Alexi Jenni (prix Goncourt 2011) a écrit sans prétentions les plus belles pages de l’écologie poétique que je connaisse dans «J’aurai pu devenir millionnaire, j’ai choisi d’être vagabond». Voici donc un petit résumé de la vie romancée de John Muir dont il reprend l'esprit et les textes. Mais qui était vraiment cet aventurier?
Né en 1838, John Muir fut à 20 ans un solide ouvrier agricole, mais dix ans plus tôt, arrivé gamin d’Écosse parmi les colons au moment de la Ruée vers l’or, il n’était encore que ce chenapan qui aimait échapper à toute surveillance pour courir la campagne avec des bandes d’enfants terribles. Pour le tenir dans la bonne voie et le dresser au métier d’homme, son père utilisa tous les stratagèmes à sa disposition: le travail abrutissant qui enchaîne les travaux des champs du matin au soir, la religion en prêchant les saintes écritures, l’éducation par l’exemple et le sacrifice, le travail épuisant qui rompt les corps, la connaissance par cœur des chapitres et des versets de la bible, les corrections salvatrices et les bains glacés qui rougissent la peau, le partage d’une vie humble et rude en famille, la bienveillance fraternelle et la préservation de l’innocence, le poids de l’autorité paternelle et celui encore supérieur du devoir.
Plus tard, vieux et barbu, John Muir sera décrit comme le père de l'écologie, c’est à dire un des premiers à avoir témoigné pour la préservation des paysages américains: il ne parlait pas d’écologie mais de l’urgence de défendre la Création contre la destruction organisée du Wisconsin jusqu'à la Californie. C’était avec raison… N'importe qui pouvait délimiter un terrain et s'en déclarer l'heureux propriétaire ou creuser une mine d'or. Depuis son arrivée en tant que colon dans des paysages encore vierges de la main de l'homme et pendant les 50 années suivantes il avait pu constater la destruction forcenée et à grande échelle du grand Ouest américain par les vagues de chercheurs d’or, les mineurs mais aussi les bâtisseurs, les cultivateurs et les éleveurs qui menaient paître leurs moutons par dizaines de milliers dans les vallées fleuries de lys, jusqu’aux pieds des contreforts granitiques. Des séquoias de 100m de haut étaient abattus, détaillés en planches pour construire de vulgaires cabanes ou réduits en petit bois de chauffage à coups de dynamite, dans un gâchis ignoble. (L’équivalent de ce drame serait aujourd’hui, par exemple, que l’explorateur Mike Horn retourne en Amazonie 20 ans après l’avoir traversée à coups de machettes et qu’il découvre, accablé, les paysages désolés d’une déforestation absolue, là où jadis la vie sauvage à profusion ralentissait chacun de ses pas et menaçait sa traversée).
En défendant la réserve naturelle devenue «Le parc national de Yosemite», John Muir, naturaliste et poète, a donné une tournure politique à son combat en s’adressant aux plus hautes instances nationales, contre les intérêts locaux. Peut-être n’y est-il finalement pas pour grand-chose dans cette décision de préserver cet espace, une décision convenue au nom de la morale puritaine, mais il aura réussi à convaincre le président Theodore Roosevelt en personne de l’intérêt de nationaliser ce territoire: Yosemite est devenu, parmi d’autres parcs célèbres comme Grand Canyon ou Yellowstone, la bonne conscience d’une Amérique conquérante (et tout de suite après un lieu de tourisme de masse pour des citadins en manque de rêve de conquête). Yosemite cache aussi quelques secrets moins glorieux comme l’extermination des derniers indiens de Californie, devenus au fil du temps des bandes pouilleuses et fuyantes pourchassées jusque dans les montagnes… mais John Muir, le fermier, n’avait que du dégoût pour ces pauvres autochtones survivants et il a toujours préféré ronger des quignons de pain (et crever de faim) pendant ses errances plutôt que d’adopter le mode de vie de ces chasseurs-cueilleurs (mais aussi des voleurs opportunistes pendant la nuit, dont les autres fermiers faisaient les frais).
La "conscience écologique" de John Muir s’est développée avec l’idée que ses récits et ses poèmes pouvaient infléchir la destruction de ce territoire, c'est à dire la Terre originelle depuis ses profondeurs jusqu’aux montagnes rocheuses moulues par d’anciens glaciers, avec ses forêts de séquoias et ses espèces animales menacées d’extinction.
Par la lecture de sa vie sauvage et de ses carnets de notes, nous pouvons définir quelles sont les vertus cardinales qui doivent orienter notre combat écologique partout dans le monde: je veux parler par exemple de la révélation et de la communion avec la nature. En fait, il s’agit d’amour (et de partage) mais au sens le plus ancien.
Contre cet effort de nous raccorder aux sources de la vie et de la joie, nous rencontrons les regards haineux des marchands (des prédateurs organisés) qui confondent le verbe aimer avec le verbe consommer: «Je l’aime donc je le mange!». Triste profession de foi... Plaignons la pauvreté de leurs sentiments. Hélas, ils reçoivent le soutien inébranlable des philosophes de chez nous, des enseignants de l’école laïc française, des technocrates et d’autres politicards très prudents qui nous avertissent avec horreur du retour des croyances religieuses, voire d’un animisme tribal qui menacerait «nos libertés fondamentales».
Raphaël Enthoven, par exemple, fustige les démagogues, «tous ces salauds qui remplacent la science par le charlatanisme» et qui nous projettent dans l’obscurantisme, Michel Onfray méprise «les vertus chrétiennes et les enseignements de Jésus Christ» mais aussi «tous les véganes (comme John Muir) qui refusent de manger de la viande par ignorance et sensiblerie», F-X Bellamy doute lui des mesures contre le réchauffement climatique «pour s’en remettre entièrement à l’innovation et aux forces du progrès» et pour finir, nos dirigeants dont le chef de l’État le premier refusent «tout ce qui risquerait de décourager l’investissement» et menacerait donc le capitalisme. Mais voyez comment le libéralisme et le capitalisme sont menacés tous les jours par les écolos! Ah oui, c'est effrayant.
Ont croit rêver! Je ne les traite pas d’incroyants, chacun étant libre de croire à ce qu'il veut (Onfray ne croit qu'en lui), mais tous ces apprentis criminels, au nom de la Science, ont enjoint nos médecins à ne surtout pas soigner les malades du Coronavirus avec de l’hydroxychloroquine, une molécule décrite comme «un remède de charlatans et de rebouteux»: plusieurs dizaines de milliers de malades sont donc morts chez eux ou sur des chaises percées dans des mouroirs, avec un minimum d'assistance (puisque l’hydroxychloroquine leur était refusée), contaminés par des familiers souvent asymptomatiques mais très contagieux. Les médecins se sont enfuis en criant qu'on voulait leur mort. Beaucoup ont trahi au nom du scientisme et de l'attentisme d'état leur serment d’Hippocrate qui enjoint de détecter (témoigner, révéler), de porter secours (se présenter, communier), de soigner (tendre la main, donner de l'attention et des soins élémentaires) et de traiter (protéger, rassurer) qui sont des vertus plusieurs fois millénaires de partage avec la nature (la terre, les plantes et les animaux) comme avec les hommes.
Le serment d'Hippocrate:
“Au moment d'être admis(e) à exercer la médecine, je promets et je jure d'être fidèle aux lois de l'honneur et de la probité. Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux.
Né en 1838, John Muir fut à 20 ans un solide ouvrier agricole, mais dix ans plus tôt, arrivé gamin d’Écosse parmi les colons au moment de la Ruée vers l’or, il n’était encore que ce chenapan qui aimait échapper à toute surveillance pour courir la campagne avec des bandes d’enfants terribles. Pour le tenir dans la bonne voie et le dresser au métier d’homme, son père utilisa tous les stratagèmes à sa disposition: le travail abrutissant qui enchaîne les travaux des champs du matin au soir, la religion en prêchant les saintes écritures, l’éducation par l’exemple et le sacrifice, le travail épuisant qui rompt les corps, la connaissance par cœur des chapitres et des versets de la bible, les corrections salvatrices et les bains glacés qui rougissent la peau, le partage d’une vie humble et rude en famille, la bienveillance fraternelle et la préservation de l’innocence, le poids de l’autorité paternelle et celui encore supérieur du devoir.
Plus tard, vieux et barbu, John Muir sera décrit comme le père de l'écologie, c’est à dire un des premiers à avoir témoigné pour la préservation des paysages américains: il ne parlait pas d’écologie mais de l’urgence de défendre la Création contre la destruction organisée du Wisconsin jusqu'à la Californie. C’était avec raison… N'importe qui pouvait délimiter un terrain et s'en déclarer l'heureux propriétaire ou creuser une mine d'or. Depuis son arrivée en tant que colon dans des paysages encore vierges de la main de l'homme et pendant les 50 années suivantes il avait pu constater la destruction forcenée et à grande échelle du grand Ouest américain par les vagues de chercheurs d’or, les mineurs mais aussi les bâtisseurs, les cultivateurs et les éleveurs qui menaient paître leurs moutons par dizaines de milliers dans les vallées fleuries de lys, jusqu’aux pieds des contreforts granitiques. Des séquoias de 100m de haut étaient abattus, détaillés en planches pour construire de vulgaires cabanes ou réduits en petit bois de chauffage à coups de dynamite, dans un gâchis ignoble. (L’équivalent de ce drame serait aujourd’hui, par exemple, que l’explorateur Mike Horn retourne en Amazonie 20 ans après l’avoir traversée à coups de machettes et qu’il découvre, accablé, les paysages désolés d’une déforestation absolue, là où jadis la vie sauvage à profusion ralentissait chacun de ses pas et menaçait sa traversée).
