aller tirer gratis à la banque du sperme...

_ « Descendants » vaut mieux que des « sans-dents » ! Et pourquoi pas des sans-culottes aussi ? J'ai horreur de me mélanger au peuple, tu le sais, mais si en plus je devais fréquenter la banque du sperme et les bordels, entre les pauvres édentés et les résidus de capotes... Tu me prends pour Dominique de Saint Kahn ? Allons, n'oublie pas que je t'ai sortie de la plèbe, et avec ta famille, c'était pas du gâteau... Je t'ai offert un destin de Première Dame de France ! Pense que ton nom sera cité dans tous les manuels d'histoire... et merci qui ? Alors je t'en supplie, ne fait pas de bêtises, hein, fit-il en dégainant... La NSA m'a averti que tu préparais un coup fourré à ta façon ?

Valoche se retourna sur la bergère, la tête sur le dossier pour lui offrir ses fesses. Il lui retroussa la jupe. Elle s'empourpra méchamment pendant la fessée, brève mais efficace.

_ J'espère que j'aurai droit aux indemnités de licenciement ? Lança-t-elle enfin.

_ Pour services rendus à la nation ? Voyons, Valoche, je ne peux pas rémunérer des emplois fictifs, comme Chirac à la Mairie de Paris, hein ?

_ Et bien, Je vais te la réécrire, ton HISTOIRE de FRANCE ! Insinua-t-elle. Pas la peine de te représenter aux prochaines érections !

_ Élection, é-lec-tion ! insista le Président, ne massacre pas les mots, c'est agaçant ! Un peu de saine colère avait pour effet de l’exciter avant le conseil des ministres, car c'était là son côté sadomaso. Endurci à point, il se mit à la buriner férocement, en bon missionnaire.

_ Si tu fais un scandale, tu vas tuer tout ce qu'il y a de plus beau entre nous ! Ajouta-t-il entre deux ahanements. Mais toute cette haine de femme le galvanisait. N'avait-il pas continué de la twitter toute la semaine ? Et elle revenait s'offrir à lui sans pudeur...

_ Tu parles trop François, mais tu devines que ta carrière est finie... Profites-en pour mater une dernière fois mon derrière ! Honneur aux vaincus.

_ Aah, ton divin cul ! Gloussa le pépère en rut. Vous êtes bien « toutes les mêmes »... Tu l'aimes bien, Stromé... Stromae ? Il me rappelle Jacques Brel mais en plus finaud. « Ne me quitteu paaa... ». Quel looser celui là !

Faut dire que Noland en avait fait, des grosses boulettes . Plus d'un militant revanchard attendait de le déboulonner de son socle à la façon de Lénine sur la Place Rouge. Indifférent, le président des Français avait l'art de botter en touche et de recommencer, comme pour ce nouveau gouvernement déjà condamné à l'échec, sacrifié sur l'hôtel du "Moi-Président". Dernièrement, n'avait-il pas offert 41 milliards au patronat, c'était son côté « new liberal », au lieu d'utiliser ces fonds sans fonds pour la formation continue des "sans-dents", les "sans-travail" et « sans-mutuelle » de la Ve République... Cinq millions de chômeurs sans qualification qu'il accusait déjà d'être des profiteurs du régime... Fini, couic ! Et puis, n'avait-il pas offert précédemment une grosse ristourne aux restaurateurs, et toujours sans contrepartie aucune ? Ces cadeaux favoriseraient peut-être l'investissement mais pas l'embauche. Et alors ? Depuis ces dernières décisions, Bercy était contraint de surtaxer les retraités, les veuves, de stigmatiser les fonctionnaires, d'inquiéter les étudiants et bientôt d'augmenter la TVA, mais sans jamais menacer les profits des multinationales, les rentes des plus fortunés, l'argent sale des paradis fiscaux et la spéculation boursière.

