mardi 13 décembre 2016

« Lettre ouverte d'un Parisien étouffé par les pots d'échappements », dans le blogiblag du 13/12/2016 (LJ ©2016).

Ça y est, mes poumons ne servent plus à rien... mes bronchioles sont bouchées et ma bouche fait le bruit d'un vieil évier qui se vide.

- Au secours, par pitié madame Hidalgo, spouitch... Venez me sauver ! Non, pas Valérie Pécresse, la vilaine...
 
Hélas, Valoche se pose là comme petite peste, jalouse et imbue de sa personne... Vous parlez d'une élue de Droite ! Conseillère régionale d’Île-de-France, cette énarque à la noix s'imagine avoir tout compris. « Pécresse versus Hidalgo ?», c'est le passé antérieur contre le futur hypothétique. Pourtant, contre la pollution effarante de l'air au dessus de Paris - Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle..., des mesures d'urgence ne s'imposent-elles pas ? Paris devrait-elle rester ad vitam æternam une ville otage de ses voitures et de ses banlieues revanchardes ?

Il y a tant de mauvaise foi dans ce débat du « pour ou contre  les voitures envahissantes
» que je devine au delà d'une simple rivalité de femmes une histoire de lobbies et de compagnies pétrolières toutes puissantes. Heureusement pour nous Anne Hidalgo , la première femme maire de Paris, s'applique de toutes ses forces depuis 2014 à importer à Paris le concept fabuleux de « ville écolo-méritante à visage humain ». Car il faut bien l'avouer, des millions de vies sont en jeu...

Dans le passé Paris s'est vue réformer à maintes reprises et pour le bien de tous. C'est ainsi que la grande ville crasseuse du temps des Misérables, celle dépeinte par Victor Hugo, s'est muée en ville lumière et cette idée perdure encore deux siècles après. Par exemple, les égouts de Paris, longs de près de 2600 kilomètres, collectent les eaux de ruissellement ainsi que les eaux usées depuis la loi de 1894 : c'est le tout-à-l'égout du préfet Haussmann, le même homme qui fit abattre les vieilles maisons construites de briques et de bois qui menaçaient à tout moment de prendre feu, pour bâtir à la place des maisons en pierres espacées par de larges avenues. Voici deux siècles passés il y avait aussi des becs de gaz, aujourd'hui remplacés par des lampes basse consommation dans les lampadaires illuminant la capitale. À l'approche de noël, des millions de diodes lumineuses font des guirlandes dans les rues et la Tour Eiffel se dresse telle un phare, habillée de lumières clignotantes aux couleurs changeantes.

Cela devrait sans doute vous parler madame Pécresse, quand nos rues ne sont plus qu'un égout à ciel ouvert qui vomit des voitures puantes... Plus traditionnellement, nos hommes et femmes d'état se croient l'obligation en sortant des grandes écoles de réformer les institutions, la justice, la police, les lois et les mœurs. Demain ils réformeront encore l'administration, le code du travail et la sécurité sociale : ainsi le veulent François Fillon et la Droite ultra-libérale (notre nouvelle extrême-droite française). Sous leur domination, les travailleurs seront totalement interchangeables et licenciables, taillables et corvéables à merci. Est-ce un retour au moyen-âge ou bien faut-il parler d'un « nouvel âge d'or capitaliste » ? J'y vois plutôt une régression.

Les socialistes avec Anne Hidalgo rêvent de réformer le « genre humain » quand c'est toujours la Droite qui gagne à la fin, « haut les mains » : le hold up du siècle est celui du petit peuple ! Tiens, voici Donald Trump, le frère jumeau du clown Ronald Mac Donald mais en plus gras, qui vient nous chanter depuis l'Amérique toute puissante sa rengaine : « La multinationale défiscalisée sera le genre humain ! ». C'est que les milliardaires arrivent au pouvoir mais pas pour payer leurs impôts... Vous parlez d'une défaite cuisante pour les gauchistes et pour l'Europe toute entière qu'ils étrillent consciencieusement.

Déjà, rien qu'en France, pourra-t-on réformer simplement la circulation routière ? Ici comme ailleurs, les voitures sont une prolifération non contrôlée, le cancer des villes. Alors, contre les accidents de la route, contre l'air irrespirable, le bruit permanent, la pollution qui noircit les poumons comme les façades, les gorges irritées, les nez qui coulent, que faire ? Le débat est truqué : Valérie Pécresse se fout de la pollution puisqu'elle obéit aux lobbies quand Anne Hidalgo veut limiter la prolifération des voitures. Qui donc à raison ? Anne Hidalgo sans aucun doute : le processus est en route avec les nouvelles technologies, les réseaux, les super-calculateurs, l'énergie solaire bon marché et l'évolution des consciences.

