Fallait-il que Sarko pointe le bout de son nez pour que tout le monde crie au loup et au vautour ? Carla n'appréciait guère de lire les chroniques de « Libé » mais elle détestait particulièrement remonter la rue de Miromesnil à pied. Ce jour là, c'était « pour le sport ». En arrivant à destination, elle balança la feuille de choux irrespectueuse dans la première poubelle venue, histoire de ne pas éveiller quelques susceptibilités dans son camp. Enfin, Carla pénétra dans les bureaux de la rue de Miromesnil, telle une avalanche de printemps au cœur de la Suisse italienne :
_ Nico, tu ne vas pas... Quand même... Président, c'est pas sérieux ?
_ Mais si, Carlita ! En plus, le « Canard enchaîné » me supplie de reprendre du service. Rien que par ma seule présence, je vais sauver une dizaine de journaux de la faillite ! Ils me cirent tous les pompes gratos. Et tu te rends compte de ma responsabilité ? Je n'ai plus le choix... J'espère qu'ils seront reconnaissants !
_ Mais mon Raymond, personne n'est obligé ! Et puis il ne faut pas être rancunier. Quand tu vois tous les malheurs à l’Élysée qui détruisent les couples...
_ Tu veux parler de qui, là ? Le Hollandais volant, Nono le maudit ? Ah, ah, ne me fais pas rire, Carla, j'ai les lèvres gercées. Tu te rends compte, je suis largement plus apprécié que lui sans rien faire. À quoi tiennent les choses ? Faut dire qu'il les a enchaînées, les bourdes, mais ça n'a pas l'air de le déstabiliser... Après deux ans à l’Élysée, il continuait de me rendre responsable de ses échecs ! Il aurait mieux fait de se présenter il y a vingt ans pour un septennat ou peut-être à un poste de diplomate en Papouasie. Mais tout un quinquennat pour dire : « J'ai pas le temps » ?
_ Tu a raison, mon Raymond, c'est dommage mais on ne fait plus confiance au président, et cinq ans, c'est vraiment trop juste, tu crois pas ? La France est devenue un champ de course : on parie sur un cheval et puis on l'envoi à l'abattoir parce qu'il n'a pas eu les résultats escomptés. Ça me rend triste !
_ Oui, c'est comme une course de luge aux jeux olympiques : tu t'allonges et tu fais profil bas. T'as pas le temps de t'arrêter ni de te mater les gonzesses quand t'es au cœur du système. Je sais pas comment j'ai fais avec toi ? Moi, mon travail aujourd'hui c'est l'expertise capitalistique, je suis « pro-business » mais je dois rester au centre de contrôle quoiqu'il arrive. Tu vois, en m'alignant dans la course à l'UMP me voilà doublement présidentiable et je retrouve la classe internationale. Même en cas d'échec, je pourrai tarifer toutes mes conférences à 150 000 euros pendant les cinq ans à venir... Ça met du baume au cœur, hein, ma boulette !
_ Ça non, je ne veux pas être ta belette ! Je suis déjà ton amie sur Facebook, c'est suffisant ! Et le dernier million, c'est moi qui l'ai rapporté. Alors piano !
_ Piano, guitare... On pourrait faire le prochain placement dans un tableau de maître ? As-tu une idée ?
_ Nico, change pas de conversation !
_ Tu comprends, ma Carlita... Je parlais d'un bon couscous « boulettes » parce que j'ai l'appétit qui revient, mais on ne va pas se fâcher pour ça. Tous les deux, on se bat pour gagner des voix partout sur Facebook et Twitter, et le cœur de ma candidature c'est une campagne par correspondance, c'est comme ça... À quelle heure on va chercher Giulia, au fait ?
_ Quoi, mais qu'est-ce qu'elle a ma voix ? Moi d'abord, je ne triche pas... C'est un rapport direct : je transmets des émotions et je reçois de la joie de la part de mes fans. J'ai peut-être pas de voix, mais j'ai des amis. Mais toi, président, tu seras en cage et tu recevras des cannettes de bière, comme d'habitude.
_ Ah, merde, j'avais oublié... Ça, fallait prévenir l'autre couillon, l'insubmersible ! Suggéra Nicolas. Maintenant il va faire de l'apnée pendant au moins trois mois, en attendant que je reprenne l'UMP. Remarque, s'il est comme moi, il se fout des tomates qu'on lui lance comme de sa première cravate ! Au fait, j'y pense, tu te souviens du titre de ce film... Nanny McPhee, quand la gouvernante perd ses verrues parce que les enfants ont appris leur leçon, et bien notre Nono national, il a perdu ses verrucosités à la téloche. On dirait Mamie Nova maintenant... Non, je n'me moque pas... Mais tu veux pas l'embaucher pour garder notre fille ?
_ Ne sois pas présomptueux, Nico. Pour toi aussi, ça sent un peu le bruni ! Tu risques de jouer un mauvais mix de Bayrou et de Valls à vouloir rassembler tout le monde.
_ J'aime quand tu t'énerves, ma poule. Mais on dit : « le roussi »...
_ Le Russie ? Tu te moques de moi ou tu me prends pour Jane Birkin ? Et pourquoi tu voulais plus te raser avant, et maintenant que t'es candidat, hein ? Ça me brûle partout là encore ! Et elle désigna sa gorge d'une main délicate, parce qu'il avait l'habitude de l'embrasser sur les seins à la place des joues, tous les matins.
_ Ah ma mie, être un petit homme, tu sais, c'est pas si facile ! Mais aujourd'hui, j'incarne ma fonction, voilà madame...
_ Oui, mais pas avec ta petite princesse. C'est ça qu'il faut arranger, non ? Il faut retirer tout ce qui te sert à rien si tu veux changer vraiment !
_ Ma colombe, comment je vais t'embrasser sans les talonnettes ? Et t'ai-je déjà dit que je vais refaire un « Sarkothon » pour lever des fonds ? Ils n'attendent plus que moi pour se remettre à flot avant la fermeture pour dépôt de bilan : une dette de 74 millions à l'UMP, une paille ! Et qui d'autre mieux que bibi pour restructurer le parti ? Fillon, Juppé ? Soyons sérieux, mais j'ai besoin de tout le monde... l'UMP, tu parles d'un nom ? J'avais pensé à PS, le " Parti de Sarkozy "... Après, je compilerai les adhérents avec les « Amis de Nicolas et de Carla » sur notre site... Pif, paf, ça fait la rue Michel. Je dépasserai déjà les 5 millions de sympathisants un an avant la présidentielle, et si le ticket d'entrée reste modéré au parti, je pourrais même tripler le nombre de militants facile ! Ensuite, je parlerai à mes 16,8 millions de votants de 2012, et j'irai chercher les 10 millions de désespérés du socialisme sous le nez de Nono le Maudit. Pour finir, je ferais une compression de toutes les bonnes volontés, en ratissant large. C'est mon côté César ! Tiens, écoute-moi : « J'aime le peuple ! », c'est plus fort que « j'aime l'entreprise » ou « j'aime la finance », non ?
_ Oui, mon chéri, Ave César !
_ Rigole ! J'ai pas fait l'ENA, mais j'ai au moins deux neurones.
Ainsi commençait l'épisode de « Sarko II, le retour », en route vers des nouvelles élections présidentielles, voire pestilentielles, mais toujours dans la bonne humeur. Dans son couple, était-ce un peu d'antiféminisme latent ou simplement la concurrence des sexes ? Mais cela ne nous regarde pas : ni vu, ni connu, bien sûr !
_ Nico, tu ne vas pas... Quand même... Président, c'est pas sérieux ?
_ Mais si, Carlita ! En plus, le « Canard enchaîné » me supplie de reprendre du service. Rien que par ma seule présence, je vais sauver une dizaine de journaux de la faillite ! Ils me cirent tous les pompes gratos. Et tu te rends compte de ma responsabilité ? Je n'ai plus le choix... J'espère qu'ils seront reconnaissants !
