Tous ceux qui voudraient me voir comme un surhomme évidemment se trompent. Tout au plus suis-je un cerveau prisonnier dans une boîte crânienne. Un gamin se plante devant moi et, les yeux dans les yeux, me balance en pleine poire :
_Monsieur Hawking, c'est quoi l'univers?
_L'univers est... une compression qui explose... une onde expansive... qui ouvre un espace élargi... à la vitesse de 300000 km/s... Les planètes et les étoiles sont comme le sable et le gravier dans le béton... Les trous noirs sont des points de résorption de l'énergie excédentaire... qui brûlent la trame spatio-temporelle... et rééquilibrent la gravitation... dans la soupe primitive.
Le gamin me dévisage, bouche bée, comme s'il avait serré la main de Michael Jordan.
Hein, hein, p'tit con... Ça t'en bouche un coin... Mais cette réponse, je ne l'ai pas faite en un claquement de doigts... Je l'ai dactylographiée avec les micro-mouvements de mon pouce pendant plus de 20 minutes sur ma tablette et je l'ai enregistrée parmi une dizaine d'autres réponses au choix pour servir à mes interviews... Je suppose que la teneur de mon propos dépasse l'entendement de cette jeune personne mais là n'est pas le but... Simplement, c'est pour témoigner devant le monde entier que "je pense donc je suis encore vivant".
Hélas, je me fais vieux, mes neurones se cristallisent, je m'épuise très vite et je perds ma concentration... C'est pourquoi j'utilise depuis 2010 l'intelligence artificielle appliquée au langage pour m'assister... Il me suffit de taper trois mots d'un thème quelconque pour qu'un algorithme prédictif compose un texte d'une demie-page dans mon style et avec mes mots préférés... Les meilleures résultats obtenus sur le thème de Dieu ont été compilés sous forme de discussion pour en faire un livre édité sous mon nom... la critique n'a pas été tendre avec moi... J'ai aussi offert quelques textes prétendument "savants" pour servir d'introduction aux ouvrages de mes amis... Maintenant, le plus souvent, je me contente de taper trois lettres au hasard et l'écriture prédictive me fait dire n'importe quoi... Non, c'est plus vraiment moi car ce programme artificialise mes propos, me caricature, me dévoie... Pire encore, ma pensée se simplifie à l'extrême et je deviens ordinaire.
Aujourd'hui, je suis réduit à n'être plus qu'une poupée de chiffon connectée à un ordinateur, la tête de travers dans un rictus éternel... un pantin a qui l'on a coupé les fils, écroulé sur lui-même, la poitrine creuse et les jambes trop longues qui pendent lamentablement sur une chaise roulante... D'autres avant moi ont été «éteints» définitivement car personne ne se souciait plus de recevoir leur bonne parole.
Fini les voyages interplanétaires... Mon dernier rêve est de devenir une "Rock Star"!... C'est pourquoi j'ai assisté à la télévision aux obsèques nationales du chanteur français Johnny Halliday, une sorte d'archétype d'artiste, un être frustre avec des paroles fortes... une "bête de scène" qui a américanisé son nom pour entrer dans le showbiz... Après lui, je sais que ma fin est proche...
C'est Johnny qui chantait au début des années soixante: «Retiens la nuit ». Il paraissait immortel 55 ans plus tard en chantant : «De l'Amour» , avant de mourir comme monsieur tout le monde d'un cancer des poumons métastasé.
Quand la dernière femme officielle de Johnny et ses deux filles adoptives ont embrassé son cercueil... je me suis rappelé ce baiser délicat de ma femme, quand je reposais inerte sur ma chaise roulante... Moi aussi, elle aurait pu m'éteindre avec des paroles convenues du genre:
_Tu comprends, mon chéri, je dois refaire ma vie. Je suis encore jeune!
Voilà pourquoi je veux rester modeste. Le début de la fin de mon histoire s'écrit en ces mots:
_Monsieur Hawking, c'est quoi l'univers?
_L'univers est... une compression qui explose... une onde expansive... qui ouvre un espace élargi... à la vitesse de 300000 km/s... Les planètes et les étoiles sont comme le sable et le gravier dans le béton... Les trous noirs sont des points de résorption de l'énergie excédentaire... qui brûlent la trame spatio-temporelle... et rééquilibrent la gravitation... dans la soupe primitive.