Depuis la fin de la 2éme guerre mondiale, des millions d'automobilistes excédés (évidemment, c'est un pléonasme) prennent d'assaut les routes et les pompes à essence pour venir visiter Paris, pour y travailler aussi, pour y séjourner ou sinon pour la traverser le plus vite possible vers d'autres destinations de choix. Paris est devenu à ce titre un « super-hub » qui redistribue les automobiles tout autour, chargeant et déchargeant éventuellement des voyageurs et des camions de marchandises. Paris est la plaque tournante de l'Europe, du Nord au Sud et d'est en ouest sur la rose des vents. Ville tentaculaire, les voitures en marche ou en stationnement y sont plus nombreuses dans les quelques 5000 rues que tous les passants, les touristes et les clients d'un jour entrant et sortant des commerces environnants. Oui, Paris c'est des voitures et des voitures à n'en plus finir qui la traverse à n'importe quelle heure.

Alors, où vont donc toutes ces voitures dans les rues, vers quelles destinations ? Difficile de le dire mais elles nous pourrissent gravement l'existence. Et puis, on calcule que les routes françaises ont fait ces dernières 70 années (depuis en fait la fin de la guerre et le début des congés payés) plus de 600000 morts et 10 millions de blessés : la voiture à essence, c'est une « troisième guerre mondiale » économique et meurtrière, celle qui a fait de notre pays l'un des plus dangereux d'Europe avec prés de 20 000 morts pendant la seule année 1972 (et ne parlons pas de la bombe atomique). Suite à ces hécatombes qui n'en finissent pas de se renouveler chaque année, les constructeurs automobiles et leurs équipementiers devraient être cités à comparaître devant les tribunaux en même temps que les pouvoirs publics pour « mise en danger de la vie d'autrui » ! Tiens, Il y a encore mille morts d'accidents de la route par jours aux États-Unis en attendant l'automatisation espérée de leurs moyens de transport. 
Curieusement, en France les chiffres et les statistiques d'avant 30 ans en arrière deviennent difficiles d'accès sur internet. Par exemple, les tableaux de chiffres sur Wikipédia correspondant à « l'évolution détaillée des accidents et victimes en France » ont été intentionnellement restreints au début des années 1986. L'information se fait rare... Au nom d'intérêts économiques stratégiques supérieurs, on limite les résultats de nos recherches, on nous biaise en beauté.

Heureusement, les associations d'automobilistes ne se plaignent que des embouteillages et de la hausse du prix des carburants : « toujours plus vite, toujours plus con ! », c'est leur devise. À Paris, elles reprochent bêtement à Anne Hidalgo les restrictions de circulation sur un petit tronçon  des voies sur berge de la Seine  et l'alternance obligée (mais non respectée) des véhicules à essence pendant 4 jours dans les rues de la capitale. Ont-ils seulement compris les enjeux de santé publique ?

Réformer (contre les lobbies) la circulation routière à Paris requière de hautes doses de volonté, de décision, de persuasion et d'intelligence, toutes choses qui manquent à la Droite en général et à Valérie Pécresse en particulier. Pourtant, quelle perte de temps insensée que ces millions d'automobilistes abrutis, les mains crispées sur les volants et les guidons des motos, qui viennent s’exciter et gaspiller leurs vies dans de longues files imbéciles sur des routes déjà embouteillées. Leur vie se résume à « peu de chose » : quelques litres d'essence tout au plus ! Pourtant Anne Hidalgo n'aura fait qu'interdire la circulation sur un petit tronçon de voie rapide et entendez le scandale... Valérie Pécresse, toutes griffes dehors, organise la fronde avec les maires (qui ne décolèrent pas) des 3 communes voisines.

Quand je m'échappe des sous-terrains du métropolitain et des transports en commun bondés pour venir respirer l'air frais, moi le passant pressé (celui de Michel Sardou), je suis stoppé à chaque carrefour : j'essaie alors de me faufiler sur les passages pour piétons entre les pots d'échappement et les capots qui me ferment l'accès et me pourrissent la promenade. Les autres motos, scooters, vélos et les trottinettes participent à « l'art de la débrouille » qui menacent de me renverser à tout moment en doublant les voitures et sur les pistes cyclables tracées à même les trottoirs.

