vendredi 5 août 2022

François de Closets invente "l'accélérateur de connerie à particule noble", dans le blogiblag du 05/08/22 (LJ ©2022)

C'est sur SUD RADIO GOGO que j'ai entendu François de Closets, le frère de Walter Closets, refaire l'histoire. Et ce vieux rat-d'auteur n'y va pas avec le dos de la cuillère : « Je connais les coupables... Mais, c'est bien sûr ! Les boomers au pouvoir pendant 40 ans ont assassiné l’avenir».

De Closets n'est pas un savant ni un historien mais il a l'art de supputer. C'est en tant que "journaliste vulgarisateur" et essayiste que "Monsieur plus" aurait théorisé son  "accélérateur de connerie à particule noble",  une belle invention dans la tradition française ! 

De CLOSETS est né d'une génération entre deux guerres qui a vu sa jeunesse souffrir pendant les années 39-45. Cette France ancienne, à la fois ouvrière et rurale, fut très misérable, exceptés les grands propriétaires terriens et la bourgeoisie. De Closets a quitté sa famille en 1950 pour commencer à vivre sa vie seul, pendant des années de grande pauvreté mais aussi de réformes accélérées en France. Cependant, comment ose-t-il affirmer que nous, "les boomers", sommes une "génération prédatrice" qui avons "assassiné l'avenir"?  Par quelle hyperbole et quelle ellipse? Par quelle érudition se justifie-t-il? Faut-il acheter son dernier livre pour le comprendre ? J'hallucine. 

Et l'explication qui va suivre me sidère mais Bercoff (Baeckeoffe, en pidgin libanais), l'agitateur en chef sur SUD RADIO GOGO, boit du kéfir en entamant l'interview :  François de Closets est-il un "vieux rebelle gauchiste" comme lui? Ben, pas tout à fait car Closets est gaulliste par la droite quand Bercoff est gaulliste par la gauche: tous des soi-disant GAULLISTES, un peu comme ZEMMOUR et MÉLANCHON, mais pas vraiment des amis... 

Sur le plateau, la tension devient palpable et Bercoff fait des moues dubitatives derrière son micro quand De Closets l'agace: l'émission radio est filmée. 

Pour commencer, même son de cloche:  De Gaulle aurait bien redressé la FRANCE d'aprés guerre, mais les "boomers" - ceux nés entre 1946 et 1965, auraient saccagé son travail. Et voici l'explication de monsieur Closets: au début des "Trentes Glorieuses", nous avions le devoir de nous mettre "au service de la France" comme jadis le citoyen Athénien fut au service de la Cité. C'est De Gaulle qui a imposé, avec son autorité naturelle de chef de guerre, "le pire programme d'austérité possible" tout en annonçant des objectifs plus ou moins populaires qui allaient de l'acquisition de la bombe atomique au nom de la "Souveraineté nationale" jusqu'à "l'Indépendance de l'Algérie". La France à cette époque était douce et prospère, celle de Charles Trenet. Vous, les baby-boomers, qu'en avez-vous fait ?

Ben, moi... Mes parents, en même temps que monsieur De CLOSETS, ont participé à reconstruire la France sous l'autorité de De Gaulle mais dès les années 69, avec la présidence de Pompidou, la génération montante (c'est à dire la mienne) se serait ramollie une fois "les problèmes disparus" et la France d'après-guerre "remise à flot" sous les ordres du Général. 

Le changement générationnel est jugé "catastrophique" par De Closets:  la génération adulte des BOOMERS (ce ramassis de soixante-huitards attardés, de raclures de bancs d'université, de fainéants et de hippies) a voulu faire reconnaître "ses droits avant ses devoirs" et "sa liberté avant sa responsabilité". 

Mais que faisait François de CLOSETS après guerre? Son service militaire en Algérie peut-être? J'en doute car en 1950, il faisait des études de droit sans aucune assiduité et il menait parallèlement "une vie de bohème 10 mois de l'année" : tantôt poète, comédien et clown blanc, au choix. Pendant les dix années suivantes, l'adolescent  atardé (la majorité était à 21 ans) aurait hésité entre "élève à l'Institut des études politiques de Paris", journaliste et écrivain. Le jeune homme était absolument libre, vivait sans doute chichement et il a commencé à travailler comme grouillot pour l'Agence France-Presse sur le tard, à l'âge de 28 ans. Contrairement à mon père, De Closets n'avait rien d'un ouvrier mais tout d'un glandeur de génie.

