dimanche 26 avril 2020

Journal du Coronavirus: «Le modèle obsolète de la Santé française dématérialisée», dans le blogiblag du 27/04/20 (LJ© 2020).

Notre gouvernement prétend que la crise du Coronavirus est la plus grave jamais connue depuis1929 ! Évidemment, il n’en est rien. Le krach boursier de 1929 à New York a  entraîné une "Grande Dépression" économique qui a duré 10 ans et qui a propulsé Adolf Hitler au pouvoir. La crise «économique et sanitaire» actuelle est un ralentissement général contrôlé avec des effets très différents suivant les pays  les plus touchés et d'autres nombreux plutôt épargnés. En France, pays soumis à une politique d'austérité depuis l'entrée dans la zone euro en 1999, l'envolée de la dette nationale et un enchaînement ininterrompu de catastrophes planétaires dans les années 2000, nos gouvernements successifs ont économisé des bouts de chandelles pour finalement y renoncer début 2020, en pleine pandémie. Ainsi, le gouvernement Macron offre-t-il maintenant des milliards de subsides aux industries aéronautiques et automobiles qui recevront en cadeau plus que leur simple valeur boursière! En fait, l'état accepte un endettement majeur pour protéger temporairement les  deux facteurs de production qui sont le capitale et le travail.  Ne vaudrait-il pas mieux dans ce cas nationaliser ces industries que nous protégeons au prix fort pour les offrir avantageusement aux actionnaires, à moins qu’elles ne soient obsolètes comme le ministère de la Santé? Beaucoup de sociétés françaises ont des participations et les cadeaux profitent aux investisseurs extérieurs. 

Personnellement, je n’ai pris qu’une fois l’avion et je pense que la Santé publique ou privée est prioritaire. Hors, justement, cette crise sanitaire est survenue à cause de l’incapacité à définir des priorités: la Santé serait le parent pauvre de l'Économie. Aujourd’hui encore, le problème est sanitaire mais les centaines de milliards débloqués vont aller en priorité aux industries cotées en bourse, mais aussi aux fonctionnaires, aux militaires, aux pays fournisseurs de biens de consommation, au patronat pouvoyeur de travail, aux investisseurs qui se sentent spoliés, aux assureurs et aux banquiers qui pendant des années prélèveront des frais pour se rembourser de leurs pertes. En proportion, la part qui reviendra aux hôpitaux s’appelle la portion congrue, et ne parlons pas du peuple qui n’est là que pour offrir son travail et rembourser sa dette qui passerait bientôt de 30000 euros par personne au double.

D’abord, on peut entendre le discours du Pr Raoult qui explique que ce genre de pandémie n’est pas la première ni la dernière et qu’elle pouvait s’inverser avec les connaissances des médecins généralistes et l’usage de médications archi-connues qui ont déjà fait leurs preuves. Au lieu de cela, nous avons créé un monstre incontrôlable, une sorte de King Kong enfermé dans les soutes jusqu’à ce qu’il s’évade! Et je ne vous parle pas du dé-confinement à venir… Une fois la bête libérée, un minuscule virus invisible à la descente des avions, les précautions élémentaires d’isolement n’ont pas été tenues et les Français se sont transmis la maladie par des embrassades pendant des évènements sportifs ou religieux, des réunions amicales et familiales, des rassemblements militaires et des réunions scolaires avec des agents transmetteurs aux sourires enfantins.

Après, on peut estimer que le professeur Raoult à tort et que le confinement imposé à la population
par ce gouvernement au taquet a sauvé 60000 vies: voyez, nous n’avons a déplorer officiellement que 23000 décès à ce jour! Hélas, cela aurait pu être dix fois moins «si les investissements allaient de paire avec la qualité des soins».

Mais examinons le cas de l’Allemagne: leur nombre de décès s’est arrêté à 6000, 4 fois moins que la France, et à aucun moment leurs capacités d’hospitalisations ont été dépassées. Pourquoi? Pour un simple problème de gestion qu’ils ont résolu il y a longtemps. Ce qui veut dire que ce qui fut très grave en France ne l’est pas ailleurs! Il faut donc commencer par relativiser. L’Allemagne est affectée principalement dans ses capacités industrielles, mais rien d’insurmontable.

En France, il semble que dans un soucis d’économiser, le personnel soignant travaille en «flux tendu»: comme les grands magasins, les hôpitaux ne gèrent pas de stocks sur place et dépendent de l’approvisionnement régulier et de la bourse pour le prix des denrées périssables. Par exemple, la mode est de ne plus avoir de lits disponibles et que les malades rentrent le plus tôt chez eux pour des soins à domicile. C’est une gestion moderne organisée par des technocrates derrière des ordinateurs. Les commandes et les approvisionnements se font suivant un système fluctuant, au jour le jour. Et donc, nos technocrates ont défini des capacités maximales de lits et de places offertes, par exemple 5000 lits pour les services de réanimation. Et dès que cette capacité est dépassée, les voyants se mettent au rouge, ce qu’ils ont fait tout de suite. Le modèle proposé est tellement faible et instable qu’il devient inopérant à la première crise. Évidemment, une épidémie mondiale doit se gérer en amont et pas en aval pour contenir le nombre de malades en proportion de la capacité d’accueil. C'est ce qu'a fait la Grèce.


Par contre, l’Allemagne disposait dès le départ d’une capacité de 30000 lits rien que pour les malades sous respirateurs artificiels et jamais les hôpitaux n’ont été dans le rouge. De plus, ils ont choisi d’intervenir au plus près de la population en circonscrivant les clusters d’épidémie quand la France a choisi d’attendre que les malades se contaminent entre eux et se déclarent 15 jours après. Les urgentistes ont cru gagner du temps pour s'organiser avant de voir tomber une avalanche de cas graves qui ont saturé toutes les capacités d’accueil… et de pleurer! En plus, les directeurs et les professeurs, à la fois grands pontes et gourous, sont tellement infatués de leurs personnes et les places de médecins dans les hôpitaux sont tellement chères qu’ils n’admettent aucune aide, excepté des petits étudiants bénévoles: «Non, on a pas besoin des conseils de l'Allemagne ou d'ailleurs, ni de la concurrence déloyale du secteur privé, ni des laboratoires, ni des vétérinaires ni des pharmaciens renvoyés à leurs officines pour y fabriquer des onguents. L'hôpital public se suffit à lui-même». Et voilà le résultat!

Les hôpitaux français n’ayant aucun stock et aucune usine répondant à leurs besoins, il dépendent directement des approvisionnements à l’étranger pour les masques, les tests, le matériel de pointe, les médicaments et tous les composants chimiques. Et quand les frontières se ferment, les soignants se désespèrent: on fait quoi? On a plus rien! Envoyez-nous des sacs-poubelles pour nous faire des combinaisons de rechange.

Expliquer que la France n’a que 5000 lits à offrir en réanimation avec l’accompagnement et les traitements nécessaires, c’est comme de dire que nos services d’urgence ont une date de péremption très courte ou plus exactement une «date d’obsolescence programmée». Si de plus les soignants avaient décidé d’exercer leur droit de retrait ou de prendre leurs RTT en retard, les hôpitaux fermaient directement, après en avoir déjà fermé définitivement un grand nombre.

Seulement voilà, les dates d’obsolescence programmée n’ont aucune raison d’être si on considère que les Français contribuent à hauteur de 11% au service de Santé publique, le taux le plus élevé d’Europe. Comme quoi, l’Allemagne fait quatre fois mieux que la France avec moins de subsides. Mais comment est-ce possible? Par quelle erreur de gestion? D’un côté on ferme des hôpitaux pour «travailler en flux tendus», on concentre les moyens, on limite les frais de stockage, on s’approvisionne à bas coûts à l’étranger, on renvoie les malades finir de se soigner chez eux et de l’autre côté on explique que le personnel soignant est obligé de se sacrifier en faisant des miracles! On les applaudit bien fort tous les soirs…

Mais si on regarde de près, 1/3 des frais sont externes aux soins proprement dits, qui vont engraisser des agences régionales de santé obèses et
rémunérer des hauts fonctionnaires inutiles ou incompétents. Si en plus il leur faut louer des bâtiments et rembourser des emprunts, au final les hôpitaux de France sont inadaptés pour répondre aux urgences à venir, qui ne servent qu’à enrichir des opportunistes avec nos impôts, a exploiter des petites mains et à fabriquer de la dette. 

Leur idée de génie: la dématérialisation des services de Santé! C'est pas nouveau, ça remonte à des années. En 2010, quand ils ont chassé Roselyne Bachelot pour organiser la pénurie sous la présidence de Nicolas Sarkozy, c'était déjà la fin des hôpitaux publics en échange d'un modèle de gestion européen. En 2003, sous Chirac, la canicule a fait plus de 15000 morts sans remettre en cause le système défaillant. Hier comme aujourd'hui, les nouveaux médicrates participent à la déliquescence de l'hôpital public: on voit où cela nous mène, droit dans le mur. Même en faisant le cochon pendu, Didier Raoult serait meilleur qu'Agnès Buzyn et Olivier Véran réunis dans le même bureau, c'est dire le sommet d'incompétence atteint par ces deux gestionnaires. Comme l'explique Didier Raoult, on ne dois pas confier les situations d'urgence à ceux qui organisent le train-train quotidien.