L'impérialisme américain gagnait par ce biais sur tous les tableaux, avec l'aide inespérée de notre Président socialiste : les universités des USA le feraient sûrement « Docteur honoris causa » pour toutes ses concessions au libéralisme pur et dur anglo-saxon. Mais Noland n'avait pas d'états d'âme : il fallait coûte que coûte trouver une locomotive pour raccrocher les wagons, une Amérique victorieuse ! Et puis le Prix Nobel reviendrait sans conteste à Jean-Claude Junker, le nouveau président de la Commission, qui offrait la direction des finances européennes aux Anglais (des ultralibéraux anti-communautaires qui font chanter l'Europe, de la graine de corsaire !) pour remplir in fine les coffres forts de la City et de Wall Street, soit 300 milliards d'euros d'investissements à la clef.

Pour donner le change, François Noland alignait joyeusement son nouveau gouvernement comme un équipage d'aviron sur la Tamise, pour une « Boat Race » amicale entre les Anglais et les Allemands. Avec Macron de Rothschild à la barre, tous ces faux-frères viraient déjà fièrement à droite. Montebourg était tombé à l'eau, l'imprudent, sous les applaudissements de Lord Cameron et Dame Merkel.

_ Quoi, les chômeurs en France ? Pas besoin de faire l'ENA pour faire la plonge ! Ils se formeront sur le tas. Et puis "Master Chef", "Top Chef" et tutti quanti, c'est bien pour eux, non ? Je te l'avoue franchement, Valoche, je ne comprends pas pourquoi ils refusent 350 000 emplois qualifiés ? Les ingrats, les gueux.

La belle pressa les fesses pour faire monter la sauce, car les 5 minutes prévues s'étaient écoulées et Macron tambourinait derrière la porte, inquiet de ce ramdam d'enfer dans le bureau du patron. Heureusement, la porte était verrouillée de l'intérieur.

_ Ne sois pas condescendant, mon gros. Ils ne sont pas formés pour ça tes cinq millions de chômeurs... Tu veux des infirmiers, des ingénieurs, des commerciaux, des chefs de projets, des analystes-programmeurs ou des ouvriers spécialisés ? Faut pas rêver ! Maintenant, ce sera plus facile d'aller les débaucher à l'étranger. D'ailleurs, la moitié de tes chômeurs parle à peine le français et l'autre moitié, ce sont des vieux cons comme toi qu'il faut recycler !

_ Senior... des vieux à cinquante ans à peine ! Et moi, je fais quoi à cet âge là ? Je tricote des napperons ? Écoute-moi bien, Cosette, y'a pas besoin de faire l'ENA ou Sciences-Po pour faire poissonnier, ou alors l'ENA serait tombée bien bas... Mon cabillaud, qui veut mon cabillaud ! C'est pas compliqué, non ! En plus ils ont les cours du soir et l'Alliance Française, alors ils vont pas me chier dans les bottes, ces ploucs ! Mais j'avoue que seulement 13 pour cent d'opinions favorables... Après tout le mal que je me suis donné pour eux... Ah... Je sens que ça viens... Si c'est ça le peuple ? Non, non, je ne suis pas déçu... Mais Obama s'inquiète pour moi : si je tombe en dessous de dix pour cent, ça pue la révolution française... Il faudra m'exfiltrer de l’Élysée, comme Louis XVI en 1793... Tu remarqueras que si Marie-Antoinette avait trahi le Roi pour s'enfuir en Autriche, il serait passé à la guillotine deux ans plus tôt. C'est pas ça que tu veux pour moi, j'espère ? Et pour quel résultat : l'extrême droite, la Terreur ?

_ Ouuui, ouuui... Connard, si Marie-Antoinette avait ouvert sa gueule plus tôt, elle aurait sauvé sa tête ! Moi, mon avenir est devant, fit la belle en comprimant le chibre victorieux.

_ Mais Valoche, si toi aussi tu m'abandonnes, je ferai quoi en exil ? Des colliers de nouilles au Fort de Brégançon, hein ?