Aujourd'hui, il s'attaque aux baby-boomers soi-disant au pouvoir à partir de 1968: Ah oui... Ils auraient abusé de leur liberté: quelle honte! Mais de quelle  "liberté" François de Closets parle-t-il? Celle qui était déjà la sienne dix ans plus tôt en 1958 (sa génération née entre 1931 et 1945)... La liberté des artistes bohèmes et des bourgeois, mais aussi celle des bandes d'apaches à Belleville ou ailleurs (Les bandes criminelles aujourd'hui volent et violent à Saint-Denis jusque dans l'enceinte du Stade de France ), soit une "jeunesse" qui disait tout haut: "j'en ai rien à foutre" et "je veux tout pour moi" "ici et maintenant" parce que "le client est roi qui ne dois rien à personne". C'était une liberté individuelle mais sans "valeurs morales" ni références, celle d'une certaine jeunesse revancharde qui refusait le moindre sacrifice.  Oubliée "la liberté civique gaulienne" d'après guerre, oublié le devoir attaché à servir l'intérêt général et la grandeur de la France. Jouir, oui... de sa liberté ! 

Et donc Mr de CLOSETS se trompe évidemment de "génération". Il pourrait aussi bien incriminer la sienne... Pourtant, il insiste. Tiens, voici la preuve évidente: ce sont les chiffres d'un massacre commis dans les années 70 par ces BOOMERS DÉCADENTS, soit 15000 morts d'accidents de la route en 1970 contre seulement 3500 aujourd'hui. C'est la preuve irréfutable de monsieur Closets : ces cons se sont tout simplement suicidés! Sauf que moi j'avais à peine 11 ans et mon frère 16 ans : trop jeunes pour conduire des voitures.

Et donc, je m'inscris en faux : les vacanciers qui partaient tous en même temps dans les années 70 vers les plages du sud ou de l'ouest parisien pendant les "congés payés" et qui se tuaient par milliers en voiture sur la route, la N7 de Charles Trenet, l'autoroute de l'Ouest et les petites routes de campagne plantées de platanes où s'encastrer,  c'était nos parents, c'est à dire des travailleurs et leurs familles, pas des jeunes cons.  Les hippies crasseux  ou parfumés au patchouli faisaient eux de l'autostop à la sortie de Paris, porte d'Orléans. Ensuite, tous les "boomers" ne se sont pas enrichis en profitant de la gabegie généralisée, même si la vie paraissait plus facile  en 1970 pour les Français. Quelques uns se sont fait exempter du service militaire, d'autres ont pris le pouvoir de décider pour nous mais la majorité silencieuse a dû travailler dur.

Issu d'une famille nombreuse, j'ai connu la frugalité d'après guerre, exactement comme François de CLOSETS enfant. Et mes parents n'avaient absolument rien de bourgeois, qui se sont sacrifiés courageusement. 

Et pourquoi donc De Closets se réveille-t-il soixante ans plus tard pour nous donner une leçon de civisme ? 

Ce que je sais en tant que "boomer", c'est que la France des années 50 était verte et riante, pleine de promesses: c'était avant l'industrialisation à outrance organisée par De Gaulle et Pompidou, à commencer par l'agriculture intensive et les méga-fermes céréalières, l'industrie automobile et ses millions de morts ou d'handicapés pire que toutes les guerres réunies, la bombe atomique et son souffle méphitique, les industriels qui ont trahi la France en la fuyant et ceux qui l'ont bétonnée, la destruction de la nature et de la beauté des paysages, les pesticides et la disparition irrémédiable du vivant, la pollution à grande échelle, le réchauffement climatique et la désertification, la surproduction énergétique et le mépris des énergies renouvelables pour profiter des hydrocarbures et des centrales atomiques, la laideur et la puanteur pétrolière des villes, l'extension des banlieues sur les campagnes environnantes, les ports sales, la surpêche et les mers huileuses.

Alors, ne soyons pas trop manichéens en désignant les "baby-boomers" comme les seuls coupables. C'est ce que je vais développer dans cet article en expliquant mon point de vue en tant que boomer...

(L'article complet intitulé: "Les boomers et les hippies responsables de la décadence française, selon François de Closets" n'est pas disponible en ligne car il fait plusieurs pages. Pour en savoir plus, abonnez-vous ou laissez vos références en commentaire).


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire