dimanche 18 janvier 2015

Billet d'humour : « Mais qui est Charlie ? », dans le blogiblag du 19/01/2015 (LJ ©2015).

J'ai retrouvé Magalie, 97 ans, en bas de mon HML : avec son déambulateur elle partait à la grande manifestation pour Charlie Hebdo à Paris. À la vitesse d'environ 2 kilomètres heure, j'ai eu des doutes sur ses chances d'y parvenir :

_ Vous aussi vous êtes Charlie ? Fit-elle en me reconnaissant.

_ Depuis longtemps ! Je suis Charlie, Charlie Chaplin aussi.

_ Ah bon ! Chaplin était tout petit. Moi, j'étais amoureuse du Grand Charrr... Ache, ché mon dentier qui ché coinché... Aaahr... Oui, je suis contre la haine et pour l'amour entre tous les peuples. J'ignore comment les nazis avaient réussi à convaincre toute l'Allemagne et la France d'exterminer les juifs, pourtant ils l'ont fait... Leur Dieu, c'était Hitler ! Il suffisait de tendre le bras à son passage pour être bien vu. Mais pas question de faire l'andouille avec ça, ni de caricaturer le Führer...

_ Comme l'a fait Charlie Chaplin ! Fis-je remarquer.

_ Oui, mon garçon. Les Allemands étaient très civilisés : on ne pouvait pas les assimiler à un peuple sanguinaire et « Mein Kampf », c'était leurs « saintes écritures ». Heureusement, il y avait Charlie pour nous sauver !

_ Magalie ! Comment osez vous ! Fis-je pour la morigéner. Vous n'avez pas le droit de comparer les livres chrétiens avec les livres nazis...

_ Mais qui vous dit que je parle des chrétiens ?

_ Alors les musulmans et le Coran ? C'est encore pire... C'est de l'amalgame.

_ Voyons, jeune homme ! Réfléchissez, si notre calendrier avait commencé avec la naissance de Mahomet, nous serions aujourd'hui à peine sortis du moyen-âge en Europe. C'est ça que vous voulez, revenir en arrière ? Il nous resterait cinq siècles à souffrir avant la « Libération »... Hitler, c'était autre chose... Parce que les nazis, c'était des aristocrates de la guerre, hum... Un petit bonbon ? Mais moi je préférais la moustache du Grand Charles, mon amoureux. Et puis j'aurais jamais flirté avec un Allemand. Comment croyez vous qu'une centaine de résistants en France ont réussi à s'opposer à l'occupant ? Tous les autres disaient : « Les Allemands sont formidables. Ne faites surtout pas d'amalgame ! ». Il a quand même fallu les bombarder... Ce sont les Russes qui nous on montré les photos et les films de ce qui se passait par derrière, dans le silence : on en retrouve tous les jours dans les archives.

_ Magalie, croyez vous à la troisième guerre mondiale à venir ?

_ Pensez vous ! Ce sont des barbus qui cherchent encore à nous terroriser : leur discours est rodé et tous les moyens sont bons pour nous soumettre. Allons, jeune homme, remontez vous. Courage !

Une coquine cette Magalie : j'avais rencontré sans le savoir un « livre d'histoires ». Oui, Magalie, infirmière sur le front, avait connu le Grand Charles. Magalie n'est jamais arrivée place de la Nation : elle a pris le métro avec son affiche « Je suis Charlie » autour du cou et son déambulateur jusqu'au Château de Vincennes. Là, elle s'est perdue. Et ce sont les pompiers qui l'ont ramenée aimablement, une si charmante vieille dame, et espiègle avec ça.

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