_ Mais mon Raymond, personne n'est obligé ! Et puis il ne faut pas être rancunier. Quand tu vois tous les malheurs à l’Élysée qui détruisent les couples...
_ Tu veux parler de qui, là ? Le Hollandais volant, Nono le maudit ? Ah, ah, ne me fais pas rire, Carla, j'ai les lèvres gercées. Tu te rends compte, je suis largement plus apprécié que lui sans rien faire. À quoi tiennent les choses ? Faut dire qu'il les a enchaînées, les bourdes, mais ça n'a pas l'air de le déstabiliser... Après deux ans à l’Élysée, il continuait de me rendre responsable de ses échecs ! Il aurait mieux fait de se présenter il y a vingt ans pour un septennat ou peut-être à un poste de diplomate en Papouasie. Mais tout un quinquennat pour dire : « J'ai pas le temps » ?
_ Tu a raison, mon Raymond, c'est dommage mais on ne fait plus confiance au président, et cinq ans, c'est vraiment trop juste, tu crois pas ? La France est devenue un champ de course : on parie sur un cheval et puis on l'envoi à l'abattoir parce qu'il n'a pas eu les résultats escomptés. Ça me rend triste !
_ Oui, c'est comme une course de luge aux jeux olympiques : tu t'allonges et tu fais profil bas. T'as pas le temps de t'arrêter ni de te mater les gonzesses quand t'es au cœur du système. Je sais pas comment j'ai fais avec toi ? Moi, mon travail aujourd'hui c'est l'expertise capitalistique, je suis « pro-business » mais je dois rester au centre de contrôle quoiqu'il arrive. Tu vois, en m'alignant dans la course à l'UMP me voilà doublement présidentiable et je retrouve la classe internationale. Même en cas d'échec, je pourrai tarifer toutes mes conférences à 150 000 euros pendant les cinq ans à venir... Ça met du baume au cœur, hein, ma boulette !
_ Ça non, je ne veux pas être ta belette ! Je suis déjà ton amie sur Facebook, c'est suffisant ! Et le dernier million, c'est moi qui l'ai rapporté. Alors piano !
_ Piano, guitare... On pourrait faire le prochain placement dans un tableau de maître ? As-tu une idée ?
_ Nico, change pas de conversation !
_ Tu comprends, ma Carlita... Je parlais d'un bon couscous « boulettes » parce que j'ai l'appétit qui revient, mais on ne va pas se fâcher pour ça. Tous les deux, on se bat pour gagner des voix partout sur Facebook et Twitter, et le cœur de ma candidature c'est une campagne par correspondance, c'est comme ça... À quelle heure on va chercher Giulia, au fait ?
_ Quoi, mais qu'est-ce qu'elle a ma voix ? Moi d'abord, je ne triche pas... C'est un rapport direct : je transmets des émotions et je reçois de la joie de la part de mes fans. J'ai peut-être pas de voix, mais j'ai des amis. Mais toi, président, tu seras en cage et tu recevras des cannettes de bière, comme d'habitude.
_ Ah, merde, j'avais oublié... Ça, fallait prévenir l'autre couillon, l'insubmersible ! Suggéra Nicolas. Maintenant il va faire de l'apnée pendant au moins trois mois, en attendant que je reprenne l'UMP. Remarque, s'il est comme moi, il se fout des tomates qu'on lui lance comme de sa première cravate ! Au fait, j'y pense, tu te souviens du titre de ce film... Nanny McPhee, quand la gouvernante perd ses verrues parce que les enfants ont appris leur leçon, et bien notre Nono national, il a perdu ses verrucosités à la téloche. On dirait Mamie Nova maintenant... Non, je n'me moque pas... Mais tu veux pas l'embaucher pour garder notre fille ?
_ Ne sois pas présomptueux, Nico. Pour toi aussi, ça sent un peu le bruni ! Tu risques de jouer un mauvais mix de Bayrou et de Valls à vouloir rassembler tout le monde.
_ J'aime quand tu t'énerves, ma poule. Mais on dit : « le roussi »...
_ Le Russie ? Tu te moques de moi ou tu me prends pour Jane Birkin ? Et pourquoi tu voulais plus te raser avant, et maintenant que t'es candidat, hein ? Ça me brûle partout là encore ! Et elle désigna sa gorge d'une main délicate, parce qu'il avait l'habitude de l'embrasser sur les seins à la place des joues, tous les matins.
_ Ah ma mie, être un petit homme, tu sais, c'est pas si facile ! Mais aujourd'hui, j'incarne ma fonction, voilà madame...
_ Oui, mais pas avec ta petite princesse. C'est ça qu'il faut arranger, non ? Il faut retirer tout ce qui te sert à rien si tu veux changer vraiment !
_ Ma colombe, comment je vais t'embrasser sans les talonnettes ? Et t'ai-je déjà dit que je vais refaire un « Sarkothon » pour lever des fonds ? Ils n'attendent plus que moi pour se remettre à flot avant la fermeture pour dépôt de bilan : une dette de 74 millions à l'UMP, une paille ! Et qui d'autre mieux que bibi pour restructurer le parti ? Fillon, Juppé ? Soyons sérieux, mais j'ai besoin de tout le monde... l'UMP, tu parles d'un nom ? J'avais pensé à PS, le " Parti de Sarkozy "... Après, je compilerai les adhérents avec les « Amis de Nicolas et de Carla » sur notre site... Pif, paf, ça fait la rue Michel. Je dépasserai déjà les 5 millions de sympathisants un an avant la présidentielle, et si le ticket d'entrée reste modéré au parti, je pourrais même tripler le nombre de militants facile ! Ensuite, je parlerai à mes 16,8 millions de votants de 2012, et j'irai chercher les 10 millions de désespérés du socialisme sous le nez de Nono le Maudit. Pour finir, je ferais une compression de toutes les bonnes volontés, en ratissant large. C'est mon côté César ! Tiens, écoute-moi : « J'aime le peuple ! », c'est plus fort que « j'aime l'entreprise » ou « j'aime la finance », non ?
_ Oui, mon chéri, Ave César !
_ Rigole ! J'ai pas fait l'ENA, mais j'ai au moins deux neurones.
Ainsi commençait l'épisode de « Sarko II, le retour », en route vers des nouvelles élections présidentielles, voire pestilentielles, mais toujours dans la bonne humeur. Dans son couple, était-ce un peu d'antiféminisme latent ou simplement la concurrence des sexes ? Mais cela ne nous regarde pas : ni vu, ni connu, bien sûr !
Mercredi 17 septembre 2014, Emmanuel Macron stigmatise involontairement les employées de l'abattoir Gad « pour beaucoup illettrées », et cela en pleine crise des « Sans-dents ».
Vendredi 19 septembre 2014, Sarkozy effectue son retour officiel en annonçant sur Facebook en 700 mots qu'il est candidat à la présidence de sa « famille politique ».
Dimanche 21 septembre 2014, Sarkozy redonne la parole à la droite : « il n'y a pas de réussite seul » et « la perspective d'un isolement total » de la France, « les idéologies ne veulent rien dire », « proposer une alternative collective », « je n'ai jamais vu une telle défiance », « nous, héritiers du génie français », « on doit enlever l'idéologie de ce débat », « ils pensent qu'ils ne peuvent plus réussir en France », « l'Allemagne, c'est un fait », « des millions de personnes qui décrochent... », « on peut pas revenir à l'époque de la bougie », « pour créer la première formation politique du 21e siècle », « nous n'avons pas le droit de nous diviser », « faire trancher par le peuple lui-même ce nœud gordien », « on a humilié la famille », " Est-ce que vous me prêtez deux neurones? ", et toutes les idées de droite.
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