Médecine sans humanisme et hôpitaux sans lits et sans matériel ne sont que ruine de l'Assistance publique. Bientôt, avec les questionnaires Apple-Google, les montres connectées et le plug-and-pay, les assistants vocaux organiseront les téléconsultations à domicile: "Ai-je bien répondu à votre problème? Sinon, je peux vous mettre en relation avec un interlocuteur". Les médecins référents seront Allemands ou Espagnols et des robots Américains ou Chinois remplaceront les médecins urgentistes et les chirurgiens. L'hôpital sera réduit à son plus simple appareil: des blocs opératoires et autres salles stériles, des opérateurs sur automates programmables et des distributeurs automatiques approvisionnés par Amazon, et puis des ambulances  et des brancardiers VTC,  des chauffeurs de camions frigorifiques de chez Uber. La comptabilité sera Indienne et le secrétariat Roumain ou Africain. Des comptes-rendus automatiques listeront les périodes d'entretien, les mises à jour, les bugs informatiques et les accidents mécaniques. L'irresponsabilité atteindra des summums. Le voyez-vous venir? René Laennec doit déjà se retourner dans sa tombe, en s'étranglant avec son stéthoscope. Ce jour là, la médecine en France sera morte.

Cela ne vous rappelle-t-il pas d’autres cas similaires d'ubérisation?  Plus généralement, l’État défaillant fabrique de la dette pour payer une armée d’inutiles en Europe comme en France, à commencer par de nombreux militaires (contrairement à l’Allemagne qui du coup à infiniment plus de moyens pour organiser ses services de santé), mais aussi pour soutenir une politique internationale ruineuse (dont des secours à l’Afrique en plus de l'immigration correspondante), pour acheter la paix sociale des banlieues et des territoires d'outre-mer (accessoirement celle des gilets-jaunes qui réclament aussi de l’attention), pour payer des technocrates inopérants, pour traiter des problèmes inventés de toutes pièces pour répondre aux objectifs d'une Europe illusoire et tout cela à prix d’or:  celui d'une dette nationale abyssale et au détriment des priorités de santé publique et de l'équipement des hôpitaux, comme nous venons de le voir. Ce modèle a fait long feu.

Après, il n'y a plus moyen d'investir nul part dans les équipements de proximité, dans les soins en ville comme à la campagne, sans parler de la culture: par exemple, Paris est devenue une gare routière géante pour tourisme de masse et un vomi de voitures et de camions sous une chape de gaz toxiques qui noircissent les rues et les façades. On accuse même les pauvres chiens de salir les trottoirs. Les pickpockets détroussent les voyageurs mais la police sert surtout à verbaliser les riches citadins qui se promènent, soit un million de PV pendant le confinement. La peine est double et la liberté est un leurre. Vivre ici n'a plus vraiment de sens... Voici comment la France se dématérialise un peu plus. 

Autre exemple: on peut aussi citer l’aviation civile qui va passer sous perfusion directe de l’État. Comment expliquer que des avions à l’arrêt, sans consommer de kérosène, coûtent plus cher qu’en vol? Si Air France serait un hôpital (comme l'hôpital des armées du Val de Grace ou l'Hôtel Dieu de Paris), cette compagnie aurait fermé depuis belle lurette. Ce modèle d'entreprise n’est donc pas viable: il est même dangereux pour l’économie française. Et quel besoin artificiel pousse la population à faire tant de voyages aériens: au nom du tourisme et des vacances? S’il est un secteur dont nous devrions savoir nous passer, c’est bien celui-là... Déjà, sans Air France, Renault et tous les autres, depuis un mois nous respirons bien mieux. Vite, revenons sur Terre!

Et puis, merci pour le travail de tous les soignants, mais ce n’est qu’une crise passagère, espérons-le, qui a pris trop d’importance à cause de l’incurie générale et de l’inaptitude à traiter les priorités par des technocrates et autres bureaucrates d’état. Voyez comment ils ont dématérialisé les hôpitaux! Voilà pourquoi votre fille est muette... Oui, merde in France.

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