Le gamin me dévisage, bouche bée, comme s'il avait serré la main de Michael Jordan.
Hein, hein, p'tit con... Ça t'en bouche un coin... Mais cette réponse, je ne l'ai pas faite en un claquement de doigts... Je l'ai dactylographiée avec les micro-mouvements de mon pouce pendant plus de 20 minutes sur ma tablette et je l'ai enregistrée parmi une dizaine d'autres réponses au choix pour servir à mes interviews... Je suppose que la teneur de mon propos dépasse l'entendement de cette jeune personne mais là n'est pas le but... Simplement, c'est pour témoigner devant le monde entier que "je pense donc je suis encore vivant".
Hélas, je me fais vieux, mes neurones se cristallisent, je m'épuise très vite et je perds ma concentration... C'est pourquoi j'utilise depuis 2010 l'intelligence artificielle appliquée au langage pour m'assister... Il me suffit de taper trois mots d'un thème quelconque pour qu'un algorithme prédictif compose un texte d'une demie-page dans mon style et avec mes mots préférés... Les meilleures résultats obtenus sur le thème de Dieu ont été compilés sous forme de discussion pour en faire un livre édité sous mon nom... la critique n'a pas été tendre avec moi... J'ai aussi offert quelques textes prétendument "savants" pour servir d'introduction aux ouvrages de mes amis... Maintenant, le plus souvent, je me contente de taper trois lettres au hasard et l'écriture prédictive me fait dire n'importe quoi... Non, c'est plus vraiment moi car ce programme artificialise mes propos, me caricature, me dévoie... Pire encore, ma pensée se simplifie à l'extrême et je deviens ordinaire.
Aujourd'hui, je suis réduit à n'être plus qu'une poupée de chiffon connectée à un ordinateur, la tête de travers dans un rictus éternel... un pantin a qui l'on a coupé les fils, écroulé sur lui-même, la poitrine creuse et les jambes trop longues qui pendent lamentablement sur une chaise roulante... D'autres avant moi ont été «éteints» définitivement car personne ne se souciait plus de recevoir leur bonne parole.
Fini les voyages interplanétaires... Mon dernier rêve est de devenir une "Rock Star"!... C'est pourquoi j'ai assisté à la télévision aux obsèques nationales du chanteur français Johnny Halliday, une sorte d'archétype d'artiste, un être frustre avec des paroles fortes... une "bête de scène" qui a américanisé son nom pour entrer dans le showbiz... Après lui, je sais que ma fin est proche...
C'est Johnny qui chantait au début des années soixante: «Retiens la nuit ». Il paraissait immortel 55 ans plus tard en chantant : «De l'Amour» , avant de mourir comme monsieur tout le monde d'un cancer des poumons métastasé.
Quand la dernière femme officielle de Johnny et ses deux filles adoptives ont embrassé son cercueil... je me suis rappelé ce baiser délicat de ma femme, quand je reposais inerte sur ma chaise roulante... Moi aussi, elle aurait pu m'éteindre avec des paroles convenues du genre:
_Tu comprends, mon chéri, je dois refaire ma vie. Je suis encore jeune!
Voilà pourquoi je veux rester modeste. Le début de la fin de mon histoire s'écrit en ces mots:
Singularité
De l'humanité, je ne suis plus l'alpha mais l'oméga
Emmuré dans ma conscience, je ne prédis pas l'avenir tel l'oracle de Delphes mais j'ai quelques fulgurances
Par la pensée, je me vois comme «le plus petit dénominateur commun» de l'espèce humaine
Je suis un arbre qui parle, avec une voix métallique, quand on coupe la forêt
Suis-je le dernier représentant d'une espèce en voie d'extinction, celle des grands penseurs?
Et c'est extraordinaire que je puisse encore prendre la parole et que l'on m'écoute avec attention
Je suis le microbe, la paramécie
Je suis la bactérie et le virus indispensables à la digestion et au renouvellement de la vie sur Terre
J'ai laissé un nom et un sourire penché
J'ai ouvert le cosmos pour le théoriser
Et j'ai offert ma pensée à toute l'humanité
En plus simple, je l'ai vulgarisée...
Je suis... j'étais Stephen Hawking.
*Stephen William Hawking, physicien théoricien et cosmologiste britannique, est né le 8 janvier 1942 à Oxford et mort le 14 mars 2018 à Cambridge.
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