Charles Péguy et John Muir ont ceci en commun qu’ils sont morts en 1914, l’un d’une balle dans le front et l’autre d’une pneumonie, mais des témoins disent qu’ils sont morts tous les deux de désespoir et de chagrin. Péguy est mort en montant au combat contre les Allemands à l’aube de la première guerre mondiale, dans un ordre mondial qu’il ne comprenait plus. Muir est mort après s’être battu contre un projet de barrage, dans le but de sauvegarder la vallée d'Hetch Hetchy en Californie, ce à quoi il échouera. La mort est alors un renoncement à vivre, quand plus rien n’en vaut la peine, quand le monde ancien est irrécupérable.
Charles Péguy et John Muir ont eu aussi en commun une enfance qui pourrait nous paraître misérable. Le premier apprit très tôt entre sa mère et sa grand-mère à rempailler et canner des chaises pour acquérir un métier, le deuxième à 11 ans s’attelait déjà aux travaux des champs, des travaux forcés mais consentis joyeusement dans les paysages encore vierges de la conquête de l’Ouest. Péguy et Muir avaient l’insouciance des enfants de cette époque qui donnaient tout à leurs parents, en idéalisant plus tard leur enfance. Quelle leçon de savoir vivre! Péguy écrira des poèmes comme on tresse les joncs, en emmêlant les brins, et Muir décrira les milles façons du vent de souffler entre les branches.
Enfin, Charles Péguy et John Muir se sont illustrés par leur intelligence exceptionnelle qui les a fait échapper à leur sort d’ouvrier et de paysan (jamais ils ne se sont décrits comme pauvres et malheureux), en rejoignant les bancs de l’école et de l’université. Ils étaient aussi très appréciés par leurs camarades. Ils ont raconté comment, gamins, après des heures d’un dur labeur, les yeux se fermant tous seuls et les mains tremblantes de fatigue, ils se penchaient en secret sur les pages des grands poètes, émus aux larmes, mais là s’arrêtent leurs points communs. Enfant, Péguy connu l’école laïque et la rigueur d’une éducation ouvrière emprunte de platonisme (mais avec un crucifix accroché au mur), empêché d’aller courir, tandis que Muir baignait dans une religiosité familiale, s’échappait avec des bandes de gamins pour battre la campagne et se prenait des tannées en rentrant à la maison. Péguy monta à Paris et tomba en admiration devant la statuaire de l’art gréco-romain quand Muir devint un mécanicien autodidacte, rejoignit plus tard l’université et découvrit la sauvagerie des grands espaces américains qu’il arpenta de long en large, en échappant à l’emprise absolue d’un père pasteur presbytérien. Péguy, souffreteux, s’adonna à une vie citadine de réflexion et d’écriture entrecoupée de pèlerinages, et Muir n’eut de cesse d’abandonner ses travaux d’hercule comme ouvrier agricole et ses études universitaires pour aller se perdre dans la cathédrale d’une nature vierge des hommes, entre les troncs des séquoias géants et pour en ramener sur ses carnets des souvenirs de voyages éblouissants.
Henri Poincaré, autre exemple, contracta à l’âge de 5 ans la diphtérie, ce qui l’incita à lire beaucoup. «Poincaré se distinguait surtout grâce à son intelligence exceptionnelle. Dès sa jeunesse, il pouvait résoudre des problèmes très complexes. Au premier abord, son côté introspectif pouvait donner l'impression qu'il était un jeune homme hautain. Cependant, il fut rapidement apprécié de ses camarades, car il était toujours prêt à aider les autres qui butaient sur un problème, et était généralement un bon camarade». /wikipédia.
