La montagne va-t-elle accoucher d’une souris, comme d’habitude? Nous savons, en France, que toutes les crises sociales précédentes (dont les derniers sursauts nationalistes et communistes pendant l’élection du dernier gouvernement en 2017 et la révolte des «Gilets jaunes» en 2018) ont abouti à renforcer les positions des conservateurs et des libéraux. Et justement, la crise sociale entraînée par la pandémie de Coronavirus et le gel provisoire de l'activité capitaliste risque elle aussi d’accoucher d’une souris.
Le gouvernement Macron s’occupe d’absorber les chocs et de nettoyer les ressentiments: des compensations monétaires (qui sont des dettes, l’État devenant notre prêteur sur gages) sont offertes en échange de toutes les concessions sociales possibles (durcissement des conditions de travail) qui seront accordées au patronat pour compenser ses pertes attendues.
Les deux facteurs de production qui sont le Capitale et le Travail sont donc garantis par l'état mais les travailleurs devront renoncer en échange à leurs avantages sociaux si difficilement acquis après-guerre. Pire encore, nous ne savons toujours pas le nombre total de morts du Coronavirus en dehors des hôpitaux et des Ehpad (très supérieur aux chiffres officiels) mais les journalistes commentent déjà les résultats calculés du "manque à gagner" des entreprises, forcées à une inactivité coupable. Et le gouvernement Macron annonce donc en notre nom (le peuple, c'est moi!) ce que nous allons tous devoir avaler pour dédommager ces patrons appauvris au bord de la crise de nerfs.
Comme l’explique Olivier Besancenot (NPA) ce 1er mai, devant sa fenêtre:
"C’est un jour de confinement pas comme les autres (le jour de «la Fête du Travail») sans plus pouvoir manifester en cortège dans les rues comme le veut la tradition française.
On va donc chercher à saturer les réseaux sociaux pour dire qu’on se tient prêt, qu’on est toujours là et qu’on ne va pas se laisser endormir selon l’idée que nous ne pourrions plus peser sur nos propres destins. Donc, en effet, c’est un premier mai particulier: c’est une lutte qui a une histoire qui fait écho à ce qui se passe aujourd’hui parce que le premier mai est imbriqué à l’histoire du combat pour la journée de huit heures, avec une offensive (du patronat) qui précisément remet en cause la durée du temps de travail en l’allongeant jusqu’à 60 heures en mettant aussi en cause les congés payés, les jours fériés et les RTT. Donc, le premier mai ça reste pour nous l’occasion de dire que la question du temps de travail reste pour nous une question importante...
C’est un tournant historique qu’on est en train de prendre sans le savoir parce qu’on a le nez dans le guidon. Mais ce n’est peut-être pas simplement la fin d’une période, la fin d’une époque mais la fin d’une civilisation telle qu’on l’a connue. Le système capitaliste est confronté à des contradictions inédites, peut-être même insurmontables. Pour la première fois, on atteint une ampleur absolument inégalée. D’abord sur une panne de l’économie réelle: une partie du PIB est détruit, du fait du confinement et de l’arrêt de l’activité économique. On vit une espèce de grande coupure de courant internationale depuis le début du confinement et le problème, c’est qu’en voulant nous remettre très vite au travail pour remettre l’économie à l’identique, les capitalistes eux-mêmes risquent de faire sauter tous les plombs de leur système. On est à la croisée des chemins pour reprendre l’expression de la révolutionnaire allemande Rosa Luxembourg: soit la classe possédante qui se gave depuis des années garde les manettes et peut même inventer un système d’exploitation encore plus autoritaire, soit on arrive à bâtir ici et maintenant un nouvel ordre social...
De voir des infirmières se tailler des sur-blouses de fortune avec des sacs-poubelles dans la sixième puissance du monde, ça ne passe pas et ça ne passera jamais. De voir des gens tellement appauvris dans la rue, en train de crever de faim, faire les poubelles en pleine crise sanitaire, ça continue à me révolter. De voir le peu de sens qu’on accorde à la vie finalement avec cette courbe et cette comptabilité macabre de chiffres qui montent et qui descendent, en attendant que le pic passe, je ne l’accepte pas. La pire des défaites morales serait de banaliser le coût de la vie. Or elle n’a pas de prix...».
Mais les États-Unis aussi ont un problème majeur qui va coûter cher aux Américains, entre restrictions, privations et renoncements: certains, contre le progrès social, préfèrent sortir les armes au nom du deuxième amendement de la Constitution des États-Unis d’Amérique «qui reconnaît la possibilité pour le peuple américain de constituer une milice pour contribuer à la sécurité d'un État libre, et il garantit en conséquence à tout citoyen américain le droit de porter des armes» /Wikipedia.
Et justement, le confinement exigé par des gouverneurs souvent démocrates pour lutter contre l'épidémie de Coronavirus est considéré par une partie des citoyens de cette Amérique profonde comme une atteinte aux libertés essentielles de se déplacer et d’entreprendre. C'est la République sanglante contre la Démocratie vacillante, la liberté chérie du "business is business" sans l'égalité ni la fraternité à la française, la moutarde sans les frites. Il suffit de voir: au contraire de Macron, Trump est l'ami de personne, seulement de lui-même!
Au contraire de cette conception très conservatrice et rétrograde pour défendre la santé des pauvres travailleurs, écoutons comment Naomi Klein (Senior Correspondent /The Intercept) expose un grave problème social qu'elle annonçait déjà en 2007 dans "La stratégie du choc, vers un capitalisme du désastre".
Les deux facteurs de production qui sont le Capitale et le Travail sont donc garantis par l'état mais les travailleurs devront renoncer en échange à leurs avantages sociaux si difficilement acquis après-guerre. Pire encore, nous ne savons toujours pas le nombre total de morts du Coronavirus en dehors des hôpitaux et des Ehpad (très supérieur aux chiffres officiels) mais les journalistes commentent déjà les résultats calculés du "manque à gagner" des entreprises, forcées à une inactivité coupable. Et le gouvernement Macron annonce donc en notre nom (le peuple, c'est moi!) ce que nous allons tous devoir avaler pour dédommager ces patrons appauvris au bord de la crise de nerfs.
Comme l’explique Olivier Besancenot (NPA) ce 1er mai, devant sa fenêtre:
"C’est un jour de confinement pas comme les autres (le jour de «la Fête du Travail») sans plus pouvoir manifester en cortège dans les rues comme le veut la tradition française.
On va donc chercher à saturer les réseaux sociaux pour dire qu’on se tient prêt, qu’on est toujours là et qu’on ne va pas se laisser endormir selon l’idée que nous ne pourrions plus peser sur nos propres destins. Donc, en effet, c’est un premier mai particulier: c’est une lutte qui a une histoire qui fait écho à ce qui se passe aujourd’hui parce que le premier mai est imbriqué à l’histoire du combat pour la journée de huit heures, avec une offensive (du patronat) qui précisément remet en cause la durée du temps de travail en l’allongeant jusqu’à 60 heures en mettant aussi en cause les congés payés, les jours fériés et les RTT. Donc, le premier mai ça reste pour nous l’occasion de dire que la question du temps de travail reste pour nous une question importante...
C’est un tournant historique qu’on est en train de prendre sans le savoir parce qu’on a le nez dans le guidon. Mais ce n’est peut-être pas simplement la fin d’une période, la fin d’une époque mais la fin d’une civilisation telle qu’on l’a connue. Le système capitaliste est confronté à des contradictions inédites, peut-être même insurmontables. Pour la première fois, on atteint une ampleur absolument inégalée. D’abord sur une panne de l’économie réelle: une partie du PIB est détruit, du fait du confinement et de l’arrêt de l’activité économique. On vit une espèce de grande coupure de courant internationale depuis le début du confinement et le problème, c’est qu’en voulant nous remettre très vite au travail pour remettre l’économie à l’identique, les capitalistes eux-mêmes risquent de faire sauter tous les plombs de leur système. On est à la croisée des chemins pour reprendre l’expression de la révolutionnaire allemande Rosa Luxembourg: soit la classe possédante qui se gave depuis des années garde les manettes et peut même inventer un système d’exploitation encore plus autoritaire, soit on arrive à bâtir ici et maintenant un nouvel ordre social...
De voir des infirmières se tailler des sur-blouses de fortune avec des sacs-poubelles dans la sixième puissance du monde, ça ne passe pas et ça ne passera jamais. De voir des gens tellement appauvris dans la rue, en train de crever de faim, faire les poubelles en pleine crise sanitaire, ça continue à me révolter. De voir le peu de sens qu’on accorde à la vie finalement avec cette courbe et cette comptabilité macabre de chiffres qui montent et qui descendent, en attendant que le pic passe, je ne l’accepte pas. La pire des défaites morales serait de banaliser le coût de la vie. Or elle n’a pas de prix...».
Mais les États-Unis aussi ont un problème majeur qui va coûter cher aux Américains, entre restrictions, privations et renoncements: certains, contre le progrès social, préfèrent sortir les armes au nom du deuxième amendement de la Constitution des États-Unis d’Amérique «qui reconnaît la possibilité pour le peuple américain de constituer une milice pour contribuer à la sécurité d'un État libre, et il garantit en conséquence à tout citoyen américain le droit de porter des armes» /Wikipedia.
Et justement, le confinement exigé par des gouverneurs souvent démocrates pour lutter contre l'épidémie de Coronavirus est considéré par une partie des citoyens de cette Amérique profonde comme une atteinte aux libertés essentielles de se déplacer et d’entreprendre. C'est la République sanglante contre la Démocratie vacillante, la liberté chérie du "business is business" sans l'égalité ni la fraternité à la française, la moutarde sans les frites. Il suffit de voir: au contraire de Macron, Trump est l'ami de personne, seulement de lui-même!
Au contraire de cette conception très conservatrice et rétrograde pour défendre la santé des pauvres travailleurs, écoutons comment Naomi Klein (Senior Correspondent /The Intercept) expose un grave problème social qu'elle annonçait déjà en 2007 dans "La stratégie du choc, vers un capitalisme du désastre".
Aujourd'hui, elle avance que le plan de Trump est une stratégie du choc pandémique, mais que ce n'est pas la seule issue possible. La vidéo s'ouvre par cette citation de l'économiste Milton Friedman qui dit: "Seule une crise - réelle ou perçue - produit de véritables changements. Lorsque cette crise survient, les mesures prises dépendent des idées qui traînent dans l'air".
Naomi Klein poursuit ainsi: «Friedman avait tort sur beaucoup de choses mais il avait raison sur ça... En temps de crise, des idées qui paraissent impossibles soudainement deviennent possibles, mais les idées de qui? Des idées de justice, pensées pour assurer la santé et la sécurité du plus grand nombre? Ou des idées de prédations, pensées pour enrichir ceux qui sont déjà incroyablement riches, tout en laissant les plus vulnérables encore plus exposés?
L'économie mondiale est saisie par les chocs en cascade en face d'elle. Les journalistes de Market News annoncent: "À la suite de la crise du coronavirus (décrite comme une pandémie par l'OMS), les actions ont arrêté de s'échanger à Wall street après une chute de 7%, la plus grosse chute que nous ayons vu depuis le krach de 1987. Cette chute a été stimulée par la montée d'une guerre des prix sur le pétrole, sur un marché déjà affaibli par la peur du coronavirus." et Donald Trump interrogé sur ce point répond: "Non, je n'endosse aucune responsabilité!".
Au cœur de cette panique largement répandue, les lobbyistes de toutes sortes ont bien sûr "dépoussiéré" toutes leurs idées qui traînaient dans l’air. Trump pousse pour une suspension des cotisations sociales, ce qui pourrait mener à la faillite de la Sécurité Sociale, fournissant une nouvelle excuse pour la découper ou la privatiser entièrement. Une idée qui était dans l’air depuis très longtemps, avec George W. Bush: «Un travailleur devrait avoir le droit de mettre son propre argent dans un… vous savez, dans un compte épargne privé», mais aussi une idée commune de l'autre côté de l’échiquier politique, avec Joe Biden: «Quand je dis que nous devons geler les dépenses fédérales, j’entends par là la Sécurité Sociale aussi: Medicare et Medicaid».
Il y a aussi les idées qui consistent à renflouer les secteurs les plus riches et les plus polluants de notre économie. Trump: «Nous travaillons main dans la main avec l’industrie des croisières maritimes et le secteur aérien. Ce sont deux excellents secteurs d’activité que nous aiderons à traverser cette épreuve.»
Renflouement pour les entreprises d’extraction, sans parler des croisières, de l’aérien et des hôtels, des mesures dont Trump lui-même pourrait bénéficier personnellement, ce qui est un gros problème car le virus n’est pas la seule crise que nous affrontons. Il y a aussi la crise environnementale, et ces entreprises que nous sauvons avec notre argent sont les premières responsables!
Trump a aussi rencontré les compagnies d’assurance santé privées, précisément celles à qui tellement d’américains n’ont pas les moyens de payer les soins dont ils auraient besoin et il y a fort à parier qu'elles aussi auront leurs mesures particulières. C’est comme si toute la gestion de cette pandémie avait été sous-traitée. Brian Cornell: «Monsieur le Président, merci de nous avoir invité aujourd’hui [à la Maison Blanche], avec nos collègues de Wallmart, Wallgreen et CVS. En temps normal nous sommes tous des concurrents mais en ce qui concerne aujourd’hui, nous sommes concentrés sur notre concurrent commun, il s’agit de la propagation du coronavirus».
La première réaction de la Banque Fédérale Américaine (FED), a été d’injecter 1500 milliards de dollars sur les marchés financiers, et beaucoup plus à venir sans doute. Mais si vous êtes un travailleur, particulièrement un indépendant, vous n’aurez pas la même chance. Si vous avez besoin de voir un médecin, personne ne vous aidera à payer si vous n’êtes pas couvert. Et si vous voulez respecter les consignes de sécurité et rester à la maison, il y a aussi de bonnes chances que vous ne soyez pas payés. Bien sûr, il faut encore que vous payez votre loyer et vos dettes médicales, scolaires, cartes de crédit, emprunts. Les résultats sont prévisibles. Trop de gens malades n’ont d’autres choix que d’aller travailler, ce qui signifie plus de gens infectés et propageant le virus. Et sans indemnisation complète pour les travailleurs, nous pouvons nous attendre à plus de faillites et plus de sans-abris dans les rues.
Écoutez, nous connaissons le script: en 2008, la dernière fois que nous avons eu un effondrement financier global, le même genre de mauvaises idées consistant à renflouer sans conditions les entreprises l’ont emporté. Et les gens normaux, partout dans le monde, en ont payé le prix. C’était très prévisible!
Il y a 13 ans, j’ai écrit un livre «La Stratégie du choc vers un capitalisme du désastre» décrivant une tactique brutale des gouvernements de droite. Après un évènement choquant - une guerre, un coup d’état, une attaque terroriste, un crash financier ou une catastrophe naturelle -, ils exploitent la désorientation du public, suspendent la démocratie et poussent des mesures libérales radicales qui enrichissent les 1% au détriment des pauvres et de la classe moyenne.
Mais voici ce que mes recherches m’ont appris: les chocs et les crises n’aboutissent pas toujours à la stratégie du choc. En fait, il est même possible qu’une crise catalyse une sorte d’évolution progressiste. Pensez aux années 1930, lorsque la Grande Dépression a mené au New Deal.
Franklin Roosevelt disait: «La seule chose qui doit nous faire peur est la peur elle-même». Aux USA et ailleurs, les gouvernements commencèrent à déployer un filet de sécurité sociale pour qu’à la prochaine crise, il y ait des institutions pour rattraper les gens. «Le droit de chaque famille d’avoir un toit décent, le droit à une assurance maladie adéquate et l’opportunité de profiter d’une bonne santé».
Écoutez, nous savons ce qu’est le plan de Donald Trump, une stratégie du choc pandémique avec toutes les idées les plus dangereuses qui traînent dans l’air: de la privatisation de la Sécurité Sociale à la fermeture des frontières, en passant par l’emprisonnement des migrants. Il essayera peut-être même d’annuler les élections (de novembre 2020). Mais la fin de cette histoire n’a pas encore été écrite. C’est une année électorale. Les mouvements sociaux et les politiciens insurgés sont d’ores et déjà mobilisés. Et comme dans les années 30, nous avons un tas d’autres idées qui traînent dans l’air.
Bernie Sanders: « Croyons-nous que tout le monde devrait avoir un droit d’accès à l’assurance maladie?». Yes… La plupart de ces idées étaient rejetées et vues comme trop radicales il y a à peine une semaine. Aujourd’hui, elles commencent à ressembler au seul chemin raisonnable pour sortir de cette crise et prévenir les prochaines. Et avec Washington soudainement engagée dans une vaste politique de relance, c’est le moment idéal pour la relance que beaucoup d’entre nous réclamons depuis des années. «La Corée du Sud, comme les pays européens et le Canada, a un système d’assurance santé universel avec un seul guichet, ce qui rend la mobilisation beaucoup plus facile... Aujourd’hui est le jour où nous nous engageons vraiment dans un agenda intégral, pour une justice économique, sociale et raciale».
Ça s’appelle le «Green New Deal». Au lieu de secourir les industries sales du siècle dernier, nous devrions investir dans les industries propres qui nous guideront en sécurité dans le siècle à venir. S’il y a bien une chose que nous apprend l’histoire, c’est que les moments de choc sont profondément volatiles. Soit nous perdrons beaucoup de terrain, écrasés par les élites et en payant le prix pendant des décennies ou bien nous gagnerons des victoires progressives qui semblaient impossibles juste quelques semaines plus tôt. Ce n’est pas le moment de perdre nos nerfs. Le futur sera déterminé par ceux prêts à combattre le plus durement pour les idées qu’il y a dans l’air.
Milton Friedman disait: "C’est, je crois, notre principale fonction, celle de développer des alternatives aux politiques existantes pour les garder en vie et à disposition jusqu’à ce que le politiquement impossible devienne politiquement inévitable.»
Ah oui, vu de Paris… Merde in USA.
Naomi Klein poursuit ainsi: «Friedman avait tort sur beaucoup de choses mais il avait raison sur ça... En temps de crise, des idées qui paraissent impossibles soudainement deviennent possibles, mais les idées de qui? Des idées de justice, pensées pour assurer la santé et la sécurité du plus grand nombre? Ou des idées de prédations, pensées pour enrichir ceux qui sont déjà incroyablement riches, tout en laissant les plus vulnérables encore plus exposés?
L'économie mondiale est saisie par les chocs en cascade en face d'elle. Les journalistes de Market News annoncent: "À la suite de la crise du coronavirus (décrite comme une pandémie par l'OMS), les actions ont arrêté de s'échanger à Wall street après une chute de 7%, la plus grosse chute que nous ayons vu depuis le krach de 1987. Cette chute a été stimulée par la montée d'une guerre des prix sur le pétrole, sur un marché déjà affaibli par la peur du coronavirus." et Donald Trump interrogé sur ce point répond: "Non, je n'endosse aucune responsabilité!".
Au cœur de cette panique largement répandue, les lobbyistes de toutes sortes ont bien sûr "dépoussiéré" toutes leurs idées qui traînaient dans l’air. Trump pousse pour une suspension des cotisations sociales, ce qui pourrait mener à la faillite de la Sécurité Sociale, fournissant une nouvelle excuse pour la découper ou la privatiser entièrement. Une idée qui était dans l’air depuis très longtemps, avec George W. Bush: «Un travailleur devrait avoir le droit de mettre son propre argent dans un… vous savez, dans un compte épargne privé», mais aussi une idée commune de l'autre côté de l’échiquier politique, avec Joe Biden: «Quand je dis que nous devons geler les dépenses fédérales, j’entends par là la Sécurité Sociale aussi: Medicare et Medicaid».
Il y a aussi les idées qui consistent à renflouer les secteurs les plus riches et les plus polluants de notre économie. Trump: «Nous travaillons main dans la main avec l’industrie des croisières maritimes et le secteur aérien. Ce sont deux excellents secteurs d’activité que nous aiderons à traverser cette épreuve.»
Renflouement pour les entreprises d’extraction, sans parler des croisières, de l’aérien et des hôtels, des mesures dont Trump lui-même pourrait bénéficier personnellement, ce qui est un gros problème car le virus n’est pas la seule crise que nous affrontons. Il y a aussi la crise environnementale, et ces entreprises que nous sauvons avec notre argent sont les premières responsables!
Trump a aussi rencontré les compagnies d’assurance santé privées, précisément celles à qui tellement d’américains n’ont pas les moyens de payer les soins dont ils auraient besoin et il y a fort à parier qu'elles aussi auront leurs mesures particulières. C’est comme si toute la gestion de cette pandémie avait été sous-traitée. Brian Cornell: «Monsieur le Président, merci de nous avoir invité aujourd’hui [à la Maison Blanche], avec nos collègues de Wallmart, Wallgreen et CVS. En temps normal nous sommes tous des concurrents mais en ce qui concerne aujourd’hui, nous sommes concentrés sur notre concurrent commun, il s’agit de la propagation du coronavirus».
La première réaction de la Banque Fédérale Américaine (FED), a été d’injecter 1500 milliards de dollars sur les marchés financiers, et beaucoup plus à venir sans doute. Mais si vous êtes un travailleur, particulièrement un indépendant, vous n’aurez pas la même chance. Si vous avez besoin de voir un médecin, personne ne vous aidera à payer si vous n’êtes pas couvert. Et si vous voulez respecter les consignes de sécurité et rester à la maison, il y a aussi de bonnes chances que vous ne soyez pas payés. Bien sûr, il faut encore que vous payez votre loyer et vos dettes médicales, scolaires, cartes de crédit, emprunts. Les résultats sont prévisibles. Trop de gens malades n’ont d’autres choix que d’aller travailler, ce qui signifie plus de gens infectés et propageant le virus. Et sans indemnisation complète pour les travailleurs, nous pouvons nous attendre à plus de faillites et plus de sans-abris dans les rues.
Écoutez, nous connaissons le script: en 2008, la dernière fois que nous avons eu un effondrement financier global, le même genre de mauvaises idées consistant à renflouer sans conditions les entreprises l’ont emporté. Et les gens normaux, partout dans le monde, en ont payé le prix. C’était très prévisible!
Il y a 13 ans, j’ai écrit un livre «La Stratégie du choc vers un capitalisme du désastre» décrivant une tactique brutale des gouvernements de droite. Après un évènement choquant - une guerre, un coup d’état, une attaque terroriste, un crash financier ou une catastrophe naturelle -, ils exploitent la désorientation du public, suspendent la démocratie et poussent des mesures libérales radicales qui enrichissent les 1% au détriment des pauvres et de la classe moyenne.
Mais voici ce que mes recherches m’ont appris: les chocs et les crises n’aboutissent pas toujours à la stratégie du choc. En fait, il est même possible qu’une crise catalyse une sorte d’évolution progressiste. Pensez aux années 1930, lorsque la Grande Dépression a mené au New Deal.
Franklin Roosevelt disait: «La seule chose qui doit nous faire peur est la peur elle-même». Aux USA et ailleurs, les gouvernements commencèrent à déployer un filet de sécurité sociale pour qu’à la prochaine crise, il y ait des institutions pour rattraper les gens. «Le droit de chaque famille d’avoir un toit décent, le droit à une assurance maladie adéquate et l’opportunité de profiter d’une bonne santé».
Écoutez, nous savons ce qu’est le plan de Donald Trump, une stratégie du choc pandémique avec toutes les idées les plus dangereuses qui traînent dans l’air: de la privatisation de la Sécurité Sociale à la fermeture des frontières, en passant par l’emprisonnement des migrants. Il essayera peut-être même d’annuler les élections (de novembre 2020). Mais la fin de cette histoire n’a pas encore été écrite. C’est une année électorale. Les mouvements sociaux et les politiciens insurgés sont d’ores et déjà mobilisés. Et comme dans les années 30, nous avons un tas d’autres idées qui traînent dans l’air.
Bernie Sanders: « Croyons-nous que tout le monde devrait avoir un droit d’accès à l’assurance maladie?». Yes… La plupart de ces idées étaient rejetées et vues comme trop radicales il y a à peine une semaine. Aujourd’hui, elles commencent à ressembler au seul chemin raisonnable pour sortir de cette crise et prévenir les prochaines. Et avec Washington soudainement engagée dans une vaste politique de relance, c’est le moment idéal pour la relance que beaucoup d’entre nous réclamons depuis des années. «La Corée du Sud, comme les pays européens et le Canada, a un système d’assurance santé universel avec un seul guichet, ce qui rend la mobilisation beaucoup plus facile... Aujourd’hui est le jour où nous nous engageons vraiment dans un agenda intégral, pour une justice économique, sociale et raciale».
Ça s’appelle le «Green New Deal». Au lieu de secourir les industries sales du siècle dernier, nous devrions investir dans les industries propres qui nous guideront en sécurité dans le siècle à venir. S’il y a bien une chose que nous apprend l’histoire, c’est que les moments de choc sont profondément volatiles. Soit nous perdrons beaucoup de terrain, écrasés par les élites et en payant le prix pendant des décennies ou bien nous gagnerons des victoires progressives qui semblaient impossibles juste quelques semaines plus tôt. Ce n’est pas le moment de perdre nos nerfs. Le futur sera déterminé par ceux prêts à combattre le plus durement pour les idées qu’il y a dans l’air.
Milton Friedman disait: "C’est, je crois, notre principale fonction, celle de développer des alternatives aux politiques existantes pour les garder en vie et à disposition jusqu’à ce que le politiquement impossible devienne politiquement inévitable.»
Ah oui, vu de Paris… Merde in USA.
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