vendredi 20 mai 2016

« Sous la canopée à Paris, le faux-rhum des Halles » dans le blogiblag du 20/05/2016 (LJ ©2016).

Il y a des choses qui me font peine à dire comme « la Canopée de Paris », soit un toit de verre à 1 milliard d'euros (payé par le contribuable parisien) qui coiffe des galeries commerçantes, et  à quoi ça sert ? À Reverdir Paris ? Non. D'ailleurs, en même temps que ce non-événement absurde il fallait déplorer une autre mort bien douloureuse puisqu'à deux pas de là, la plus grande surface commerciale de Paris dédiée à la vente d'instruments de musique : « Musika » a fermé ses portes définitivement, effacée d'un revers de fortune. Et pourquoi faire venir alors 35 nouvelles enseignes de luxe sous la « Canopée » de l'ex-forum des Halles ? Pour le pognon bien sûr et pas pour la culture... Mais ne faut-il pas s'agacer de cette prise de pouvoir des multinationales au centre de Paris, à l'égal des fonds de pension américains ou des fonds qatariens dans les lieux les plus prestigieux ? Hein... Je vous laisse lire en quelques lignes à la fin de cet article le « programme commercial » de nos élus pour notre belle capitale. C'est comme si on avait posé la « pyramide du Louvre » sur Nike et compagnie : ah, quel étonnant cadeau aux multinationales !

Moi, en parcourant ces lieux plus qu'illusoires, j'ai l'impression de voir sous cette canopée en verre teinté  tous les ateliers du tiers et du quart monde au travail, soit l'exploitation par ces mêmes multinationales de plein de petits enfants et de femmes réduits à l'esclavage dans des ateliers chinois, indiens etc. (Comparez donc le prix de revient et le prix affiché d'une paire de baskettes). Mais à 1 milliard d'euros (d'impôts), la France n'aurait-elle pas dû demander à rapatrier par exemple quelques usines de Nike sur son territoire  pour employer à la place des milliers de chômeurs parisiens... Un peu comme l'Australie nous a obligé à faire, avec l'achat de nos sous-marins d'attaque qui seront montés directement sur les chaînes de fabrication australiennes.

Et pourquoi avoir dénommé ce toit aveugle « la Canopée » ? le titre de « Fourmilière » aurait mieux convenu à cette construction. Est-ce parce que son verre trop épais assemblé en tuilage demeure perméable à l'eau, qui laisse des flaques d'eau dessous ou bien parce l'ensemble sert à surchauffer les appartements autour en réfléchissant le soleil sur leurs vitrages ? C'est pas que je me soucis beaucoup de ces bourgeois, mais vous parlez de dix ans d'étude nécessaires pour obtenir un tel résultat : j'avais bien essayé de les prévenir en donnant mon avis lors des prétendus « tours de table » citoyens, mais rien à faire... Autant pisser dans un violon.

Voici donc une réalisation hors de prix qui sert de vitrine à quelques privilégiés optimisés du business international et en dépit du bon sens. Par contre la France possède une «  canopée véritable », soit en Guyane une petite partie de la forêt amazonienne  qu'elle est chargée de protéger de la destruction, du brûlage des paysans et de l'invasion citadine, de la contamination des orpailleurs, des projets immobiliers, des prédateurs de la nature, des bûcherons, des multinationales de la pétrochimie ou de l'industrialisation de la pharmacopée locale, soit tous ceux qui organisent le pillage du dernier poumon vert de la planète. Pour cela, la France dispose seulement de quelques dizaines de militaires quand il faudrait toute une armée en bon ordre et toutes les bonnes volontés du monde pour circonscrire le mal. Avec un milliard de dollars sur la table, que n'aurait-on pu faire pour protéger la forêt amazonienne ? Autrement, à ce prix là j'avais proposé de replanter toutes les haies bocagères de France après ce putain de remembrement qui a transformé dans les années 60 nos paysages verdoyants et bucoliques en déserts de merde dédiés à la monoculture intensive, là ou maintenant des paysans mécanisés à mort viennent épandre stupidement toutes les saletés de l'agrochimie aux saints noms du commerce international, de la libre concurrence et de la rentabilité dévoyée. 

Oui, on nous bouffe la tête quand « business is business » et quand Paris n'est plus qu'une vulgaire « boutique » à la place des services municipaux disparus, des cours de formation gratuite et des visites organisées de notre patrimoine, des expositions gratuites les dimanches et de tous les bancs, des toilettes publiques, des fontaines Wallace, des cabines téléphoniques, des petits commerces de proximité de nos grands-pères et des marchands ambulants de nos campagnes etc. Maintenant c'est pas moi, petit parisien désargenté, qui profiterait de toutes ces saloperies internationales de luxe qui remplacent notre artisanat et notre savoir faire mais je paierai forcément  les impôts correspondants. Pire encore, on sait que le quartier « les Halles-Beaubourg » est un lieu favorable à la vente de drogues et à la prostitution. Alors, de la fausse luxuriance de cette canopée virtuelle à la luxure, il n'y a qu'un pas : il suffira que la police déserte les lieux (après réduction des effectifs des fonctionnaires) comme dans l'ancien Forum des Halles il y a peu encore pour qu'une population interlope se poste le jour comme la nuit  sur ses places, dans ses recoins et dans ses sous-terrains. Alors, quand vous passerez par là, comme moi vous aurez peur.

Pour votre information, voici depuis le site de la mairie de Paris « l'avis à la population » qui transforme notre belle capitale en « hub » pour touristes fortunés et en succursale des multinationales  :

La Canopée accueille les navires amiraux de grandes marques. L’ouverture de la Canopée est le symbole du renouveau commercial du Forum des Halles. Grâce à la Canopée, qui fait le lien entre les espaces souterrains et les rues de Paris, le Forum des Halles s’ouvre désormais sur la ville. Le centre compte 70% de surfaces rénovées et 35 nouvelles enseignes. Abritant 6 000 m2 de nouvelles enseignes, la Canopée s’ancre dans une volonté forte de proposer aux Parisiens, en plein cœur du quartier des Halles, de la nouveauté et de l’exceptionnel (?) grâce à des marques reconnues, de notoriété internationale, qui développent des concepts exclusifs (de luxe) en avant-première pour le centre. Ainsi, Lego ouvre son 1er « Flagship Store » en France avec une offre commerciale et des créations uniques en briques LEGO, spécialement pensées pour le lieu ; Sephora elle présente son tout dernier magasin « eco-friendly » avec tous les services beauté innovants pour surprendre sa riche clientèle ; Superdry, LIU JO et Nike ouvrent des magnifiques « flagship » dans notre capitale. Ainsi, la boutique Nike, de plus de 1000 m2, accueillera le dernier concept de la marque centré sur le service, où vous retrouverez « running, training et sportswear » pour tous les bobos parisiens !

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