Moi-même, comme Michel Onfray, je pourrais parler de mon enfance misérable, à la Zola, méprisé au milieu des costauds et des pédérastes. Mais ce serait faire une peinture bien noire de mon enfance, qui ne fut pas si terrible tant j’étais sauvage et innocent, même si j’ai dû courir à l’occasion pour ne pas me faire rattraper, voler, tabasser et peut-être même enculer par quelques grands gaillards déjà poilus du menton. Les baffes ne venaient pas de mes parents (absents et bienveillants) mais des autres gamins dans les cours d’écoles. Infiniment seul, dans une tactique d’évitement, je n’ai connu comme amis que les livres avant d’y renoncer pour partir travailler et m’avilir dans des travaux d’usine, sans espoir. Là, j’ai cru pendant 20 ans rejoindre la grande fraternité des hommes mais je n’ai jamais fait que m’en éloigner, devenant une sorte d’homme-machine appliqué aux tâches mécaniques, étranger à moi-même. Vous comprendrez ma liberté d’écrire!
Hélas, je ne serais jamais plus ce petit garçon qui avalait des livres par dizaines et transformait tous les récits d’aventures en rêveries solitaires. Incapable de m’assimiler aux autres gamins de l’école, je n’avais d’intérêt que pour les livres, l’odeur de l’encre et les voyages dans ma tête: je mangeais des mots, j’en goûtais la texture, je tentais d’en percer le mystère, étrangement absent à la réalité. Après, ma mère me chassait de ses jambes et je partais à l’aventure dans la contemplation d’une nature moribonde percée de routes et d’autoroutes (autant de barrages infranchissables), avec ses alouettes virevoltantes au dessus des derniers champs de blé, ses vergers oubliés aux arbres étiques, ses dernières sources libres dans les creux moussus des prairies verdoyantes et ses essaims d’abeilles sauvages échappées des ruchers abandonnés, juste avant la construction sur place d’une usine, d’un centre commercial ou d’une cité HLM. En rentrant à la maison, je rêvais d’apprendre le dictionnaire par cœur et la musique me faisait le même effet: je m’évadais dans ma tête et j’essayais en vain de saisir tous ces mots et toutes ces notes de musique comme autant de poignées de sable insaisissable. Mon esprit se rebellait à toute discipline. Je m’allongeais pour rêver de musique et, adolescent, je faisais taire le tourne-disques pour poursuivre les symphonies d’Hector Berlioz et de Wagner dans ma tête (deux uniques 33 tours de musique classique, achetés en solde dans la rue). Et puis, même cela m’est passé… Est-ce Mozart qu’on assassine? Un jour, mais bien plus tard, j’ai compris que ma vie ne valait pas grand chose et depuis, je vis en sursis, de plus en plus vieux et faible, sans énergie nouvelle, presque éteint. Mes livres et mes compositions ont tous fini à la poubelle.
Monsieur Onfray lui ne cesse de pleurnicher - sur la cruauté de ses contemporains, jaloux de son art -, tout en célébrant ses succès multiples et variés: livres et recueils de poésies par centaines, conférences devant des milliers d’admirateurs etc. Cependant, l’enfer qui décrit son enfance ne correspond pas à la réalité perçue par d’autres enfants de son âge, dans le même orphelinat qu’il a connu (qui ne comptait dit-on que quatre ou cinq orphelins par classe), où ses parents l’avaient envoyé pour y recevoir la meilleure éducation possible. Là, face à des rustres peut-être plus âgés et donc plus forts que lui, il aurait fait le coup de poing (exactement comme d’autres avant lui). Devenu écrivain, Onfray s’est attaché à écrire sa propre légende enfantine, entre violence, crasse et pédérastie, entre réalité et affabulation: celle d’un enfant hypersensible, celle d’une pauvre victime, celle d’un intellectuel... mais voyez l’adulte qu’il est devenu, dominateur, altier, presque menaçant, la moue dédaigneuse, imbu de sa personne et sans concession aucune… Un peu comme Didier Raoult, un extra-lucide, mais la science en moins. Sa misère est littéraire, ses parents étaient sans doute modestes mais pas vraiment pauvres et enfant, il ne craignait pas la disette! Concernant sa haine des petits curés pédérastes qui ont participé à son éducation (dont certains étaient des fins lettrés), cela mériterait une psychanalyse (mais Onfray a conçu un violent dégoût pour les méthodes freudiennes), au lieu de quoi il nous bassine avec des centaines d’ouvrages imprimés dont il est l’auteur prodigue, tout en auto-promotion permanente, en auto-satisfaction et en auto-célébration depuis 40 ans! (Charles Aznavour aura connu des débuts bien plus difficiles que notre faux-losophe, avant d’atteindre à 40 ans passé la consécration d’un tour de chant). En bref, il faut remettre les choses en perspectives.
Onfray a construit sa carrière non pas sur des manières affables mais sur la polémique, affichant son mépris pour ses concurrents, mais aussi pour le judéo-christianisme dont il est issu, dégoisant à loisir sur Jésus Christ qui n’aurait jamais existé (les évangiles sont pour lui un tissu de mensonges, mais Jésus avec sa corde en fouet aurait par contre inspiré Hitler), bavant sur Freud et le fustigeant de quelques phrases assassines qu’il répète comme un perroquet, déblatérant sur Greta Thunberg traitée de pauvre chose inhumaine, et bien d’autres victimes de ses colères froides… son erreur principale aura été non pas de diffamer des morts, paix à leur âme, mais de s’attaquer aux enfants par jalousie et pour se donner de l’importance comme le fils prodigue de sa légende. Voyons, ces enfants sont intouchables, que ce soit Bernadette Soubirous, le petit Aylan ou Greta Thunberg, tous symboles d’innocence. Cela ne se fait pas, monsieur Onfray!
Le plus simple, face à un tel torrent de mépris, c’est pour moi d’ignorer son œuvre, ce a quoi je me suis astreint depuis quelques années. Mais le bougre continue d’éructer sur les réseaux, inlassablement, de sorte que nul ne peut ignorer la bassesse de ses propos enregistrés sur tous les médias disponibles, sur sa chaîne et dans son blog. C’est lui qui nous avait déjà édifié sur la culture judéo-chrétienne en 2017, dans «Brève encyclopédie du monde, De Jésus à Ben Laden, vie et mort de l'Occident – Décadence»: c’est une charge sans concessions de notre prétendue civilisation et une ode à la vigueur d’une civilisation musulmane envahissante (qui se résume pour moi à une religion passéiste et totalitaire). C’est encore lui qui veut faire notre éducation écologique, sous prétexte que son père était un ouvrier agricole qui lui a enseigné l’amour de la campagne: «la terre est faite pour être labourée, les animaux sont faits pour être mangés!» Et toutes autres considérations seraient des conneries inventées par les véganes et les bobos. Alors, ne lui parlez pas du réchauffement climatique, celui des conspirationnistes!
Onfray est un polymathe: il a étudié, il sait tout, à l’égal de Michel Ardan et de Cyrus Smith, des personnages de Jules Verne. Mais comment le comparer à Pythagore ou à Aristote? Comme amuseur polyfacétique, je lui trouve des points communs avec Patrick Sébastien (l’amabilité en moins), bien plus qu’avec Didier Raoult. Nombre de leurs observations sont intéressantes. Pour moi, son opposition nietzschéenne aux dogmes et sont esprit de résistance au mondialisme sont louables... mais la pauvreté de ses considérations personnelles et son manque d’empathie le disqualifient complètement de l’éducation des foules. Il se décrit volontiers comme «un bienfaiteur de l’humanité, ayant travaillé bénévolement pendant vingt ans à l’éducation du petit peuple» mais il aura surtout travaillé à sa célébrité et à la divulgation de ses œuvres chez les nouveaux intellectuels-prolétaires de son université populaire (un mélange improbable que lui seul a réussi), des pauvres types qui se prennent à penser avec son autorisation éclairée, ce qui n’a rien de gratuit: «Je vous conchie mais lisez-moi (c’est 50 euros les gros volumes et 20 euros les petits), étudiez-moi comme Socrate (c’est moi son éditeur) et je vous apprécierai à votre juste valeur!». Ben non, pas moi… Dommage!
Patrick Sébastien, notre gilet-jaune de la féria (anciennement la bamboula, mot raciste), c’est ça:
Ah si tu pouvais fermer ta gueule
Charles Péguy et John Muir ont eu aussi en commun une enfance qui pourrait nous paraître misérable. Le premier apprit très tôt entre sa mère et sa grand-mère à rempailler et canner des chaises pour acquérir un métier, le deuxième à 11 ans s’attelait déjà aux travaux des champs, des travaux forcés mais consentis joyeusement dans les paysages encore vierges de la conquête de l’Ouest. Péguy et Muir avaient l’insouciance des enfants de cette époque qui donnaient tout à leurs parents, en idéalisant plus tard leur enfance. Quelle leçon de savoir vivre! Péguy écrira des poèmes comme on tresse les joncs, en emmêlant les brins, et Muir décrira les milles façons du vent de souffler entre les branches.
Enfin, Charles Péguy et John Muir se sont illustrés par leur intelligence exceptionnelle qui les a fait échapper à leur sort d’ouvrier et de paysan (jamais ils ne se sont décrits comme pauvres et malheureux), en rejoignant les bancs de l’école et de l’université. Ils étaient aussi très appréciés par leurs camarades. Ils ont raconté comment, gamins, après des heures d’un dur labeur, les yeux se fermant tous seuls et les mains tremblantes de fatigue, ils se penchaient en secret sur les pages des grands poètes, émus aux larmes, mais là s’arrêtent leurs points communs. Enfant, Péguy connu l’école laïque et la rigueur d’une éducation ouvrière emprunte de platonisme (mais avec un crucifix accroché au mur), empêché d’aller courir, tandis que Muir baignait dans une religiosité familiale, s’échappait avec des bandes de gamins pour battre la campagne et se prenait des tannées en rentrant à la maison. Péguy monta à Paris et tomba en admiration devant la statuaire de l’art gréco-romain quand Muir devint un mécanicien autodidacte, rejoignit plus tard l’université et découvrit la sauvagerie des grands espaces américains qu’il arpenta de long en large, en échappant à l’emprise absolue d’un père pasteur presbytérien. Péguy, souffreteux, s’adonna à une vie citadine de réflexion et d’écriture entrecoupée de pèlerinages, et Muir n’eut de cesse d’abandonner ses travaux d’hercule comme ouvrier agricole et ses études universitaires pour aller se perdre dans la cathédrale d’une nature vierge des hommes, entre les troncs des séquoias géants et pour en ramener sur ses carnets des souvenirs de voyages éblouissants.
Henri Poincaré, autre exemple, contracta à l’âge de 5 ans la diphtérie, ce qui l’incita à lire beaucoup. «Poincaré se distinguait surtout grâce à son intelligence exceptionnelle. Dès sa jeunesse, il pouvait résoudre des problèmes très complexes. Au premier abord, son côté introspectif pouvait donner l'impression qu'il était un jeune homme hautain. Cependant, il fut rapidement apprécié de ses camarades, car il était toujours prêt à aider les autres qui butaient sur un problème, et était généralement un bon camarade». /wikipédia.
Moi-même, comme Michel Onfray, je pourrais parler de mon enfance misérable, à la Zola, méprisé au milieu des costauds et des pédérastes. Mais ce serait faire une peinture bien noire de mon enfance, qui ne fut pas si terrible tant j’étais sauvage et innocent, même si j’ai dû courir à l’occasion pour ne pas me faire rattraper, voler, tabasser et peut-être même enculer par quelques grands gaillards déjà poilus du menton. Les baffes ne venaient pas de mes parents (absents et bienveillants) mais des autres gamins dans les cours d’écoles. Infiniment seul, dans une tactique d’évitement, je n’ai connu comme amis que les livres avant d’y renoncer pour partir travailler et m’avilir dans des travaux d’usine, sans espoir. Là, j’ai cru pendant 20 ans rejoindre la grande fraternité des hommes mais je n’ai jamais fait que m’en éloigner, devenant une sorte d’homme-machine appliqué aux tâches mécaniques, étranger à moi-même. Vous comprendrez ma liberté d’écrire!
Hélas, je ne serais jamais plus ce petit garçon qui avalait des livres par dizaines et transformait tous les récits d’aventures en rêveries solitaires. Incapable de m’assimiler aux autres gamins de l’école, je n’avais d’intérêt que pour les livres, l’odeur de l’encre et les voyages dans ma tête: je mangeais des mots, j’en goûtais la texture, je tentais d’en percer le mystère, étrangement absent à la réalité. Après, ma mère me chassait de ses jambes et je partais à l’aventure dans la contemplation d’une nature moribonde percée de routes et d’autoroutes (autant de barrages infranchissables), avec ses alouettes virevoltantes au dessus des derniers champs de blé, ses vergers oubliés aux arbres étiques, ses dernières sources libres dans les creux moussus des prairies verdoyantes et ses essaims d’abeilles sauvages échappées des ruchers abandonnés, juste avant la construction sur place d’une usine, d’un centre commercial ou d’une cité HLM. En rentrant à la maison, je rêvais d’apprendre le dictionnaire par cœur et la musique me faisait le même effet: je m’évadais dans ma tête et j’essayais en vain de saisir tous ces mots et toutes ces notes de musique comme autant de poignées de sable insaisissable. Mon esprit se rebellait à toute discipline. Je m’allongeais pour rêver de musique et, adolescent, je faisais taire le tourne-disques pour poursuivre les symphonies d’Hector Berlioz et de Wagner dans ma tête (deux uniques 33 tours de musique classique, achetés en solde dans la rue). Et puis, même cela m’est passé… Est-ce Mozart qu’on assassine? Un jour, mais bien plus tard, j’ai compris que ma vie ne valait pas grand chose et depuis, je vis en sursis, de plus en plus vieux et faible, sans énergie nouvelle, presque éteint. Mes livres et mes compositions ont tous fini à la poubelle.
Monsieur Onfray lui ne cesse de pleurnicher - sur la cruauté de ses contemporains, jaloux de son art -, tout en célébrant ses succès multiples et variés: livres et recueils de poésies par centaines, conférences devant des milliers d’admirateurs etc. Cependant, l’enfer qui décrit son enfance ne correspond pas à la réalité perçue par d’autres enfants de son âge, dans le même orphelinat qu’il a connu (qui ne comptait dit-on que quatre ou cinq orphelins par classe), où ses parents l’avaient envoyé pour y recevoir la meilleure éducation possible. Là, face à des rustres peut-être plus âgés et donc plus forts que lui, il aurait fait le coup de poing (exactement comme d’autres avant lui). Devenu écrivain, Onfray s’est attaché à écrire sa propre légende enfantine, entre violence, crasse et pédérastie, entre réalité et affabulation: celle d’un enfant hypersensible, celle d’une pauvre victime, celle d’un intellectuel... mais voyez l’adulte qu’il est devenu, dominateur, altier, presque menaçant, la moue dédaigneuse, imbu de sa personne et sans concession aucune… Un peu comme Didier Raoult, un extra-lucide, mais la science en moins. Sa misère est littéraire, ses parents étaient sans doute modestes mais pas vraiment pauvres et enfant, il ne craignait pas la disette! Concernant sa haine des petits curés pédérastes qui ont participé à son éducation (dont certains étaient des fins lettrés), cela mériterait une psychanalyse (mais Onfray a conçu un violent dégoût pour les méthodes freudiennes), au lieu de quoi il nous bassine avec des centaines d’ouvrages imprimés dont il est l’auteur prodigue, tout en auto-promotion permanente, en auto-satisfaction et en auto-célébration depuis 40 ans! (Charles Aznavour aura connu des débuts bien plus difficiles que notre faux-losophe, avant d’atteindre à 40 ans passé la consécration d’un tour de chant). En bref, il faut remettre les choses en perspectives.
Onfray a construit sa carrière non pas sur des manières affables mais sur la polémique, affichant son mépris pour ses concurrents, mais aussi pour le judéo-christianisme dont il est issu, dégoisant à loisir sur Jésus Christ qui n’aurait jamais existé (les évangiles sont pour lui un tissu de mensonges, mais Jésus avec sa corde en fouet aurait par contre inspiré Hitler), bavant sur Freud et le fustigeant de quelques phrases assassines qu’il répète comme un perroquet, déblatérant sur Greta Thunberg traitée de pauvre chose inhumaine, et bien d’autres victimes de ses colères froides… son erreur principale aura été non pas de diffamer des morts, paix à leur âme, mais de s’attaquer aux enfants par jalousie et pour se donner de l’importance comme le fils prodigue de sa légende. Voyons, ces enfants sont intouchables, que ce soit Bernadette Soubirous, le petit Aylan ou Greta Thunberg, tous symboles d’innocence. Cela ne se fait pas, monsieur Onfray!
Le plus simple, face à un tel torrent de mépris, c’est pour moi d’ignorer son œuvre, ce a quoi je me suis astreint depuis quelques années. Mais le bougre continue d’éructer sur les réseaux, inlassablement, de sorte que nul ne peut ignorer la bassesse de ses propos enregistrés sur tous les médias disponibles, sur sa chaîne et dans son blog. C’est lui qui nous avait déjà édifié sur la culture judéo-chrétienne en 2017, dans «Brève encyclopédie du monde, De Jésus à Ben Laden, vie et mort de l'Occident – Décadence»: c’est une charge sans concessions de notre prétendue civilisation et une ode à la vigueur d’une civilisation musulmane envahissante (qui se résume pour moi à une religion passéiste et totalitaire). C’est encore lui qui veut faire notre éducation écologique, sous prétexte que son père était un ouvrier agricole qui lui a enseigné l’amour de la campagne: «la terre est faite pour être labourée, les animaux sont faits pour être mangés!» Et toutes autres considérations seraient des conneries inventées par les véganes et les bobos. Alors, ne lui parlez pas du réchauffement climatique, celui des conspirationnistes!
Onfray est un polymathe: il a étudié, il sait tout, à l’égal de Michel Ardan et de Cyrus Smith, des personnages de Jules Verne. Mais comment le comparer à Pythagore ou à Aristote? Comme amuseur polyfacétique, je lui trouve des points communs avec Patrick Sébastien (l’amabilité en moins), bien plus qu’avec Didier Raoult. Nombre de leurs observations sont intéressantes. Pour moi, son opposition nietzschéenne aux dogmes et sont esprit de résistance au mondialisme sont louables... mais la pauvreté de ses considérations personnelles et son manque d’empathie le disqualifient complètement de l’éducation des foules. Il se décrit volontiers comme «un bienfaiteur de l’humanité, ayant travaillé bénévolement pendant vingt ans à l’éducation du petit peuple» mais il aura surtout travaillé à sa célébrité et à la divulgation de ses œuvres chez les nouveaux intellectuels-prolétaires de son université populaire (un mélange improbable que lui seul a réussi), des pauvres types qui se prennent à penser avec son autorisation éclairée, ce qui n’a rien de gratuit: «Je vous conchie mais lisez-moi (c’est 50 euros les gros volumes et 20 euros les petits), étudiez-moi comme Socrate (c’est moi son éditeur) et je vous apprécierai à votre juste valeur!». Ben non, pas moi… Dommage!
Patrick Sébastien, notre gilet-jaune de la féria (anciennement la bamboula, mot raciste), c’est ça:
Ah si tu pouvais fermer ta gueule
Ça nous ferait des vacances
Ah si tu pouvais fermer ta gueule
Ça ferait du bien à la France...
Et puis y’a tous ceux qui font des débats
D’la philo à deux balles
Y’a c’ui qui est pour
Et y’a c’ui qui veut pas
Et ça parle et ça parle...
Le déconfinement?
Ça durera c’que ça durera
On en profite et après on verra
Faut qu’on arrête de nous foutre la trouille
Faut qu’on arrête de nous casser les couilles
La musique classique ?
Mozart dans ton cul...
Faut bien que le petit peuple se trémousse, quoi! Patrick Sébastien est un chanteur populaire et un animateur populiste, dans le bon sens du terme car ce n’est plus une insulte. Mais je crains que l’adhésion de Michel Onfray à ce mouvement des Gilets-jaunes, à l’égal de tous ses confrères, n’ai été au départ qu’un nouveau prétexte lui servant à insulter Greta Thunberg ou Emmanuel Macron: «Voyez ces pauvres gilets-jaunes qui ne peuvent pas boucler leurs fins de mois etc. Que pensent-ils du réchauffement climatique? Et bien, ils s’en tapent... Maintenant, la «Convention citoyenne pour le climat» lancée par Macron? Ils s’en branlent aussi». Voilà, c’est l’argument massue qui lui sert à terminer toute discussion et donc à décrédibiliser systématiquement le mouvement écologiste pour la préservation de la planète. Et quand il dénonce le traité de Maastricht de 1992 qui pénalise le «petit peuple» (cette erreur majeure de François Mitterrand et Pierre Bérégovoy, suicidé ou exécuté?), cela l’autorise 25 ans plus tard à insulter Macron traité tour à tour de jacobin, de vendu et de sodomiste. Mais jusqu’où poussera-t-il la blague? Peut-être devrait-il atterrir un peu? Ce bonhomme d’écriture est ainsi fait, vicieux et retors. Lui se prétend pamphlétaire, un talent de plus! Emmanuel Macron l’a bien cerné qui préfère téléphoner à Bigard, un gilet-jaune comique à la vulgarité consommée.
Et puis voilà qu’Onfray-du-Ventilateur, courant 2020 (coronavirus oblige) se convertit au Souverainisme avec Zemmour (un enfant de l’assimilation, défricheur de l’Histoire, défendeur providentiel de la Nation), se prend d’amitié pour Didier Raoult (un fils de médecin militaire, élevé dans la discipline, sauveur des Français) et change son lance-pierre de main entre deux interviews sur Sud Radio et TV5Monde (Onfray, un fils d’ouvrier promu philosophe, rassembleur de la Gauche, de la Droite et d’Ailleurs) pour nous vendre sa nouvelle revue littéraire intitulée sans imagination: Front Populaire. Sur tous les fronts à la fois, le savant-polémiste-philosophe-écrivain-poète-pamphlétaire-œnologue etc. verse à cette occasion un peu d’eau dans son vin mais presque à contre-cœur, comme un aveu: "Moi j'aime la France, c'est mon pays, ma culture, le judéo-christianisme c'est formidable, je suis athée mais je défends le judéo-christianisme, c'est notre civilisation, ça a rendu possible des bâtiments, des symphonies, des opéras, des écrivains... Sauvons cette France pour rendre possible les Mozart, les Marcel Proust et les ingénieurs de demain".
Quand il faut soigner son image de marque, rallier les regards approbateurs de quelques journalistes dysphasiques acquis à sa faconde, susciter les éloges, mener sa promotion d’une main de maître et surtout vendre sa revue et ses bouquins par dizaines de milliers d’exemplaires - car il ne travaille pas que pour la gloire, contrairement à sa légende -, toutes les stratégies sont bonnes pour monsieur Onfray! Zut… Je m’étais juré de ne plus jamais parler de cet affreux gilet-jaune, ni de Zemmour, Bigard, Sébastien, Enthoven et tous les autres amuseurs multi-médias mais trop tard, le mal est fait! À côté d'eux, Bernard-Henri Lévy est un géant aimable, Charles Péguy est un saint homme et John Muir un sommet inaccessible perdu dans les brumes de la Sierra Nevada. Ah oui... Merde in France.
Faut qu’on arrête de nous casser les couilles
La musique classique ?
Mozart dans ton cul...
Faut bien que le petit peuple se trémousse, quoi! Patrick Sébastien est un chanteur populaire et un animateur populiste, dans le bon sens du terme car ce n’est plus une insulte. Mais je crains que l’adhésion de Michel Onfray à ce mouvement des Gilets-jaunes, à l’égal de tous ses confrères, n’ai été au départ qu’un nouveau prétexte lui servant à insulter Greta Thunberg ou Emmanuel Macron: «Voyez ces pauvres gilets-jaunes qui ne peuvent pas boucler leurs fins de mois etc. Que pensent-ils du réchauffement climatique? Et bien, ils s’en tapent... Maintenant, la «Convention citoyenne pour le climat» lancée par Macron? Ils s’en branlent aussi». Voilà, c’est l’argument massue qui lui sert à terminer toute discussion et donc à décrédibiliser systématiquement le mouvement écologiste pour la préservation de la planète. Et quand il dénonce le traité de Maastricht de 1992 qui pénalise le «petit peuple» (cette erreur majeure de François Mitterrand et Pierre Bérégovoy, suicidé ou exécuté?), cela l’autorise 25 ans plus tard à insulter Macron traité tour à tour de jacobin, de vendu et de sodomiste. Mais jusqu’où poussera-t-il la blague? Peut-être devrait-il atterrir un peu? Ce bonhomme d’écriture est ainsi fait, vicieux et retors. Lui se prétend pamphlétaire, un talent de plus! Emmanuel Macron l’a bien cerné qui préfère téléphoner à Bigard, un gilet-jaune comique à la vulgarité consommée.
Et puis voilà qu’Onfray-du-Ventilateur, courant 2020 (coronavirus oblige) se convertit au Souverainisme avec Zemmour (un enfant de l’assimilation, défricheur de l’Histoire, défendeur providentiel de la Nation), se prend d’amitié pour Didier Raoult (un fils de médecin militaire, élevé dans la discipline, sauveur des Français) et change son lance-pierre de main entre deux interviews sur Sud Radio et TV5Monde (Onfray, un fils d’ouvrier promu philosophe, rassembleur de la Gauche, de la Droite et d’Ailleurs) pour nous vendre sa nouvelle revue littéraire intitulée sans imagination: Front Populaire. Sur tous les fronts à la fois, le savant-polémiste-philosophe-écrivain-poète-pamphlétaire-œnologue etc. verse à cette occasion un peu d’eau dans son vin mais presque à contre-cœur, comme un aveu: "Moi j'aime la France, c'est mon pays, ma culture, le judéo-christianisme c'est formidable, je suis athée mais je défends le judéo-christianisme, c'est notre civilisation, ça a rendu possible des bâtiments, des symphonies, des opéras, des écrivains... Sauvons cette France pour rendre possible les Mozart, les Marcel Proust et les ingénieurs de demain".
Quand il faut soigner son image de marque, rallier les regards approbateurs de quelques journalistes dysphasiques acquis à sa faconde, susciter les éloges, mener sa promotion d’une main de maître et surtout vendre sa revue et ses bouquins par dizaines de milliers d’exemplaires - car il ne travaille pas que pour la gloire, contrairement à sa légende -, toutes les stratégies sont bonnes pour monsieur Onfray! Zut… Je m’étais juré de ne plus jamais parler de cet affreux gilet-jaune, ni de Zemmour, Bigard, Sébastien, Enthoven et tous les autres amuseurs multi-médias mais trop tard, le mal est fait! À côté d'eux, Bernard-Henri Lévy est un géant aimable, Charles Péguy est un saint homme et John Muir un sommet inaccessible perdu dans les brumes de la Sierra Nevada. Ah oui... Merde in France.
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