vendredi 24 août 2018

Comment Macron a recadré Hulot : « Pendant le Conseil des ministres, je te demande de te taire ! », dans le blogiblag du 25/08/18 (LJ ©2018).

Quand Nicolas Hulot se présenta devant le bureau d'Emmanuel Macron pour un debriefing, il était encadré façon "patrouille de France" par Édouard Philippe à gauche et Gérard Collomb à droite. Macron avait décidé de "déminer son ministre de la Transition écologique… sinon il va me péter sa dem! ", pensa-t-il.

_Les vacances étaient bonnes, Nicolas? Il savait que non mais c'était une formule de politesse.

_ Avec les affaires... Je suis viré?

_T'espères vraiment que je te vire? Tes problèmes, c'est du pipi de chat! Et qu'est-ce qu'elle t'a dit, la vieille chouette?... Enfin, comment tu l'appelles, la vieille bourrique, la vielle bique?

_ Ah, Brigitte? Non, j'ai beaucoup respect pour elle. Je l'appelle madame Bardot. Mais là, elle m'a insulté, tu comprends? Non, je voulais parler du reste...

_Tu parles de ta déclaration de guerre contre Monsento-Bayer? La dernière fois que t'as fait une déclaration contre le Roundup, les ventes ont grimpé de 10% parce que tout le monde prévoit de faire des stocks en cas de pénurie. Alors, je te recommande d'être beaucoup plus prudent dans tes déclarations. Bardot t'a remis en selle mais pour cette réunion du Conseil des ministres, je te demande de te taire. Pas de fanfaronnades inutiles!

_Mais j'avais raison et maintenant, les tribunaux américains sont avec moi... Pourquoi toujours baisser sa culotte, hein? Les ressources planétaires sont polluées, l'eau est polluée, les couches-culottes contiennent du glyphosate et la seule façon de réagir, c'est d'accuser les écologistes? C'est pas comme ça que je vais gagner leur confiance! Avons nous le droit de confisquer la parole du peuple quand c'est lui qui tremble et qui meurt de notre incompétence? Il nous reste trois ans pour supprimer le glyphosate? Très bien, instituons un moratoire sur tous les pesticides, c'est le temps nécessaire pour que la terre se régénère un peu, et désignons dans chaque commune de France une « ferme témoin» des bonnes pratiques qui emploiera si nécessaire des chômeurs, des érémistes et des immigrés si ça leur chante! Mettons à leur disposition les outils pour désherber facilement, prouvons que c'est faisable, quoi! Pour les produits contaminés mis en vente, il suffira d'imprimer sur les étiquettes d'emballage les taux de polluants et de pesticides et les consommateurs feront le tri. Il existe maintenant des applications comme « Yuka » qui lisent les codes-barres et indiquent la valeur nutritionnelle... Pourquoi ne pas indiquer les taux de pollution? C'est...

Le Président Macron en avait assez entendu. C'était tout ce qu'il craignait: un Hulot remonté à bloc qui explose tout. L'heure était venue de le remettre à sa place.

_Nicolas... Nicolas! Le problème n'est pas là. Si demain j'interdis le glyphosate, d'abord je me mets à dos l'Allemagne qui vient de racheter Monsanto, ensuite tout le monde agricole! Et puis, si nous mettons des indicateurs de pollution sur les emballages, comment exporter nos produits devenus «toxiques» du jour au lendemain?

_L'Allemagne? Je m'en tape le coquillard comme dirait Brigitte bardot. Merkel a arrêté ses centrales atomiques et a relancé du même coup ses centrales à charbon archi-polluantes sans nous demander notre avis. Pour l'agriculture, l'Allemagne est le pays d'Europe le plus productiviste, le plus automatisé et le plus destructeur...

Macron s'agaçait sérieusement devant cette tête de mule, un vieux copain de B.B, qui reprenait les propos enfantins d'Allain Bougrain-Dubourg avec «la nature et les petits oiseaux ».

_Nicolas, si demain j'arrête les pesticides, les trains ne pourrons plus rouler: la SNCF, c'est 50 millions de dette et c'est 60000 km de voies à désherber avec au minimum 30 tonnes de glyphosate (ndlr: nos agriculteurs en consomment au minimum 8 500 tonnes), les avions ne pourrons plus décoller sans désherber à fond et si les sociétés d'autoroute ont besoin de Roundup pour nettoyer les bandes d'arrêt d'urgence, que faisons nous pour assurer la sécurité des automobilistes? Avec toi, le TGV deviendrait une grosse tondeuse à gazon et l'économie française s'arrêterait net: Nicolas, tu veux la révolution et la ruine de notre beau pays?

Quand la sagesse populaire montre les dangers de la pollution, le politicien montrent le PIB et les dettes...

_ Monsieur le Président... si tout est mort... si les plantes et tous les animaux restant sont systématiquement empoisonnés dans les champs, au bords des des routes et des voies ferrées? J'ai traversé la France de Lille à Marseille à la fin du printemps sans rencontrer un lapin, un hérisson, une alouette, ni la moindre abeille, le moindre papillon, la moindre fleur sauvage et sur mon pare-brise, pas même une mouche écrasée! C'est ce désert aseptisé que nous voulons léguer à nos enfants? Tiens, on va offrir 500000 alouettes au lobby des chasseurs cet automne, une espèce d'oiseau chanteur en péril, pour faire de la « friture de petits oiseaux» et du pâté? Si je peux me permettre: il ne faudrait pas confondre «niche écologique» avec «niche économique» !

_Nicolas, je dois faire des arbitrages: oui, c'est cela gouverner et tu commences à me courir sur le haricot, si je puis utiliser cette métaphore légumière. Les alouettes, il en restera toujours assez, comme l'ours et le loup, et le glyphosate est trois fois moins dangereux que le café.

_Alors je peux vous en verser trois cuillerées dans une tasse d'eau légèrement radioactive parce que c'est soi-disant bon pour la digestion? Le glyphosate est le principe actif mais le Roundup est dix fois plus toxique à des doses infinitésimales: c'est un cocktail dont la composition gardée secrète contient des métaux lourds, des résidus de cuves de pétrole (huile fossile stable) additionnés de suie animale et d'arsenic (hors la loi) comme désherbant actif : vous reprendrez bien un peu de thé? Le problème, c'est que les abeilles sont dix mille fois plus sensibles que nous et que les doses de pesticides que nous supportons dans l'eau, l'air et la végétation leur sont fatales, en même temps que les  ondes électromagnétiques et la contamination radioactive. Ne croyez pas les fake news: la nature n'est pas «résiliente» autant que nous et  elle ne régénérera pas ses forêts abattues, ses marais asséchés et les populations animales disparues avant des millions d'années! Si c'était le cas, nous aurions déjà des truites, des brochets et des écrevisses dans la Seine. Je pense qu'il nous faut y mettre beaucoup plus de volonté, monsieur le Président...

_Nicolas, je te le répète, le glyphosate, le Roundup, le Gaucho, tout ça... c'est le cadet de mes soucis. On fabrique du miel de synthèse à base de sucre et on fertilise les plantes avec des drones, c'est ça le progrès, voilà! L'INRA cherche des solutions avec des molécules de substitution, alors en attendant tu fermes tes dossiers, tu mets tes mains dans tes poches et on en reparlera une autre fois, quand je te ferai signe.

Mais Nicolas Hulot, après cet effort hors du commun pour dialoguer avec Emmanuel, s'était évadé dans sa tête: il se grattait sous les aisselles comme un singe et il essayait de s'attraper le nez avec sa lèvre inférieure. Quand notre ministre de la Transition écologique commença à hululer stupidement en se tapant la tête des deux mains, le président Macron sut qu'il l'avait perdu encore une fois. Il appela l'infirmière pour qu'elle lui donne son médicament mais c'était presque un cas de maltraitance animale... Merde in France!

mercredi 15 août 2018

Vers une nouvelle société plus écolo ? : " Macron versus Pompidou ", dans le blogiblag du 16/08/18 (LJ ©2018).

Pompidou fut pour commencer un petit professeur de lettres qui enseignait le français, le latin et le grec puis un combattant de la Seconde Guerre mondiale. Après la fin de la guerre, par promotion sociale il accèdera aux plus hautes responsabilités jusqu'à devenir le président de la République française. Cette présidence, quoique écourtée par la maladie, sera des plus actives jusqu'à la fin de sa vie: en cinq ans, il a établi une "nouvelle société", pas exactement celle rêvée par son premier ministre Jacques Chaban-Delmas mais les deux visions se complétaient.

Auparavant, Georges Pompidou a acquis l'expérience de premier ministre en dirigeant quatre gouvernements successifs, sous la présidence du général de Gaulle. Il entraîna dans son sillage politique trois générations de futurs présidents: Valéry Giscard d'Estaing, François Mitterrand et Jacques Chirac.

Il décrivit François Mitterrand «sur les rives paisibles de l'opposition, comme les émigrés de l'Ancien Régime sur les rivages de l'Angleterre» et il lui dit : «l'avenir n'est pas à vous... L'avenir n'est pas aux fantômes». Et Mitterrand, une fois devenu président, fut tout aussi féroce avec ses adversaires: de DSK, il jugea que «C’est un jouisseur sans destin». Et DSK lui-même, viré du FMI, affirma à son tour que «Le PS n'a pas d'avenir et c'est une bonne chose».

Pompidou accepta finalement à contre cœur que la Grande-Bretagne, le cheval de Troie des États-Unis, entre dans la CEE, au risque de mettre en péril la Politique agricole commune (la PAC). Et la Grande-Bretagne montrera ses exigences et sa volonté d'indépendance, jusqu'à ce dernier référendum très récent pour sortir de l'UE, le Brexit.

Humaniste, Pompidou osa en son temps demander à redistribuer en partie les richesses accumulées pendant les «Trente glorieuses» par les nouveaux riches et offrir quelques avantages inespérés aux pauvres, aux ouvriers, aux femmes et aux handicapés dans les années 1970, avec par exemple des nouveaux hôpitaux modernes et humanisés, des aides pour les familles et des ressources pour les personnes âgées, la réforme du système de retraite, des garanties sociales face à l'accident, la maladie, la vieillesse, la mensualisation des salaires, la revalorisation du travail ouvrier et la formation professionnelle, la création d'une allocation aux adultes handicapés, la politique de congés payés la plus généreuse de la Communauté européenne, la réforme du salaire minimum etc.

Son nom évoque encore «la capacité de l'État à mener l'industrialisation du pays», si possible dans la concertation (pour éviter un nouveau mai 68).

Face à la multiplication des accidents de la route, Pompidou créa le Comité interministériel de la sécurité routière, ce qui n'a pas empêché depuis des centaines de milliers de morts et surtout d'handicapés qui saturent les hôpitaux et creusent le déficit de notre «Sécurité sociale».

Pompidou modernisa notre agriculture et encouragea l'agro-industrie sans savoir les ravages que cette industrialisation allait occasionner dans les cinquante ans à venir, avec la politique européenne de la PAC et la toute puissante FNSEA pour gérer les conflits d'intérêts. En même temps, il développa l'aménagement du territoire et organisa le remembrement, qui est devenu la ruine de nos campagnes. Malgré tout, il créa le Ministère de l’Environnement avec «la volonté politique de défendre la nature dans les années 70».

Il participa au lancement du premier satellite français, à la réussite de Airbus et du TGV, et il organisa le réseau autoroutier autour de Paris.

Enfin, pour ne pas tout citer, il travailla à nous transmettre sa passion dans les arts et les lettres, la transmission des savoirs et de la culture. Il eu pour Ministre d'État chargé des Affaires culturelles André Malraux dans quatre gouvernements successifs sous De Gaulle, à partir de 1962.

Ainsi restructura-t-il la société toute entière, jusqu'à l'approche de sa mort, pour améliorer notre sort commun et nous lui devons tout ce dont nous bénéficions encore aujourd'hui en France dans l'organisation du travail ou face à la maladie. Mais ses bienfaits s'estompèrent avec les révoltes sociales précédent le premier choc pétrolier en 1973 et la fin de nos trente années les plus glorieuses en France. Il se savait probablement condamné depuis 1971 et en 1974, la maladie le rattrapa.

Son Premier ministre, le co-auteur de ses réformes entre 1969 et 1972, fût Jacques Chaban-Delmas, un Saint-Cyrien, grand sportif, ancien résistant, devenu général de brigade, député-maire et trois fois président de l'Assemblée nationale. Pour son discours d'investiture en tant que Premier ministre de Pompidou, Chaban fut assez éclairé, établissant les bases d'une «Nouvelle Société» (mais à sa façon), comme un acte de foi et de solidarité.

Hélas, depuis Pompidou, tout tend à prouver que les technocrates qui se sont succédés, issus des grandes écoles, furent des bons-à-rien et des incultes. Pompidou lui n'était pas un inculte, mais sans doute un des derniers humanistes reconverti «dans l'intérêt de la France» en «capitaine d'industrie». Ses successeurs se contenteront souvent de perpétuer maladroitement ce que Pompidou avait conçu et réalisé.

Par exemple François Mitterrand, lui aussi condamné par la maladie, ne fut souvent qu'un «petit joueur» aux remarques acerbes: «Cela ne vous regarde pas !» se plaisait-il à dire. Giscard d'Estaing lui fût le plus inspiré de tous ces Présidents en écrivant une «Constitution européenne» et Jacques Chirac passa du bon temps en allant bouffer du saucisson et tâter le cul des vaches au Salon de l'agriculture.

Aucun de tous ceux-là dénoncèrent les défauts criminels de cette industrialisation forcenée de notre pays: des usines immensément polluantes et une agriculture productiviste obèse et destructrice à base de produits chimiques, celle imposée par La politique agricole commune (la PAC) pour obtenir les plus hauts rendements possibles.

Après, que dire de Macron, versus Pompidou, en imaginant un tel combat sur le ring?

Macron n'est lui qu'un poids coq (quand Pompidou était un poids lourd), même avec le boxeur Édouard Philippe comme premier ministre. Sa vision est rétrécie et il ressemble à tous ces technocrates fondus dans le même moule des grandes écoles: sa culture semble notablement insuffisante, voire curieusement absente et plus basée sur un exercice de mémoire que sur une compréhension historique, même s'il passe ses nuits d'insomnie à lire. Mitterrand, Sarkozy et Hollande avaient eux aussi essayé de se frotter à la culture moderne avec plus ou moins de bonheur et parfois dans des registres secondaires: la littérature mais aussi le cinéma, la chanson pop etc.

Hélas, l'essentiel n'est pas ce que l'on peut en voir: la «culture humaniste» nait de l'observation, de la comparaison, de l'étude, du plaisir et du souvenir. Intellectuel dans les livres, sensuel dans les musées (dont la France est riche) et dans la nature admirable, l'humanisme établit naturellement des échelles de valeurs pour juger de son temps. Il n'a rien de prémâché ni de prévisible et donne le goût de l'effort, du voyage et de la conquête.

A l'opposé, le développement du «tout numérique» dont Macron a été le ministre sous la présidence de François Hollande favorise une «culture hors sol», la numérisation/virtualisation de tous les éléments qui semblent caractériser notre exception culturelle, le transfert de toutes les informations numérisées vers les bases de données du «Big data» en Amérique ou en Inde pour ensuite les restituer à la demande sur des écrans quelconques, le captage de nos identités en passant pour monétiser ces transferts, l'utilisation du réseau de communication «plug and pay» américain et le tout orchestré in fine sur les places boursières dans le culte du profit roi et de la réussite insolente: «Tiens, bouffe, c'est du rata...».

Macron est-il le génie qu'on imagine? Gagne-t-il des parts de marché ailleurs que dans l'industrie de l'armement militaire? S'il sacrifie des pans entiers de la France: l'espace aérien (Air France); l'espace électronique, informatique et numérique avec la fuite de nos technologies et de nos ingénieurs (après l'échec d'Alcatel-Lucent, de Matra, d'Alstom démantelé et cédé à General Electric ou Siemens); nos administrations publiques bientôt numérisées dans le Big Data et externalisées en Inde; nos commerces ubérisés dont les hôtels et les restaurants et le tout offert à l'hégémonisme des grandes puissances, des multinationales et des marchés financiers, alors un tel gouvernement menace grandement notre économie et notre indépendance. Bientôt, nous serons muséifiés et statufiés comme des cons, un képi sur la tête et une baguette sous le bras.