Voyez, si je ne suis rien qu'un vulgaire « parisien », je paie des impôts conséquents pour l'entretien des transports en commun de la capitale et celui des routes. Je paie aussi de ma santé la pollution... Aujourd'hui, quatrième jour de « circulation alternée » (mais énième jour du pic de pollution à Paris), les millions de titulaires d'abonnements aux titres de transport paient les accès gratuits pour les touristes et les banlieusards qui ont abandonné leurs voitures au parking : c'est cela le soi-disant « miracle » des transports gratuits à Paris, quand ce sont les Parisiens qui paient de leur poche et de leur santé la facture finale. Et malgré cet effort de « gratuité », nous les Parisiens continueront de respirer un air vicié, saturé de particules fines qui obstruent les bronches et consument nos vies à petit feu, y compris la nuit pendant notre sommeil. Oui, à Paris, l'air n'est vraiment propre que 4 jours par an, quand il a plu pendant trois jours consécutifs des hallebardes. Au final ? 48000 morts en France par déficience respiratoire sont directement imputables à la pollution en 2015.

La fermeture des voies sur berges entre le Louvre et le Châtelet ? Je n'y vois rien de scandaleux si ce n'est la Une des journaux. Mais comparons notre situation avec nos voisins comme l'Italie et par exemple les progrès réalisés à Milan : la circulation est sous contrôle du 15 octobre au 15 avril qui stoppe les voitures polluantes aux portes de la ville. Les seuils d'émission de particules fines sont de 50 mg pour le 1er niveau d'intervention des pouvoirs publics et de 70 mg pour le 2éme niveau. Les véhicules diesel antérieurs de 2006 sont interdits ainsi que les feux de cheminée. Et depuis 2012, 43 portes d’accès constituent une barrière de péage qui limite l'accès au centre ville, au prix de 5 euros par jour. Et suite à ces décisions d'abord très impopulaires, la circulation à baissé de 30 % et le taux de particules fines de 40 %. Oui, l'air est devenu plus sain à Milan et la qualité de vie s'y est nettement améliorée, voilà madame Pécresse !

Alors, moi je rêve du « réseau routier intelligent » à venir : des voitures sans chauffeurs évidemment, une circulation fluidifiée, la maîtrise des flux, une pollution combattue activement, des voitures assistées par ordinateur qui prennent et déposent leurs passagers suivant des itinéraires optimisés par des super-calculateurs ; des voitures sans propriétaires qui repartent immédiatement vers d'autres courses ; des voitures ne s'arrêtant que pour des recharges électriques rapides ; des voitures desservant les villes le matin et les banlieues le soir ; des véhicules disponibles même en pleine nuit, pouvant passer en mode furtif dans nos rues et disparaître si nécessaire vers quelques garages pour un dernier réglage ; des voitures toujours pleines de passagers suivant les principes modernes de covoiturage et de partage : des voitures « socialistes » en somme, à la façon de notre mairesse Anne Hidalgo ! Ce réseau automatisé rendra obsolète l'idée de la voiture particulière et du taxi privatif. Et puis surtout, la conduite complètement automatisée épargnera des millions de vies dans des collisions, des accidents stupides jusqu'au fauchage des pauvres piétons, en plus d'une énorme pollution qui s'additionne à celle du chauffage urbain en hiver.

Oui, un air enfin respirable, des voitures téléguidées, jamais à l'arrêt, prudentes, adroites, patientes, économes en vies et en énergie parce qu'électriques et chargées de capteurs, couvertes de cellules photo-électriques pour espacer les recharges, des voitures jamais immobilisées inutilement sur les trottoirs des villes : même les garages seront remplacés par des habitations et des lieux d'échange. Hélas, ce « futur en marche » demeure encore un rêve... car Paris est toujours parcourue par un flot incessant de véhicules répandant une odeur nauséabonde  et à bord ? Des sales
types « armés » qui se croient le droit de vie ou de mort sur chacun de nous. Merde ! Les parisiens fatalistes en ont pris l'habitude qui se laissent malmener à tous les coins de rues, klaxonnés, menacés en tombant du trottoir, insultés en coupant la course des automobilistes au risque de leur vie. Souvent, ils s'en faut de peut d'être renversé par les voitures ou même les deux-roues qui appuient sur l'accélérateur à tous les carrefours et qui méprisent les passages-piétons encore plus que les feux rouges. Au secours, madame Hidalgo !

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