Réduit à cette extrémité et se prenant pour Napoléon à Sainte-Hélène, il exulta brièvement... Et puis il la chassa brutalement comme à son habitude de son bureau, d'une tape sur la croupe pour la renvoyer à l'étable. Elle en fut atterrée !

_ Allez, remets ta ZUP, cendrillon ! J'ai d'autres souris à fouetter... Dépêche-toi, on voit tout le bazar et c'est pas jojo, on dirait une vieille jument !

_ Gougeât, c'est la dernière fois ! C'est le mini-short de la petite Belkaça à l’Éducation nationale qui te fait courir maintenant ? Fit-elle vexée en se rhabillant sans le regarder, les bas déchirés et les genoux rougis.

_ Je ne te permets pas, petite cochonne ! Tu peux me malaxer les boulettes autant que tu veux, mais pas un mot sur mes ministres ! C'est vrai qu'elle me rappelle ma nourrice... Bon, y'a machin qui m'attends à la porte... désolé... S'excusa le Président en remontant sa braguette, avant d'ouvrir la porte d'une poigne de fer.

Qu'il était loin, le temps des baisers sur la bouche devant les photographes ! Elle déplia son string d'un doigt expert au niveau de l'entrejambe puis tira sur sa jupe par dessus avant de s'éclipser. Et ce qui fut dit fut fait : plus qu'un soufflet présidentiel, Valérie devenait par réaction la championne toutes catégories des chroniqueuses perverses et du décalottage de vieux garçons. N'avait-elle pas noté ces dernières années ses déceptions et son dégoût de vivre en concubinage avec Flamby (la crème de la crème) dans son journal intime ? Elle avait même conservé quelques échantillons du président « en fonction » sur sa fausse robe de mariée en strass de chez Dior... Beurk ! Mieux, elle recrachait pieusement la pipe du matin derrière les portes des palaces qui accueillaient leurs amours illégitimes, déposant ici et là des preuves au cas où François viendrait à la renier... Aujourd'hui, le piège se refermait. Il ne restait plus qu'à expédier les cahiers vengeurs à l'ennemi teuton, avec les dernières confidences et le timbre collé au sperme présidentiel depuis sa motte humide. Elle ferait éclater la vengeance d'une Mata Hari « poste mortem » et vengerait du même coup toutes les femmes trahies : pour Marilyn Monroe et pour toutes les autres !

Elle riait aux éclats en relisant ses aventures, car les temps étaient propices à ce déballage. D'abord elle s'éloignerait un peu de la scène médiatique... Ensuite elle réapparaîtrait pour relancer la presse. Valérie espérait atteindre le million d'exemplaires vendus, même si les rats du prix Goncourt, les Grasset, les Gallimard et tous les autres parlaient d'un "non-livre" : bien sûr, elle coupait l'herbe sous les pieds de Delphine Botox ! Mais Valoche balançait tout, avec son ventre et avec ses tripes, accouchant pour ainsi dire d'un enfant illégitime, tombé comme une grosse bouse inattendue sur les ors de la république... et merde pour eux !

En voilà des secrets d’histoire et d'alcôve, me direz vous... François Noland, le Grand Condé-Sans-Dents, bafoué par une courtisane fielleuse ?

Cependant notre bon Président, aimable en vrai quoique cassant, tentait de se réinventer tous les jours... N'avait-il pas mis au point la formule du « non-mariage pour tous », le contrat anti-matrimonial qui conduisait à la solitude présidentielle entre autre, en prenant à contre-pied tous ses prédécesseurs ? Ah, rien de plus veule qu'un Sarkozy en train de pouponner ! Des petits enfants « sans-dents » le poursuivaient dans ses pires cauchemars.

L'officier du désespoir éructa dans la salle des divorces de la mairie :

_ Valérie, et toi... François, je vous déclare libres et irréconciliables, seuls jusqu'à ce que la mort vous réunisse en enfer au milieu du magma primitif ! Vous pouvez à présent répudier votre partenaire et copuler comme bon vous semble mais séparément.

Valoche se plaignait d'avoir offert ses meilleures années à un quinquagénaire méprisant, elle qui maintenant se rêvait en « cougar ». Fleur bleue, elle avait été la plus grande fan de François au début de leur relation, quand elle consignait toutes leurs « aventures » dans une « fanfiction ». Mais en essayant de s'intégrer dans l'entourage des grandes écoles, elle s'était heurtée aux codes obscurs de la méritocratie, une caste en soi.

Dans son livre, elle pensait offrir à ses lecteurs un journalisme ménager autant que « pote-agé » : n'ayant pas juré fidélité à ce vieux con, Valérie pouvait se permettre d'écrire le manuel de « La parfaite salope », histoire de faire fortune. Vive le mariage à l'envers ! Non seulement elle pariait sur la baisse de Noland dans les sondages mais elle allait le labourer comme une folle jusqu'à le réduire en poussière pour combler son féminisme décadent. Du même coup, elle s'enrichirait considérablement : c'était son seul moyen de se refaire, et sur son dos ! De cette économie profiteuse, la traîtresse ferait bien des émules à venir.

Ainsi ses amours se consumaient dans cette tragédie post-moderne livrée à point nommé, une OPA en prose offerte au voyeurisme, un opéra de mauvaise qualité, une resucée de « La Traviata » en plus désespérée. Pour sûr, c'était pas rendre service à la Ve République que de donner cet exemple là, mais Valoche ne voulait pas mourir seule et ruinée dans le dernier acte.

Entre l’Élysée et Matignon, une flopée d'énarques se penchaient déjà sur une VIe république, mais uniquement sur Internet : toutes nos frontières et nos préjugés devaient tomber le même jour (à la façon du Mur de Berlin) pour livrer la France à la libre concurrence. Les flingueurs de Noland avaient pour mission non seulement de réformer notre pays en profondeur mais aussi d'exploser les anciens dogmes, y compris celui d'une France champêtre et innocente autour de sa famille unie et de son église. Ils avaient reçu l'ordre de la CIA, en langage fleuri, de dynamiter « la petite maison dans la prairie » et d'abattre « tous les bisons », de faire passer les drogues et les iphones pour mieux nous asservir, de démanteler nos industries locales, d'imposer le « Traité de libre échange transatlantique », de couper les relations avec la Russie, de réduire notre population en esclavage au service de la Finance Internationale, de multiplier les effets des gaz de serre pour faire fondre la banquise, et finalement d'ouvrir le passage du Pôle Nord à leurs porte-conteneurs remplis de Roundup, d'OGM, de poulets javellisés et de bœuf aux hormones. Déjà, nos ordinateurs vérolés faisaient des milliards d'opérations outre-atlantique à notre insu et livraient au détour nos derniers secrets.

Notre bon sens national, issu du cartésianisme, était requalifié d'anti-libéralisme et de protectionnisme honteux par les analystes politiques et les économistes universitaires. Ah, les vendus ! Ainsi ballottée, la France oscillait entre l'énarchie et la ploutocratie.

Dans le secret de ses lectures nocturnes, François Noland s'étonnait de tant de détails sur sa propre « médiocrité ». Ne l'avait-il pas élue pour sa candeur de petite fille ? Une simple vengeance n'aurait pas dépassé cent pages en petits chapitres, mais il découvrait dans « Merci pour ce moment » la volonté ancienne de faire œuvre, soit une peinture minutieuse de ses habitudes et de son milieu. Valérie y démontrait tous les tics des écoles de journalisme : l’obsession du détail, les formules lapidaires pour dissimuler son ignorance, la victimisation et la prétention littéraire. Et lui n'avait rien vu venir quand elle se penchait sur son journal intime. Elle jouait un personnage dans cette auto-fiction : une espèce d'Emma Bovary qui raconterait sa vie malheureuse à un certain monsieur Flaubert, nègre de son état. De toute évidence, Valoche s'était dédoublée traîtreusement toutes ces années passées pour amorcer la carrière ambitieuse d'une écrivaine de renom. Et nul doute qu'elle réitérerait son exploit.

Cependant, dans le cas présent, sa vision semblait biaisée par le ressentiment : était-il possible qu'elle eût fréquenté un homme vraiment « hors du commun » se dissimulant sous un aspect débonnaire ? Malgré leur promiscuité, finalement, elle ignorait tout de François Noland car lui -même se rêvait plutôt comme le Julien Sorel de Stendhal. Doué par la nature autant que par le travail, il méprisait surtout les incompétents et les arrivistes sans scrupules.

À l'heure de jouir, Valérie n'avait fait qu'effleurer le monstre, sans jamais entrer dans sa peau. Ignorante des arcanes du pouvoir, son livre n'était qu'un vaudeville qui se jouait sur fond de décorum élyséen, « quand une femme ordinaire s'éprend d'un homme ordinaire qui devient un président ordinaire, à sa grande déception. Son faux prince charmant l'a répudiée. Alors elle est prise d'une rage extraordinaire et elle vire très mal, finissant pétroleuse façon Brigitte Bardot ». Pour tout dire, c'était bien elle l'héroïne à l’Élysée et lui le dindon de la farce.

_ En considérant l'Amérique dirigiste, l'Allemagne dominatrice, l'Angleterre opportuniste et l'Europe tellement exigeante, à quoi sert mon dernier gouvernement ? Nous perdons l'initiative dans tous les domaines et je passe pour faible et indécis ! Mais comment leur dire : le socialisme d'état n'est pas viable, ce n'est qu'un mensonge politique pour se faire élire... et Valoche qui me mitraille à brûle-pourpoint : mais dans quel pays sommes nous ? Se désespérait François Noland en caressant tristement la victoire de Samothrace, les lunettes embuées et le nez rouge.

Si les caméras avaient saisi cet instant là, il aurait acquis sa dimension comique et découvert d'un coup son « clown intérieur ». Sur les photos habituelles, il n'était qu'un homme préoccupé dans un habit froissé. Il lui manquait sans le savoir l'amour inconditionnel d'un chien pour égayer sa vie.

Pendant 9 ans, Valoche l'avait accompagné dans son ascension jusqu'à la présidence. Elle avait repoussé une à une toutes ses concurrentes, sauf Ségolène bien sûr. Rejetée, elle avait alors expérimenté un manque brutal : son livre était de fait un mini coup d'état pour reprendre le pouvoir et devenir maîtresse de son destin. Par ce jeu de dupes, elle retrouvait un rôle central dans l'histoire de François Noland, mais aussi dans celle de la République. Elle devenait même la référence ultime en la matière et elle éclipsait Ségolène, insignifiante tout ce temps. D'ailleurs, les journalistes ne juraient plus que par Valérie, mais s'empêtraient facilement dans toutes ses révélations. En bref, c'était impossible pour un biographe, un agiographe, un historien ou un scénariste d'écrire sur cette période de l'histoire de la présidence sans s'en référer à elle. À moins qu'ils ne la dissolvent dans un bain d'acide pour finir ? Déjà, elle s'agaçait de la titraille à propos de son livre, du style : « Une histoire d'amour à l'envers, aussi impudique qu'un cunnilingus ». Son talent n'était pas pris en considération, ou alors pour écrire un tome chez Arlequin. Elle espérait vivement que les Américains lui achètent les droits pour sortir un biopic bien ficelé plutôt qu'une mauvaise comédie sentimentale à la française.

Ainsi révélée, leur vie commune s'éparpillait « façon puzzle » ici et là dans la mémoire collective et sur le Net, et tous ces petits riens qui agrègent le couple. Hélas, personne ne criait au chef-d’œuvre. Le sujet était trop polémique, trop chaud pour l'instant. On y faisait référence sans l'avoir lu, on empruntait les mêmes citations, on y examinait le Président par le petit bout de la lorgnette : quelques uns exigeaient même sa démission. Mieux valait en rire qu'en pleurer !