D'ailleurs, je pense qu'on nous a survendu le "beau gosse": s'il a éprouvé le besoin d'épouser à tout prix sa "professeure de lettres" qui animait jadis l'atelier théâtre dans son lycée, ça prouve seulement qu'il est allé à l'école et qu'il a fait un blocage sur sa prof. Est-il plus intelligent pour cela? Je ne crois pas non plus à sa précocité, mais seulement à son opportunisme: il a séduit une femme mariée, voilà. Mais emmener sa prof à la maison n'est pas forcément une bonne idée... C'est comme une seconde mère! Il lui restera donc encore à apprendre l'indépendance, voire la solitude pour évoluer.

Macron se veut le représentant d'une «génération numérique», au moment où les nouveaux smartphones semblent avoir réponse à tout, avec l'assistance de programmes pseudo-intelligents. Son QG opérationnel informatisé l'a-t-il aidé à remporter les élections présidentielles? Sans doute mais cela le dessert face à la stature d'un Georges Pompidou. Le traitement et l'étude d'une grande masse d'informations personnelles peut favoriser un candidat sans parti et sans soutien en lui indiquant les bons choix, comme dans une élection truquée par Donald Trump, mais sans rien ajouter à sa grandeur. Pour ces hommes on parle de «charisme», une chose mystérieuse pour décrire leur succès surprenant, mais Steve Jobs hier ou Donald Trump aujourd'hui peuvent nous paraître absolument détestables malgré leur réussite personnelle.

On parle souvent «d 'intelligence artificielle» à propos des machines mais ce ne sont que des super-programmes qui servent de plus en plus à faire tourner le monde sur des écrans de contrôle avec des opérateurs, des informaticiens et des programmeurs derrière. Il reste aux robots, pour devenir «humainement intelligent», de se mettre vraiment à notre service, c'est à dire d'intégrer une «démarche humaniste»... Sauf que l'humanisme ne s'invente pas, ne se copie pas ni ne se décrète, et ce ne sont pas des gamins dans des salles informatisées qui peuvent traduire une culture ancienne, dont ils ignorent tout, en langage machine. Ainsi, pour faire simple, comment intégrer la pauvreté, l'ignorance, l'isolement, la vieillesse, la maladie et la mort dans leurs algorithmes? Et au service de qui, dans quel projet et par quelles manipulations?

Pompidou se mit au service des hommes et non d'une société virtualisée «plug and pay». Il ne voulait pas d'une «super-structure étatique» dirigée par un sphinx à la façon de François Mitterrand ou un dieu comme Jupiter (le nom de son labrador). Il se demandait simplement comment améliorer la vie de chacun, et il élabora les réformes correspondantes comme autant de programmes sophistiqués présentés aux citoyens : «Vous en avez rêvé? Je l'ai fait...» mais rien à voir avec un ordinateur Apple et la vanité d'un Steve Jobs.

Pompidou expliqua qu'il croyait plus en l'homme qu'en la société. Sauf qu'il y a un nouveau concept à inclure à son discours, et Georges Pompidou l'aurait vite assimilé: la société prise dans son ensemble agit comme un super-organisme auto-destructeur avec sa folie guerrière, ses industries polluantes rejetant des gaz à effet de serre et son agriculture intensive fatale à la biodiversité.

Pour redresser ces penchants mortifères, il faudrait que chaque individu prenne conscience d'être la partie d'un tout et de la menace globale qui pèse sur la planète entière par effet de contamination: le réchauffement climatique, l'épuisement des ressources, l'injustice croissante de la condition humaine entre le Nord et le Sud, le manque d'eau, les guerres etc.

Chacun d'entre nous devrait avoir la capacité d'interpeller le pouvoir en place pour faire pencher la balance du bon côté des choses, alors que les puissants, les riches, les pourvus, les industriels et les agriculteurs, les banquiers et les financiers, les gouvernements, les lobbys et tout l’Establishment demeurent dans le déni. Ceux-là repoussent le "principe de précaution" (qui dit:"dans le doute, abstiens-toi", un principe de sagesse élémentaire) pour protéger leurs intérêts économiques à court terme, même quand ils savent que le coût social et planétaire sera infiniment supérieur aux bénéfices additionnés de quelques uns d'entre eux. Et une fois leurs méfaits accomplis, le principe "pollueur-payeur" est bafoué...

Je pense à cet agriculteur bien seul dans sa montagne, qui voit ses ruches vides d'abeilles et ses pieds de lavande desséchés. Jadis, ses ancêtres luttaient victorieusement contre les aléas climatiques, mais que faire contre les pesticides neurotoxiques et les gaz a effet de serre?

Le vrai problème est que le simple citoyen, même suffisamment informé, est privé de l'opportunité de s'exprimer en Europe (et pire ailleurs) pour dénoncer les abus évidents.

Notre seul espoir pour nous faire entendre en tant que «société dans l'imminence d'une destruction planétaire» est de «pétitionner». En l'absence de ces pétitions, nos dirigeants organisent des consultations de leur choix ou des référendums inutiles, avec des questionnements qui ne remettent pas en cause leur gouvernance.

Les «machines intelligentes» pourraient être utiles à l'humanité en faisant remonter les craintes de chacun vers nos gouvernements respectifs et en palliant aux excès industriels partout sur la planète. Les cerveaux électroniques ou quantiques, les automates et les robots deviendraient, dans un scénario catastrophe, des «super-flics» chargés de sauver la Terre contre notre irresponsabilité, par tous les moyens et toutes les restrictions possibles. En résumé, la forme la plus évoluée des machines serait de nous asservir pour nous protéger de nous même!

Pour éloigner le spectre d'une auto-destruction inéluctable, il faudrait qu'Emmanuel Macron se pose les bonnes questions: que faire pour nous protéger des industries ravageuses, de la pollution, des machines menaçantes et du transhumanisme au service de projets totalitaires? Quelles seraient, pour nous rendre la vie moins désespérante, les réformes à engager sans plus attendre?

Écoutons en quels termes humanistes s'exprimaient Georges Pompidou* et Jacques Chaban-Delmas*.

*«La République doit être celle des politiques, au sens vrai du terme, de ceux pour qui les problèmes humains l'emportent sur tous les autres, de ceux qui ont de ces problèmes une connaissance concrète, née du contact avec les hommes, non d'une analyse abstraite ou pseudo-scientifique de l'homme. C'est en fréquentant les hommes, en mesurant leurs difficultés, leurs souffrances, leurs désirs et leurs besoins immédiats, tel qu'ils les ressentent ou tel parfois qu'il faut leur apprendre à les discerner, qu'on se rend capable de gouverner, c'est-à-dire effectivement d'assurer à un peuple le maximum de bonheur compatible avec les possibilités nationales et la conjoncture extérieure. L'époque n'est plus à Louis XVI dans son palais de Versailles, au milieu de ses grands, mais rien n'y ressemblerait davantage qu'un grand ordinateur, dirigeant de la salle de commande électronique le conditionnement des hommes.» Dixit Georges Pompidou.

*«La nouvelle société que nous devons construire doit être aussi, faut-il le dire, une société solidaire ; solidaire, certes, à l'égard des faibles et des malchanceux, et à cet égard figurent au premier rang de nos préoccupations les mal logés, les personnes âgées, les handicapés et les veuves. Mais je n'aurais garde d'oublier ces travailleurs étrangers qui assument dans notre économie les travaux les plus pénibles et dont les conditions d'accueil et de vie doivent être améliorées. Notre société doit être également solidaire à l'égard des catégories sociales et des individus qui sont particulièrement touchés par l'indispensable mutation de nos structures économiques. Ce gouvernement veut être celui de la réconciliation et de l'action. Depuis des siècles, notre vieux pays a connu toutes les gloires et toutes les misères; triomphes et défaites se sont succédés; les régimes ont passé et des hommes dont l'amour pour la France ne pouvait être suspecté se sont déchirés au nom même de cet amour. Bien des blessures, des rancœurs et peut-être des haines subsistent encore. Assurer à l'homme sa dignité, lutter contre toutes les injustices, tel est le sens du grand combat que nous devons mener. Il s'agit là d'un grand effort qui ne peut se concrétiser, se réaliser que dans l'union de tous». Extrait du discours d'investiture de Jacques Chaban-Delmas.

Et je pense au ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, quand il cherche à nous mobiliser face aux catastrophes qu'entraînent le réchauffement climatique:

«Nous avons collectivement une immense responsabilité... Nous ne pouvons plus entretenir des divisions, réelles ou factices, alors que cet enjeu appelle une réponse universelle. La confrontation politique est nécessaire, mais sur ce point, faisons la paix. J'appelle à une union sacrée sur le climat...».

Et si la nouvelle société française devenait moins industrielle et plus écologique? Comment la dessineriez vous, monsieur Macron? Ne vous réfugiez pas dans le virtuel et devenez le précurseur d'une écologie réelle et solidaire quand le monde part à la dérive. Car, malheureusement,
la pollution est optimisée par les industriels pour atteindre des bénéfices records, quitte à s'acquitter d'un «bonus-malus écologique» en passant  les taxes correspondantes par la case «pertes et profits»: un simple jeu comptable, quoi! Merde in France.

vendredi 10 août 2018

Nicolas Hulot fragilisé : « L'éducation aux gestes éco-responsables est-elle possible ? », dans le blogiblag du 10/08/18 (LJ ©2018).

Les Français n'ont semble-t-il pas vraiment changé, ni évolué: pour les vacances, nos compatriotes n'ont pas renoncé à leurs voitures ou à l'avion pour voyager, aux appareils d'air conditionné pour se rafraîchir, aux hamburgers, aux iphones et autres smartphones à prix d'or ainsi qu'à toutes les surconsommations et à leurs emballages. La vente des voitures Renault et Peugeot à essence, comme le diesel, est en hausse et l'écologie n'est pas le sujet de conversation cet été. Les voitures électriques ne sont plus de mode, même si la France est en surconsommation d'électricité qu'elle exporte vers les pays voisins pour aller alimenter quoi? D'autres appareils à air conditionné achetés en masse, des réfrigérateurs et des écrans plats etc.

Les Français n'ont aucune réflexion, qui acceptent de mourir par dizaines de milliers comme jadis de la peste, au moyen-âge: pourtant, leurs maux sont identifiés qui sont liés souvent à la vitesse, à la surconsommation, à la surproduction (pour exporter), à la sur-industrialisation et à la pollution sans cesse croissante. Le tri des déchets ne fonctionne absolument pas et la tentative d'imposer l'usage des véhicules électriques est un échec à Paris comme ailleurs. 


Par exemple, le glyphosate, ce produit criminel à l'usage des petits jardiniers et des agriculteurs sous le nom de "Round up" ou autre, a été autorisé  pour encore trois ans en France quand il vient d'être condamné par les tribunaux aux États-Unis! C'est exactement comme pour le scandale du tabac ou de l'amiante... Nos gouvernants mettront-ils un demi siècle pour l'interdire, et au prix de combien de vies?

Les voitures aussi sont assassines:
«l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR) a révélé ce vendredi les chiffres de la mortalité sur les routes en France pour le mois de juillet 2018. Par rapport au mois de juillet 2017, le nombre de morts est en baisse, avec 344 décès enregistrés, contre 346 à la même période l'an dernier sans que le lien avec la baisse de la limitation de vitesse à 80 km/h soit évident».

Les Français râlent bien un peu à cause de la surchauffe de l'atmosphère mais sans vouloir limiter leur circulation incessante, la construction de routes et de bâtiments, les rejets asphyxiants dans les airs et toxiques dans les eaux. Les animaux continuent d'être sacrifiés quotidiennement par millions à leur appétit, les campagnes sont asséchées, les sources et les nappes phréatiques taries, les rivières pompées à mort pour l'irrigation des cultures et le refroidissement des centrales atomiques, et le plastique continue de s'imposer en bouteilles et en sacs qui jonchent le sol ou réapparaissent à la surface des décharges après enfouissement.

Seulement 3 % des Français auraient peut-être un mode de vie «éco-responsable» avec les gestes correspondants, soit par choix et conviction, soit par obligation ou isolement, soit qu'ils sont trop pauvres pour prétendre bénéficier des avantages de la surconsommation ambiante.

La chaleur intense qui dépasse les 40°, et qui peut atteindre 8° de plus dans les villes que dans les campagnes, multiplie les feux de forêts mais cette chaleur est vue au final comme une chance pour les estivants, explique-t-on sur Europe 1: «Vous allez bénéficier d''un bon ensoleillement et d'une journée estivale mais n'oubliez pas de boire, de manger des glaces, de vous baigner et de vous tartiner de crème solaire!».

Fatalement, ce sont les contribuables français qui paieront un jour pour le réchauffement climatique, comme pour les accidents des centrales atomiques et la contamination ambiante (et pour finir pour le démantèlement des centrales atomiques et l'enfouissement des déchets). Ce sont eux aussi qui paieront pour les routes défoncées quand les transporteurs routiers internationaux empruntent les routes secondaires pour éviter les péages et font leurs pleins de gas-oil en Espagne ou en Belgique. Et puis, les émissions de gaz nocifs sont rabattues par les vents sur les villes et les villages et encore plus de Français sont incommodés et menacés de cancer du poumon: ainsi, chacun d'entre nous est susceptible de fumer l'équivalent de 1 à 3 cigarettes par jour, et bien plus dans les villes et les endroits pollués, au bord des routes, dans les aéroports et dans les ports accueillant des navires de croisière, des pétroliers et des porte-conteneurs.

C'est dans ce contexte négatif que Nicolas Hulot officie, d'autant que les citoyens «éco-responsables» sont accusés d'activisme et d'extrémisme: ainsi sont-ils désignés comme les nouveaux anarchistes, voire des terroristes contre les abattoirs, les boucheries, les viandards, contre l'agriculture productiviste, contre la croissance économique «à tout prix» et le «plein emploi»
garanti par les industriels  en échange d'une économie libérale sans freins, injuste et anti-sociale à l'exemple de l'Amérique de Trump.

En voulant lutter contre la pollution et la vitesse des voitures, les «écologistes» sont même accusés des embouteillages ponctuels sur les «voies rapides» des bords de Seine à Paris. Mais les embouteillages monstrueux à l'entrée des villes depuis 50 ans, ben, c'est normal pour les automobilistes: on peut dire que c'est la preuve de notre bonne santé économique, quand chacun pollue un maximum et perd son temps dans sa caisse!

On comprendra alors l'intérêt d'inscrire la protection de la Nature, de l'Homme et des Animaux dans l'article 1 de la constitution, pour réformer un «mode de pensée» indigent, celui induit par les opportunistes décérébrés, les politiciens machiavéliques, les journalistes véreux, les économistes officiels d'un libéralisme débridé et les industriels sans scrupules qui tirent les ficelles.

Pour lutter contre les cancers provoqués par ces pollutions diverses, l'industrie toute puissante alliée aux laboratoires de recherche met au point des traitements qui altèrent l'ADN pour renforcer nos défenses immunitaires, au risque de détruire le génome humain.

L'exemple le plus flagrant,
à l'ère du pangénisme, est celui de la compagnie agrochimique Monsanto qui  fabriquait des poisons violents en très grandes quantités (l'Agent orange pendant la guerre du Vietnam, le Ranger pro et le Roundup pro aujourd'hui) et qui sélectionnait les variétés de plantes transgéniques résistantes à ces mêmes poisons. La principale erreur de Monsanto fut de ne pas prévoir des «jardiniers, paysans et agriculteurs transgéniques» résistants à leurs pesticides. De fait, des robots auraient bien mieux fait l'affaire pour éviter des milliers de morts. Après, des millions d'avis défavorables sur les réseaux sociaux ont-ils convaincu les États-Unis de pratiquer le "greenwashing"? Très critiqués, ils se sont débarrassé de cette entreprise assassine, un fleuron militaro-industriel  qui travaillait jadis pour l'armée américaine (l'uranium de la bombe atomique en 1940, l'agent orange de la guerre du Viêtnam à partir de 1961), en le cédant en 2016 à l'allemand Bayer (qui travaillait jadis pour les nazis pendant l'Holocauste): les chiens ne font pas des chats! Entre génocide et écocide, il n'y a que deux lettres de différence.  Remarquez, si les Allemands ont pu payer 66 milliards de dollars pour capter des brevets, des marchés et des usines, c'est sans doute parce que Monsanto a fait des avancées majeures dans la recherche sur les OGM. Si le pangermanisme est mort, le pangénisme est la voie royale de l'eugénisme, notre avenir à tous: l'Allemagne prend la relève! En attendant, Trump demande de réorienter l'effort militaire américain vers «une  Force de l'espace».

Alléluia, ce vendredi 10 août, un petit jardinier américain cancéreux en phase terminale a réussi, contre toutes attentes, l'exploit invraisemblable de faire condamner Monsanto-Bayer! Quoi, les tribunaux américains se décident enfin à agir, après 40 ans d'immunité? Oui, d'autant que le Pentagone ne soutient plus Monsanto, avalée par le groupe européen Bayer: maintenant, ce sont les Allemands qui vont payer la facture, amen.

Mais peut-être faudrait-il identifier et contrecarrer les causes des cancers avant d'essayer, 40 ans trop tard, d'en contrarier les effets à coups de manipulations génétiques? Pour renforcer leur effet d'annonce, les journalistes interrogent quelques miraculés sauvés du cancer par les chercheurs français: «merci, merci, merci!» répondent les ex-malades. Voilà comment les progrès de la recherche en
thérapie génétique peuvent servir à dédouaner les groupes industriels de leur irresponsabilité, que ce soit Monsento, Bayer ou d'autres.

Sur le même modèle, la chirurgie réparatrice «française» redonne de l'espoir aux accidentés de la route par milliers: un brave chirurgien vous greffera peut-être, si vous le méritez, un visage, une main, un cœur artificiel ou un morceau de foie. C'est ça, le progrès! Et Renault ou Peugeot, nos fleurons de l'industrie automobile, s'en lavent les mains.

Il y a trois jours, l'interview de Nicolas Hulot par un animateur plutôt stupide sur la radio «Europe1» a tourné à l'incompréhension totale et Nicolas s'en est irrité. Le lendemain, deux journalistes invités, des «nettoyeurs», sont venus
«finir le travail» et prouver si possible «l'échec complet du ministre de la Transition écologique et solidaire». L'affaire fut jugée manu-militari en moins d'un quart d'heure: on sait pour qui roulent les grands groupes financiers! L'écologie est ainsi refoulée et méprisée quotidiennement, suivant un modèle de communication journalistique optimiste, opportuniste et destructeur au service des annonceurs... Ici, le plan com «plug and pay» du groupe Lagardère! 

Partout, les lobbys contrôlent les communications: les dangers des OGM et des pesticides ne sont toujours pas établis officiellement  50 ans après et toute jurisprudence est réfutée*. De même, les effets des contaminations radioactives sur la population française continuent d'être niés par les gouvernements successifs, quand par exemple des millions de français sont atteints à la thyroïde. Les nuages radioactifs se sont arrêtés à la frontière, voilà! Mais, au Japon comme en Russie, les taux de radioactivités admissibles sont sans cesse revus à la hausse.

La critique la plus fine lancée contre Nicolas Hulot par ces «pauvres cons» d'Europe1 fut qu'il n'a pas la stature d'un ministre d'État, de la Transition écologique et solidaire, seulement celui d'un lanceur d'alertes, voire d'un pleurnicheur façon «Caliméro». Voudrait-il insister? Il sera alors accusé d'être un dangereux activiste, celui de la désindustrialisation menant à la récession économique et au chômage généralisé. L'écologie à bon dos!

Nicolas Hulot est-il le point faible du gouvernement Macron en menaçant sans cesse de démissionner ou bien est-il son «label qualité»? Pour sûr, il a besoin d'être encouragé par les citoyens «avertis» quand les lobbys appuient sur tous les leviers pour déstabiliser un gouvernement contraire à leurs intérêts.

Et comment pourraient-ils accepter la décroissance en France, à seulement 1,8 points en 2018 (à l'égal de l'Allemagne) contre une croissance annualisée de 5,4 points aux États-Unis, attribuée à la politique industrielle, fiscale et ultra-agressive de Trump? (et non à Barack Obama, ce communiste !). L'affaire est entendue et nos petits journalistes (à la vue courte) anticipent la démission de monsieur Hulot.

Hein, mais comment Hulot a-t-il osé proposer d'inscrire «l'écologie » dans l'article 1er de notre constitution nationale? Et les végans qui veulent supprimer les barbecues... Non! Merde in France.


*«Nous ferons appel de la décision et continuerons à défendre vigoureusement ce produit qui bénéficie de quarante ans d’utilisation sans danger et qui continue à être un outil essentiel, efficace et sans danger pour les agriculteurs et autres usagers» Bayer and cie.

mercredi 8 août 2018

Emmanuel et Brigitte : « Les petits secrets de Fort Brégançon», dans le blogiblag du 08/08/18 (LJ ©2018).

Emmanuel faisait ses devoirs avant d'aller au lit: il s'était fait une obligation dès son plus jeune âge de consigner quotidiennement ses impressions du jour sur ses cahiers. Brigitte, elle, se rafraîchissait les fesses dans sa baignoire «Mireille Darc», qui remplace depuis peu l'antique baignoire émaillée du général De Gaulle.

N°1. Brexit or not Brexit?

Ce vendredi, j'ai reçu Theresa May à Fort Brégançon. Elle m'a suggéré d'envisager avec Michel Barnier un «Brexit soft»:

_ C'est l'intérêt des 27 et tu dois te souvenir de la City, Emmanuel, puisque c'est elle qui t'a offert son appui financier il y a deux ans déjà, pour aider à ton élection... Ce serait juste de lui retourner la politesse...

_ Do you think so? Je ne suis pas un traître à mon pays!

_ ...Quoiqu'il arrive, a-t-elle persiflé, les banquiers garderont le secret des comptes des grandes fortunes de France qui sont venues se réfugier en Angleterre depuis la révolution française jusqu'à la présidence de François Hollande, quand tu étais encore ministre de l’Économie, et ces familles de millionnaires sont bien plus nombreuses que les quelques banquiers de HSBC qui sont supposés s'installer à Paris!».

Saperlipopette, mais c'est le monde à l'envers. Je lui ai répondu fort civilement:

-Theresa, je ne suis pas le général De Gaulle, celui qui avait refusé l'entrée du Royaume Uni dans le marché commun. Nonobstant, les Anglais peuvent toujours revenir à la raison... (English people should return to their senses) car, d'après les études statistiques de mon état major, les anti-brexit atteindront 55% du total des votants d'ici la fin de l'année. Alors, pourquoi ne pas tenter un référendum gagnant? David Davis et Boris Johnson ont démissionné et l'Irlande refuse les barrières douanières... La conjoncture est maintenant très favorable. À toi de voir...

Après le dîner, nous avons disserté longuement sur l'état du monde et nous avons fini par un petit bain de minuit.

N°2 . Fort Brégançon ou Fort Braguette?

Ce samedi, nous avons traîné au lit avec Brigitte et j'ai tellement baisé que j'ai des lunettes de plongée fumées à la place des yeux! Brigitte m'a pommadé avec son anti-cerne et nous allons rester en mode «sous-marin» jusqu'à lundi. Mardi, nous prendrons notre premier bain de foule.

Mon problème majeur n'est pas le priapisme mais l'éjaculation précoce. Je suis trop tendu et je décharge comme un lapin. Heureusement que Brigitte m'aime et qu'elle comprend tout!

Après avoir foiré les trois premiers coups, ma «petite sauterelle d'amour» m'a questionné ainsi:

-C'est l'affaire Benalla qui te met dans cet état?

-Quoi ? Bien sûr que non... Mais pas si sûr! Cette affaire me colle aux doigts comme le sparadrap du capitaine Haddock.

Après, nous sommes allés nous baigner dans notre piscine «hors sol» en bois. Je l'ai faite remplir avec de l'eau de source: à 20 centimes le litre, le plein revient à 10000 euros (mais c'est notre petit secret...), parce que je ne supporte pas le chlore qui m'irrite les yeux et me rougit la peau des couilles. Brigitte s'est fait épiler le maillot façon ticket de métro sous son tout petit bikini et moi j'ai la barre vitaminée de travers qui dépasse du slip de bain. En arrivant à la piscine, et de rire ! Nos invités Theresa et Philip May nous y ont précédé. Le problème c'est que l'eau est tellement pure, à près de 30 degrés, que mes spermatozoïdes peuvent y nager à l'aise pendant trois jours. Fort heureusement, Theresa ne risque pas de tomber enceinte de mes œuvres, mais elle risque d'avaler quelques uns de mes spermatozoïdes égarés.
 

-I wish you my best spermatozoids, Theresa!  

N°3. Fort Brigitte

Brigitte ne veut pas me voir travailler au fort de Brégançon et m'impose un repos salutaire pendant 3 jours. Mais je suis un petit dormeur (comme Napoléon Bonaparte et Victor Hugo) et il me faut faire quelque chose pour ne pas m'ennuyer !

Dimanche à mon réveil, vers 4 heures du matin, elle m'a fait une surprise: Brigitte m'a menotté le poignet à la tête du lit. Elle était nue avec comme cache-sexe un petit tablier blanc de soubrette. Après, elle a sorti du coffre-fort un petit fouet en plastique «sado-maso» et elle m'a obligé à manger des fraises Tagada et des nounours à la guimauve qu'elle réserve pour moi dans des bocaux de 5 litres. Ensuite, nous nous sommes emboîtés merveilleusement bien et toutes mes tensions ont disparu d'un seul coup.
 
Ah, je respire l'air du grand large! Je suis un aigle dans son nid, au sommet du rocher... Vers 7 heures du matin, après que Brigitte s'est refaite une beauté, nous sommes descendus baguenauder sur la plage en amoureux. Rien ne vaut la mer, l'eau salée et les vagues, et aussi un bon livre pour passer le temps! C'est ce que je dirai mardi devant la foule de mes admirateurs. Peut-être y aura-t-il encore François Hollande? Non, je plaisante... Mais que dire de ce benêt-là? Croit-il que je vais l'inviter à Fort Brégançon? Tiens, quand les andouilles rouleront en scooter, je le nommerai chef d'escadrille.