En défendant la réserve naturelle devenue «Le parc national de Yosemite», John Muir, naturaliste et poète, a donné une tournure politique à son combat en s’adressant aux plus hautes instances nationales, contre les intérêts locaux. Peut-être n’y est-il finalement pas pour grand-chose dans cette décision de préserver cet espace, une décision convenue au nom de la morale puritaine, mais il aura réussi à convaincre le président Theodore Roosevelt en personne de l’intérêt de nationaliser ce territoire: Yosemite est devenu, parmi d’autres parcs célèbres comme Grand Canyon ou Yellowstone, la bonne conscience d’une Amérique conquérante (et tout de suite après un lieu de tourisme de masse pour des citadins en manque de rêve de conquête). Yosemite cache aussi quelques secrets moins glorieux comme l’extermination des derniers indiens de Californie, devenus au fil du temps des bandes pouilleuses et fuyantes pourchassées jusque dans les montagnes… mais John Muir, le fermier, n’avait que du dégoût pour ces pauvres autochtones survivants et il a toujours préféré ronger des quignons de pain (et crever de faim) pendant ses errances plutôt que d’adopter le mode de vie de ces chasseurs-cueilleurs (mais aussi des voleurs opportunistes pendant la nuit, dont les autres fermiers faisaient les frais).
La "conscience écologique" de John Muir s’est développée avec l’idée que ses récits et ses poèmes pouvaient infléchir la destruction de ce territoire, c'est à dire la Terre originelle depuis ses profondeurs jusqu’aux montagnes rocheuses moulues par d’anciens glaciers, avec ses forêts de séquoias et ses espèces animales menacées d’extinction.
Par la lecture de sa vie sauvage et de ses carnets de notes, nous pouvons définir quelles sont les vertus cardinales qui doivent orienter notre combat écologique partout dans le monde: je veux parler par exemple de la révélation et de la communion avec la nature. En fait, il s’agit d’amour (et de partage) mais au sens le plus ancien.
Contre cet effort de nous raccorder aux sources de la vie et de la joie, nous rencontrons les regards haineux des marchands (des prédateurs organisés) qui confondent le verbe aimer avec le verbe consommer: «Je l’aime donc je le mange!». Triste profession de foi... Plaignons la pauvreté de leurs sentiments. Hélas, ils reçoivent le soutien inébranlable des philosophes de chez nous, des enseignants de l’école laïc française, des technocrates et d’autres politicards très prudents qui nous avertissent avec horreur du retour des croyances religieuses, voire d’un animisme tribal qui menacerait «nos libertés fondamentales».
Raphaël Enthoven, par exemple, fustige les démagogues, «tous ces salauds qui remplacent la science par le charlatanisme» et qui nous projettent dans l’obscurantisme, Michel Onfray méprise «les vertus chrétiennes et les enseignements de Jésus Christ» mais aussi «tous les véganes (comme John Muir) qui refusent de manger de la viande par ignorance et sensiblerie», F-X Bellamy doute lui des mesures contre le réchauffement climatique «pour s’en remettre entièrement à l’innovation et aux forces du progrès» et pour finir, nos dirigeants dont le chef de l’État le premier refusent «tout ce qui risquerait de décourager l’investissement» et menacerait donc le capitalisme. Mais voyez comment le libéralisme et le capitalisme sont menacés tous les jours par les écolos! Ah oui, c'est effrayant.
Ont croit rêver! Je ne les traite pas d’incroyants, chacun étant libre de croire à ce qu'il veut (Onfray ne croit qu'en lui), mais tous ces apprentis criminels, au nom de la Science, ont enjoint nos médecins à ne surtout pas soigner les malades du Coronavirus avec de l’hydroxychloroquine, une molécule décrite comme «un remède de charlatans et de rebouteux»: plusieurs dizaines de milliers de malades sont donc morts chez eux ou sur des chaises percées dans des mouroirs, avec un minimum d'assistance (puisque l’hydroxychloroquine leur était refusée), contaminés par des familiers souvent asymptomatiques mais très contagieux. Les médecins se sont enfuis en criant qu'on voulait leur mort. Beaucoup ont trahi au nom du scientisme et de l'attentisme d'état leur serment d’Hippocrate qui enjoint de détecter (témoigner, révéler), de porter secours (se présenter, communier), de soigner (tendre la main, donner de l'attention et des soins élémentaires) et de traiter (protéger, rassurer) qui sont des vertus plusieurs fois millénaires de partage avec la nature (la terre, les plantes et les animaux) comme avec les hommes.
Le serment d'Hippocrate:
“Au moment d'être admis(e) à exercer la médecine, je promets et je jure d'être fidèle aux lois de l'honneur et de la probité. Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux.