De ZAD en désobéissance civile : « Naissance en France d'une démocratie participative réelle » :
Dans la nuit de Samedi à Dimanche 26 octobre 2014, Rémi Fraisse, un jeune manifestant de 21 ans, est tué d'une grenade qui lui a explosé dans le dos, sur le site du barrage contesté de Sivens, près de Gaillac.
Dans la nuit de Samedi à Dimanche 26 octobre 2014, Rémi Fraisse, un jeune manifestant de 21 ans, est tué d'une grenade qui lui a explosé dans le dos, sur le site du barrage contesté de Sivens, près de Gaillac.
Le président de la
FNSEA a parlé, mercredi 29 octobre, de « djihadistes verts »
à propos du mouvement contre le projet de barrage de Sivens dans le
Tarn, lieu de réunion et de protestation de militants écologistes.
« L'équilibre démocratique est menacé aujourd'hui », a
ajouté lors d'une rencontre avec la presse le responsable du
syndicat agricole pour qui " quand une décision est prise, on
l'exécute, sinon ce n'est plus une démocratie digne de ce nom ".
SLATE
« Pourquoi mettre
des policiers sur ce site alors qu'il n'y a rien à protéger? C'est
une provocation » José Bové.
« Mourrons
pour des idées, d'accord, mais de mort lente » Georges
Brassens.
ZAD : zone à
défendre, acronyme détourné de « zone d’aménagement
différé ». On parle par exemple de la ZAD de
Notre-Dame-des-Landes ou de la ZAD du Testet (Tarn).
Je l'avoue, j'ai un peu honte de mon pays... Parce qu'envoyer des militaires pour combattre une vague mouvance « ZADiste » en pleine campagne, y organiser une bataille rangée et leur jeter des grenades au visage... Bordel à cul de pompe à merde, mais où va-t-on ? Par quelles manœuvres subtiles de l’opinion publique, pour quels enjeux : afin de protéger la filière nucléaire au bout du raisonnement ?
Oui, des escadrons entiers s'entraînent à la guerre civile dans des pseudo-guérillas paysannes au milieu de nul-part. Les gars et les filles que les gendarmes pointent en tant que « terroristes verts » sont jeunes, admirables, en rupture de ban de la société... des idéalistes quoi, le nez caché le plus souvent derrière des écharpes et des mouchoirs, les yeux rougis par les gaz fumigènes et lacrymogènes.
Non, je n'y étais pas, j'ai pas eu ce courage, quand d'autres se cachaient dans la forêt, prêts à en découdre. Les pauvres ! Les gendarmes se sont déployés sur le champ de bataille de la ZAD, un « terrain de manœuvre » idéal bouleversé depuis des semaines par les bulldozers. Ces soldats étaient harnachés de la tête au pied, protégés tels les centurions romains derrière leurs boucliers, l'arme au poing. Ils utiliseraient les tactiques anti-guérillas habituelles, heureux de se battre et d'essayer leurs armements : des grenades de trois types différents ! Tiens, allez balancer une grenade offensive dans les rues de Paris sans tuer deux ou trois manifestants ? Mais là, en pleine campagne, la nuit, sans témoins officiels, toutes caméras éteintes en cas de bavure, il allaient « vert-mifuger » la zone.
Oh, comme je suis triste... Les gars se défendaient à coups de pierres ainsi que de munitions rapportées bien sûr : boulons, cocktails molotov improvisés sur place et autres amabilités, mais le combat était disproportionné contre une armée surentraînée. Les zadistes défendaient quelques arpents de terre, tout leur idéal. Bien sûr, personne n'aurait l'idée de venir se faire tuer pour des tritons et des iris, à part un petit botaniste. Rémi a crié : « on y va ! ». Était-il seulement conscient du danger ? Faut dire que les gendarmes n'y allaient pas de main morte en avançant : membres brisés à coups de matraques, yeux crevés à coups de flashballs, tympans explosés à coups de grenades assourdissantes jusqu'à ce que, surpris par la défense zadiste et plutôt que de se replier, les gendarmes envoient une réponse dite « proportionnée », des grenades offensives pour « dégager l'espace » ! Oui, en France, la nuit en pleine campagne, pour soi-disant défendre la Nation en danger, mission glorieuse entre toutes, dans la boue d'un chantier quelconque et pour se prémunir des cailloux lancés à mains nues... Voilà que les gendarmes paniqués se sont pris pour les soldats de la guerre de 14 acculés dans les tranchées sous une pluie de « shrapnel », ou bien l'escadron tout entier était-il composé de jeunes recrues envoyées au baptême du feu ? Des bleubites, quoi ? Et là, le commandant de compagnie donne l'ordre de tirer des grenades offensives, avec l'accord du préfet de police : j'en pleure de honte pour eux.
Après, on relève d'autres incohérences : par exemple trois versions différentes de la gendarmeries pour se justifier confusément et aussi la disparition du sac à dos de Rémi Fraisse, plus ou moins déchiqueté et soupçonné de contenir un explosif maison !
Voyons, pour ce barrage encore virtuel, peut-on parler d'un projet démocratique, voté à l'unanimité d'un conseil ? Il faudrait plutôt parler d'une entente suivant un processus administratif enclenché il y a quinze ans, avec le soutien intéressé de quelques céréaliers dédiés aux monocultures, le maïs étant très exigeant en eau. Le barrage n'est pas justifié par des intérêts nationaux mais locaux, pour augmenter les profits des agriculteurs et des promoteurs.
Pourtant, regardez bien sur la photo : il y avait là une zone humide à l'orée d'un bois, un biotope vieux de milliers d'années, avec ses espèces endémiques, incomparables et rarissimes. Maintenant on va noyer l'ensemble pour en faire un grand réservoir qui dans mille ans sera toujours aussi mort qu'au premier jour en comparaison. Puisque c'est notre choix... Enfin, celui de nos élus, pleins de légitimité. Pour Sivens, sait-on tous les intérêts cachés, les « enjeux » de ce développement ?
En Espagne, ils creusent des « pantanos » dans les vallées arides pour faire des réserves d'eau. En Amérique du Sud, des forêts primaires pleines d'oiseaux, de singes et de fleurs ont été submergées, sans parler de la déforestation ordinaire, des plantations, de l'exploitation des bois rares, du mercure des chercheurs d'or, des mines à ciel ouvert, des torchères des puits de pétrole et du pillage organisé de la flore et de la faune. Partout, avec des bulldozers on rase la zone, façon « Avatar ». Et puis, si des sauvages sortent de la forêt avec des flèches ou des frondes, on les éparpille à coups de grenades offensives : normal quoi ! Dans « La Forêt d'émeraude », les grenouilles croassèrent toute la nuit, entraînant des pluies diluviennes qui défirent le barrage, mais hélas, nous ne sommes pas en Amazonie.
Ici en France, maintenant que le lit est creusé et avant que d'abattre la forêt environnante, le réservoir d'eau pourrait être réduit économiquement à un tiers, voire à un quart des dimensions prévues initialement et la zone ainsi épargnée resterait une réserve naturelle, sans supplément de budget. Encore faudrait-il une vraie « réponse proportionnée »... Alors, à vous de jouer, messieurs et mesdames les ronds-de-cuir. Notre « ministresse » de l'écologie, Ségolène Royal, saura-t-elle démêler la situation à temps ? Elle a l'air bien courageuse : « Bravitude », quand tu nous tiens !
Oui, des escadrons entiers s'entraînent à la guerre civile dans des pseudo-guérillas paysannes au milieu de nul-part. Les gars et les filles que les gendarmes pointent en tant que « terroristes verts » sont jeunes, admirables, en rupture de ban de la société... des idéalistes quoi, le nez caché le plus souvent derrière des écharpes et des mouchoirs, les yeux rougis par les gaz fumigènes et lacrymogènes.
Non, je n'y étais pas, j'ai pas eu ce courage, quand d'autres se cachaient dans la forêt, prêts à en découdre. Les pauvres ! Les gendarmes se sont déployés sur le champ de bataille de la ZAD, un « terrain de manœuvre » idéal bouleversé depuis des semaines par les bulldozers. Ces soldats étaient harnachés de la tête au pied, protégés tels les centurions romains derrière leurs boucliers, l'arme au poing. Ils utiliseraient les tactiques anti-guérillas habituelles, heureux de se battre et d'essayer leurs armements : des grenades de trois types différents ! Tiens, allez balancer une grenade offensive dans les rues de Paris sans tuer deux ou trois manifestants ? Mais là, en pleine campagne, la nuit, sans témoins officiels, toutes caméras éteintes en cas de bavure, il allaient « vert-mifuger » la zone.
