Bien sûr, loin de moi l’idée de retirer l’honneur et la gloire à tous ceux qui s’exposent au coronavirus. Et pas seulement les médecins mais tous ceux qui sont des rouages d’une économie qui n’a rien de solidaire: tout se facture au prix normal quand ce n’est pas au prix fort. Ainsi, le médecin qui m’a reçu un peu plus de temps que prévu à multiplié le prix de sa prestation par deux ou trois. Et j’ai aussi profité que les parisiens avaient déserté Paris vers leurs résidences de campagne pour me faire examiner en urgence le fond de l’œil par un oculiste: ça faisait 4 mois que j’espérais me faire faire cet examen, ma vue devenant défaillante avec l’âge. Oui, béni soit le coronavirus ou, selon le proverbe: «à quelque chose malheur est bon».
Ce gouvernement Macron sait s’entourer de sommités de la médecine comme Jérôme Salomon, Olivier Véran ou Axel Kahn pour le représenter et le défendre si c’était nécessaire: exit les technocrates habituels. Cependant, quelque chose me choque: c’est la façon dont nos dirigeants font des éloges et distribuent déjà des satisfecits à tours de bras, tout en se dédouanant d’arriver toujours trop tard après la bataille. La guerre n’est pas finie, loin de là, et il faut sur-motiver les troupes.
Loin de moi donc l'idée de déconsidérer les efforts de ce gouvernement entièrement investi contre une pandémie qui le dépasse puisqu’elle est mondiale. Et comme l’explique Axel Kahn: «On ne peut pas empêcher que les virus traversent les frontières...» et qu’est-ce qu’un pays sinon un territoire délimité de toutes parts par ses frontières?
Dépassés, nous l’étions dès le début de l’épidémie puisque, si Axel Khan explique qu’il savait exactement à quoi s’attendre sur l’épidémie à venir de part ses fonctions, il en était tout autrement de notre gouvernement qui recevait des «avis divergents» de scientifiques: hélas, les scientifiques «en vue» partagent souvent avec les vieux généraux le fait d’être toujours en retard d’une guerre. Et puis, des instances contrôlent et mettent le holà aux dépenses somptuaires de nos dirigeants, comme par exemple les réceptions à base de homards géants de quelques uns. Étant moi-même très précautionneux, je ne peux qu’agréer cet objectif mais je mets aussi la Santé au dessus de tout: du coup, je n’ai jamais admis que la Cour des compte «épingle» Roselyne Bachelot pour sa mauvaise gestion de la grippe A. Pour une fois qu’une ministre de la Santé faisait du zèle pour le bien de tous, fallait-il lui couper les ailes? «La Cour des comptes juge uniquement sur des questions budgétaires, en l'occurrence ça ne fonctionne pas», avait précisé alors la ministre. Mais si les journalistes de l’époque ont sonné l’hallali, ne faudrait-il pas sanctionner la Cour des comptes à son tour et l’EPRUS à propos de leur incompétence à gérer la réserve sanitaire?
Et puis, on dit «les journalistes et les scientifiques», mais de qui parle-t-on vraiment? Sont-ce les mêmes qui hier encore traitaient les menaces du coronavirus en France de «fake news» et de psychose? Même les journalistes les plus indépendants, ceux qui se flattent de leurs opinions tranchées, cachetonnent en livrant leurs analyses au jour le jour dans une précipitation coupable. Par exemple Natacha Polony, que j'apprécie quand elle insiste sur la débâcle de notre agriculture productiviste, répondait à l’aimable Thomas Sotto de la sorte, sur RTL (question: la propagation en Italie, on en est à 7 morts et un bon début de psychose, est-ce qu’on peur encore éviter la panique?) «Depuis octobre, la grippe saisonnière à tué 44 personnes en France et aux États-Unis ce sont des dizaines de milliers de personnes… La psychose est certes, pour l’instant, injustifiée et quand on voit l’absence du minimum de culture scientifique chez certains qui paniquent parce qu’on rapatrie certains dans des villages-vacances, c’est effarant!» et tutti quanti, entre raison masculine et émotion feminine.
Après, monsieur Salomon nous explique imperturbablement pendant des heures que porter un masque ne sert à rien si on est pas malade et qu’il faut en faire cadeau aux services sanitaires, qu’il a commandé avec son ministère des millions de masques qui arriveront incessamment sous peu, que les tests sont réservés aux vrais malades et aux soignants, qu’on peut faire seulement 4000 tests par jour (quand il faudrait selon l’OMS tester toute la population, ce que propose le professeur Raoult à Marseille) mais que l’on monte en puissance (on est passé de seulement 1500 à 4000 tests lourds quand la République de Singapour teste ses millions d'habitants jusque dans ses rues et délivre les résultats en 20 minutes chrono), tout cela est pour le moins contradictoire!
Déjà, s’il faut attendre que nos scientifiques nationaux mettent au point des tests (qui sont déjà pratiqués couramment partout dans le monde depuis des semaines), que le vaccin de l’Institut Pasteur soit au point peut-être en Septembre 2021 (mais qu’il sera déjà au point en Chine et livré partout ailleurs 6 mois avant, obligeant les Français à partir se faire vacciner à l'étranger), que le traitement combiné d’anti-paludéen et d’antibiotiques ne sera pas validé avant longtemps en France (mais qu’il est déjà validé en Chine, bientôt aux États-Unis et par le professeur Raoult à Marseille), que les masques sont inutiles dans la population des bien-portants (mais qu’on est incapable de savoir en France qui est malade), qu’on a perdu la trace des «patients zéro» (et que l’on a donc laissé filer la pandémie) et qu’on fait un dépistage ciblé sur quelques grands malades presque en phase terminale (ce qui explique une mortalité élevée), que le virus ne se transmet que par contact direct (pourtant les médecins se douchent et mettent leurs tenues au lavage en rentrant chez eux ou dans un appartement anonyme pour protéger leur famille) etc., en bref on comprend pourquoi la France a perdu d'avance la guerre.
Surtout, porter un masque quand on risque d’être infecté sans le savoir serait le minimum de précaution pour les Français, et puis ne pas laisser courir partout les enfants qui risquent de contaminer leurs parents insouciants et qui tueront à la prochaine visite leurs grands-parents aimants. Cela, les Singapouriens le savent instinctivement qui portent des masques par millions tout en marchant coude à coude dans les rues encombrées: éternuer dans son coude est facile à dire mais qui sait s’il va éternuer à gauche ou à droite et aujourd’hui, quel Français peut prétendre qu’il n’est pas contagieux? Sans aucun test préalable, nous voici tous des porteurs-sains contraints de nous terrer chez nous comme des pestiférés. Vous parlez d’une avancée civilisationnelle… Où sont les masques?
Axel Khan nous explique qu’en marchant dans la rue à 15 mètres des autres, il n’y a aucun risque de contamination, alors pourquoi les déplacements dans les rues sont-ils interdits en France? On a trouvé des virus en suspension dans l’air 8 heures après le séjour d’un malade et on soupçonne les particules fines de porter la maladie, d’où un maximum de contaminations dans les villes les plus polluées de Chine et d’Italie. En France, qui peut assurer qu’il va rester à 15 mètres des autres dans les magasins et au moment de payer? Bien sûr, faut-être con pour aller éternuer dans le visage de son voisin (en sachant les dangers de contamination) mais qui peut nous garantir que les pièces de monnaie et les billets de banque échangés par millions chaque jours ne sont pas porteurs du virus, y compris les monnayeurs automatiques? Pourquoi «rendre la monnaie sans danger» ne fait pas partie des fameux «gestes barrières» préconisés? Si le gouvernement a un ministère de la Santé qui l’autorise à nous dicter nos attitudes, il oublie surtout qu’il dirige le ministère des Finances et qu’il contrôle la distribution de la monnaie. Simple oubli ou erreur majeure?
Je revois cette brigade de vieux médecins expérimentés qui viennent de Cuba jusqu’en Italie pour se mettre au service de la population: ils risquent leur vie mais ils considèrent d’abord accomplir leur devoir. Cuba, sous l’embargo américain, a développé d’autres compétences qu’elle se permet d’exporter mais surtout, ses médecins ont combattu la fièvre Ebola jusqu’en Afrique et ont appris à soigner les populations avec un minimum de moyens: faut-il que les médecins Cubains viennent en France pour apprendre à nos médecins comment fabriquer des masques pour se protéger et protéger ses malades en cas de pénurie? Pourquoi le gouvernement Macron doit-il se vanter d’avoir commandé voici deux mois des millions de masques qu’on attend toujours? Faut-il se trouver des mérites face à l’incurie générale et aux menaces de renoncement? Certes, nous avons des protocoles datant de la dernière guerre mais la Chine et Singapour peuvent tout de suite nous donner des leçons de médecine, d’intervention et d’efficacité réelle.
Bêtement, nos instances sanitaires avaient parié sur les approvisionnements de la Chine et voilà le résultat: nous sommes en retard d’une guerre. Un médecin s’est même mis a nu avec un brassard intitulé «chair à canon», en s’inquiétant de tuer ses patients par manque de protections. Mais je crois que nos médecins français devraient mieux assumer leur mission (surtout qu’ils ne sont pas les plus mal lotis) et prendre exemple sur les médecins cubains: pourquoi attendre en pleurant sur sa chaise les annonces de Jérôme Salomon et Olivier Véran, après celles d’Agnès Buzyn et d’Édouard Philippe?
On peut parler de «chair à canon» pour les pompiers qui sont nos soldats du feu tous les jours, pour les soldats quand ils partent en guerre loin de chez eux, pour le policier avec son petit pistolet face aux terroristes et pourquoi pas maintenant pour les médecins. Les urgentistes eux relativisent en expliquant qu’ils ont l’habitude de faire des choix tous les jours pour savoir qui doit continuer à vivre: «nous ne sommes pas paniqués» constatait l'un d'entre eux. Bien sûr, les simples soignants comme les médecins généralistes ne sont pas habitués à voir mourir en nombre leurs malades et surtout, comment supporter l'idée d’être responsable de la mort de plusieurs personnes par contamination: dernièrement, on annonce 20 morts dans un seul EHPAD et beaucoup plus ailleurs… Qui a diffusé le virus? Un médecin ou un familier peut-être? En Espagne, on a stocké des cadavres en excès sur une patinoire: la mort est brève mais que faire des corps? Ce sont eux la «chair à canon», les anonymes qui meurent comme des pestiférés, bien plus souvent que les médecins. Le gouvernement à regretté hier la mort d’un premier médecin, suivie de 4 autres: «la Patrie reconnaissante» mais qui regrettera les morts par milliers des vieux qui était notre mémoire vivante? Monsieur le ministre, pouvez vous m’en nommer un seul? Pourtant, c’était un père, c’était une mère! Moi, j’attends qu’on leur édifie un monument avec leur nom gravé, celui de l’innocence face à l’incompétence des généraux. Encore une guerre de retard… Ah oui, merde in France.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire