Paris, l'Élysée et Macron accusent la "dérive idéologique et sécuritaire" du Kremlin ainsi que "le discours paranoïaque" de Poutine. Et pas besoin d'être un mentaliste: il suffit de voir la POKER FACE de la matriochka de POUTINE et celle de son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov pour comprendre que c'est du sérieux. On pourrait parler ici du syndrome de Napoléon quand un homme de petite taille (1m70, comme François Hollande) compense par une agressivité exacerbée. Le contraire serait le syndrome du "bon géant". Mais Poutine n'est pas fou, alors quoi ?
En théorie, les sanctions économiques devraient suffire pour faire plier la Russie en tant que ploutocratie mais c'est sans compter sur la légitimité de Poutine et sa "tzarification" qui lui donne toutes autorités. Il vit en vase clos, protège férocement sa vie privée et il peut se bunkériser à tout moment. Ainsi est-il peu sensible aux contraintes extérieures. Il a aussi des ressemblances dans sa gestion du pays avec Kim Jong-un, le dirigeant suprême de la République Démocratique de Corée dont le jeu favori consiste à tirer régulièrement des missiles balistiques pour faire parler de son pays comme d'une grande puissance militaire. Se présenter comme "un fou dangereux" a ses avantages quand on vit "sur la défensive, en ne comptant que sur soi".
Non, on ne joue pas avec ces gens-là et c'est ce qu'a appris le président MACRON en entamant des pourparlers concernant l'UKRAINE quand Poutine a rappelé que son pays est l’un des principaux États nucléaires : « Il n’y aura pas de gagnants et vous serez entraîné dans ce conflit contre votre volonté. Vous n’aurez même pas le temps de cligner des yeux lorsque vous exécuterez l’article 5 (défense collective des membres de l’Otan). Monsieur le président (Macron), bien sûr, ne veut pas cela, et je ne le veux pas, c’est pourquoi il est ici, me torturant pendant six heures d’affilée. » a lâché le président russe entre ses dents serrées.
La Russie n'arrive qu'au 13ème rang au classement des pays par le PIB, après la Corée et le Brésil. Et elle n'entre pas dans le classement des trente premiers pays pour la richesse par tête d'habitant (quand la France se classe péniblement au 29ème rang). Sa principale richesse est le gaz naturel dont le prix flambe actuellement et qui permet à la Russie de s'enrichir facilement mais quelles sont les autres options? Poutine a-t-il pensé qu'en attaquant l'Ukraine, l'Europe fermerait les gazoducs en provenance de Russie? Évidemment. On peut penser que la situation est analysée minute par minute dans son QG avec les ordinateurs de simulation de guerre les plus puissants du monde, et que la perte de certaines ressources entre dans les paramètres. Concernant les menaces sur les banques russes et les richesses de quelques oligarques, on supposera aussi que c'est sous contrôle et que le nationalisme sera toujours le plus fort. Après, difficile pour l'occident de priver la Russie de toutes ses sources de devises en dollars et en euros: les oligarques menacés ont des amis qui ont des amis... Autant condamner le réseau tout entier !
Une des solutions les plus simples pour appauvrir la Russie serait de faire chuter le prix des hydrocarbures en inondant le marché et en tenant compte de l'arrivée du printemps et du réchauffement climatique dans l'hémisphère nord. Poutine pourrait jouer la montre en attendant que l'Ukraine cède à ses exigences, mais l'épuisement prévisible de ses réserves monétaires internationales et des échanges correspondants devraient le contraindre à réagir très vite, comme dans un château assiégé, car l'URSS n'est pas la Chine, 1ère puissance mondiale, et ne dispose pas d'un budget comparable avec en plus des réserves de devises astronomiques.
Si on veut croire à un accès de paranoïa de Poutine, dans ce cas, quel a été le déclencheur pour qu'il monte sur son char ? Que dit le FSB/KGB de la situation géopolitique ? La réalité fait penser que l'homme est un fin stratège et que des grands joueurs d'échec le conseil, mais pas Garry Kasparov. Le journal LIBÉRATION disait de lui en 2014:
"Vladimir Poutine est un maître en stratégie, un champion au jeu d’échecs. Il excelle dans ces domaines où nous nous contentons du rôle de candides, incapables même de retenir les leçons de l’histoire.
Ce qui sépare le stratège du tacticien, c’est d’abord la vision, poursuivie sans relâche. Monsieur Poutine n’en manque pas, recherchant avec constance et obstination la préservation de la zone d’influence russe et, au-delà, la reconstitution d’une Grande Russie. En bon stratège, il prend son temps, s’adapte aux circonstances et profite des opportunités. Il lui aura fallu attendre six années entre la saisie de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie et «l’Anschluss» de la Crimée. Combien en faudra-t-il entre celle-ci et la rive orientale du Dniepr, où les insurgés pro-russes sont déjà à la manœuvre ?"
Poutine a-t-il pensé qu'en annexant l'Ukraine, le monde entier fermerait les yeux ? Mais comment peut-il annexer un pays qui se refuse à lui, le bombarder pendant des semaines pour ensuite le rattacher glorieusement à la Russie mère, pour quelle liberté et quelles richesses ? Le voici donc assis sur le banc des accusés, la mine sombre, avec l'OTAN renforcé à ses frontières et les pays voisins hostiles: il gagne du terrain mais perd de sa superbe. Logiquement et stratégiquement, vu par un superordinateur/supercalculateur, l'affaire est jouable mais humainement cette guerre est condamnable et condamnée, n'en déplaise aux opposants du président MACRON qui avalisent les exigences de Poutine avant les élections présidentielles en France qui arriveront au mois d'avril. La seule conclusion valable, c'est que soit Poutine travaille sur une simulation d'état de guerre en temps réel qui analyse les gains et les pertes prévisibles pour attaquer au bon moment, soit la Russie est au plus bas qui n'a rien à perdre et Poutine prétend tirer un avantage décisif politique et économique, mais à long terme et quand il ne sera plus là, en lançant ses armées sur l'Ukraine. Poutine serait donc en train de signer son testament de chef d'État, pour le meilleur et pour l'empire... Après, sans doute, il pourra sourire.
France Culture dit de Poutine:
"Sur le papier, la Russie de Vladimir Poutine a tout du régime autoritaire et autocratique : assassinats des opposants politiques, fraude électorale massive, longévité du président, répression des manifestations, climat de menace pour les journalistes. Pourtant, sur le terrain, la popularité de Poutine est réelle et rendrait jaloux beaucoup de dirigeants européens. Pour autant, même si Poutine a été élu par un vote, peut-on dire que son régime est démocratique ?
Les Russes acceptent l’enrichissement personnel des leaders. Lorsqu’une enquête conduite par l’opposant Navalny met en évidence les villas et les richesses du 1er ministre Medvedev, ça suscite très peu de réactions de la part de la population russe. La grande majorité d’entre eux va noter une amélioration de leur niveau de vie dans les années 2000, notamment la première décennie où les revenus de l’État russe étaient très élevés en raison du haut prix des hydrocarbures. Poutine a fait le choix, non pas de développer le pays, mais d’augmenter les salaires des fonctionnaires et les retraites. Les Russes ont eu l’impression que le président redistribuait un peu les richesses du pays et ils trouvent normal que des riches se servent au passage et que des leaders politiques se servent aussi dans ses richesses".
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