Oh, comme je suis triste... Les gars se défendaient à coups de pierres ainsi que de munitions rapportées bien sûr : boulons, cocktails molotov improvisés sur place et autres amabilités, mais le combat était disproportionné contre une armée surentraînée. Les zadistes défendaient quelques arpents de terre, tout leur idéal. Bien sûr, personne n'aurait l'idée de venir se faire tuer pour des tritons et des iris, à part un petit botaniste. Rémi a crié : « on y va ! ». Était-il seulement conscient du danger ? Faut dire que les gendarmes n'y allaient pas de main morte en avançant : membres brisés à coups de matraques, yeux crevés à coups de flashballs, tympans explosés à coups de grenades assourdissantes jusqu'à ce que, surpris par la défense zadiste et plutôt que de se replier, les gendarmes envoient une réponse dite « proportionnée », des grenades offensives pour « dégager l'espace » ! Oui, en France, la nuit en pleine campagne, pour soi-disant défendre la Nation en danger, mission glorieuse entre toutes, dans la boue d'un chantier quelconque et pour se prémunir des cailloux lancés à mains nues... Voilà que les gendarmes paniqués se sont pris pour les soldats de la guerre de 14 acculés dans les tranchées sous une pluie de « shrapnel », ou bien l'escadron tout entier était-il composé de jeunes recrues envoyées au baptême du feu ? Des bleubites, quoi ? Et là, le commandant de compagnie donne l'ordre de tirer des grenades offensives, avec l'accord du préfet de police : j'en pleure de honte pour eux.
Après, on relève d'autres incohérences : par exemple trois versions différentes de la gendarmeries pour se justifier confusément et aussi la disparition du sac à dos de Rémi Fraisse, plus ou moins déchiqueté et soupçonné de contenir un explosif maison !
Voyons, pour ce barrage encore virtuel, peut-on parler d'un projet démocratique, voté à l'unanimité d'un conseil ? Il faudrait plutôt parler d'une entente suivant un processus administratif enclenché il y a quinze ans, avec le soutien intéressé de quelques céréaliers dédiés aux monocultures, le maïs étant très exigeant en eau. Le barrage n'est pas justifié par des intérêts nationaux mais locaux, pour augmenter les profits des agriculteurs et des promoteurs.
Pourtant, regardez bien sur la photo : il y avait là une zone humide à l'orée d'un bois, un biotope vieux de milliers d'années, avec ses espèces endémiques, incomparables et rarissimes. Maintenant on va noyer l'ensemble pour en faire un grand réservoir qui dans mille ans sera toujours aussi mort qu'au premier jour en comparaison. Puisque c'est notre choix... Enfin, celui de nos élus, pleins de légitimité. Pour Sivens, sait-on tous les intérêts cachés, les « enjeux » de ce développement ?
En Espagne, ils creusent des « pantanos » dans les vallées arides pour faire des réserves d'eau. En Amérique du Sud, des forêts primaires pleines d'oiseaux, de singes et de fleurs ont été submergées, sans parler de la déforestation ordinaire, des plantations, de l'exploitation des bois rares, du mercure des chercheurs d'or, des mines à ciel ouvert, des torchères des puits de pétrole et du pillage organisé de la flore et de la faune. Partout, avec des bulldozers on rase la zone, façon « Avatar ». Et puis, si des sauvages sortent de la forêt avec des flèches ou des frondes, on les éparpille à coups de grenades offensives : normal quoi ! Dans « La Forêt d'émeraude », les grenouilles croassèrent toute la nuit, entraînant des pluies diluviennes qui défirent le barrage, mais hélas, nous ne sommes pas en Amazonie.
Ici en France, maintenant que le lit est creusé et avant que d'abattre la forêt environnante, le réservoir d'eau pourrait être réduit économiquement à un tiers, voire à un quart des dimensions prévues initialement et la zone ainsi épargnée resterait une réserve naturelle, sans supplément de budget. Encore faudrait-il une vraie « réponse proportionnée »... Alors, à vous de jouer, messieurs et mesdames les ronds-de-cuir. Notre « ministresse » de l'écologie, Ségolène Royal, saura-t-elle démêler la situation à temps ? Elle a l'air bien courageuse : « Bravitude », quand tu nous tiens !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire